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Blanche de Castille

(1185 / 1186, à Palencia, en Castille - 1er déembre 1252, à Melun)
Reine de France de 1223 à 1226 - Régente de 1226 à 1235, et de 1244 à 1252
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Biographie universelle ancienne et moderne

      Blanche de Castille, fille du roi Alphonse IX, épouse de Louis VIII, roi de France, et mère de saint Louis, fut amenée en France en l'an 1200, étant à peine dans sa quatorzième année : Louis VIII n'était pas plus âgé qu'elle ; et l'histoire a remarqué qu'ils vécurent ensemble pendant vingt-six ans, sans s'éloigner l'un de l'autre, et sans que leur union eût été altérée un seul instant. Blanche, aussi séduisante par sa beauté qu'étonnante par son esprit et la fermeté de son caractère, prit un grand ascendant sur son époux ; elle assistait avec lui au conseil, le suivait dans ses expéditions militaires, et paraissait tellement née pour dominer que Philippe-Auguste, son beau-père, ne rougissait pas de la consulter, et de céder à ses conseils. L'habitude de se livrer aux affaires dans une cour où les grands vassaux rivalisaient de puissance avec les rois adoucit ce qu'il y avait de trop altier dans la caractère de cette princesse. Sans renoncer à l'austérité de ses principes, elle mit de l'adresse, de la coquetterie même dans sa conduite, et ne négligea aucun moyen permis pour satisfaire ses désirs, tout entiers renfermés dans la prospérité de la France et la gloire de son fils. Elle forma saint Louis, seul monarque qui n'ait été comparé ni à ses prédécesseurs, ni à ceux qui l'ont suivi, et deux fois régente dans des circonstances difficiles, elle assura la tranquillité du royaume.

      Louis VIII étant mort en 1226, Blanche se hâta de faire sacrer Louis IX, l'aîné de ses fils, et s'empara de l'autorité, sans attendre le consentement des grands, dont elle connaissait les dispositions et les projets ; mais, quoique tout se fît par sa volonté, elle crut devoir faire agir et parler son fils comme s'il avait gouverné lui-même ; ainsi, on vit Louis IX, à peine dans sa treizième année, commander les armes et haranguer en public avec toute l'assurance d'un monarque qui aurait vieilli sur le trône. Elle ne donna sa confiance qu'au cardinal Romain, parce qu'étant étranger, il ne pouvait trouver de véritable appui qu'en elle. C'est ainsi qu'Anne d'Autriche, dans des circonstances semblables, accorda une préférénce exclusive au cardinal Mazarin. Les Français ne supportant qu'avec impatience la domination des femmes, on vit bientôt se former un parti des plus puissants seigneurs, dont quelques-uns réclamaient la régence, comme parents du jeune roi ; ils prirent les armes, et essayèrent plusieurs fois d'enlever Louis IX, sachant bien que, s'ils pouvaient s'emparer de sa personne, ils le feraient aisément parler au gré de leurs prétentions. Mais Blanche déconcerta toutes leurs mesures. Disposant des trésors de la couronne, elle assembla une armée ; et, par la promptitude de ses démarches, par sa fermeté et son adresse, elle rompit l'association formée par les seigneurs avant qu'elle eût eu le temps de devenir formidable. Elle fit en personne le siège de Bellesme au Perche, au milieu d'un hiver extrêmement rigoureux, et s'en rendit maîtresse, malgré les efforts du duc de Bretagne, Pierre Mauclerc, soutenu par les Anglais ; elle poursuivit sa condamnation avec la plus grande sévérité, le fit déclarer coupable de lèse-majesté et de félonie, et lui accorda ensuite sa grâce, afin de montrer qu'elle savait aussi bien pardonner que venger les droits du trône. Elle était secrètement servie par Thibaut, comte de Champagne, depuis si longtemps redoutable à la couronne, par l'étendue et la position de ses domaines. Le comte Thibaut poussa la galanterie jusqu'à se plaindre bien plus amèrement des rigueurs de Blanche que de la politique de la régente, qui lui enlevait une partie de son héritage. Dans le temps même où elle prévoyait qu'elle aurait à dissiper une grande faction, elle osait renouveler la guerre contre les Albigeois, guerre qui durait depuis Philippe-Auguste. Elle eut la gloire de la terminer, et maria Louis IX à Marguerite, fille du comte de Provence. La fin de sa régence fut aussi tranquille que le commencement en avait été agité : c'est un rapport de plus entre cette princesse et Anne d'Autriche. Toutes deux furent calomniées par les partis ; toutes deux ont été vengées par l'histoire, et par l'attachement des rois dont elles avaient formé le cœur, et conservé le pouvoir.

      Lorsqu'à la suite d'une maladie violente dont il fut attaqué en 1244, saint Louis fit vœu de marcher à la conquête de la terre sainte, on vit la reine mère employer les larmes, les prières, lui opposer le sentiment des ecclésiastiques les plus respectables, pour l'engager à renoncer à cette résolution. Elle n'ignorait pas cependant que la régence lui serait confiée pendant l'absence du roi ; mais l'ambition de cette princesse était au-dessus de pareils calculs. Trop habile pour ne pas prévoir les suites de cette croisade, la puissance dont elle allait être revêtue lui était moins chère que le bonheur de la France et la présence de son fils. Elle l'accompagna jusqu'à et perdit connaissance en recevant ses adieux ; il semblait qu'un secret pressentiment l'avertit qu'ils ne devaient plus se revoir. De retour à Paris, elle s'occupa de l'administration du royaume avec une assiduité qui ne se démentit jamais ; l'ordre qu'elle mit dans les finances lui permit de rendre moins pesants les malheurs qui accablèrent les Français en Egypte ; l'argent ne manqua jamais au roi. Elle maintint les seigneurs dans le devoir, les étrangers dans le respect des traités ; et, lorsque les paysans se révoltèrent, en apprenant la captivité du roi ; que, sous le nom de pastoureaux, ils se livrèrent aux plus grands excès, Blanche retrouva, pour les soumettre, la même activité qui l'avait distinguée dans sa jeunesse.

      Pour apprécier le mérite de cette reine, il faut lire l'histoire depuis 1223 jusqu'en 1252 ; rien de ce qui s'est passsé en France pendant cet intervalle ne lui a été étranger. Elle était jalouse du crédit qu'elle avait sur l'esprit du roi, jusqu'à l'obliger à cacher une partie de l'attachement que lui inspirait Marguerite, sa femme ; cette jalousie tenait moins à l'ambition qu'à la tendresse qu'elle avait pour un fils dont le mérite flattait à la fois son cœur et sa vanité ; car elle l'avait élevé avec une prédilection particulière ; et, malgré cette tendresse jalouse, elle lui disait souvent : « J'aimerais mieux vous voir mort, que souillé d'un péché mortel. »

      La longue absence de saint Louis, le bruit répandu qu'il voulait se fixer dans la Palestine, lui causèrent une douleur qui contribua à abréger ses jours ; elle mourut à Melun, le 1er décembre 1252, dans la 65ème année de son âge, et fut enterrée à l'abbaye de Maubuisson, qu'elle avait fondée en 1242.  (Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 4 - Pages 416-417)



Dictionnaire M. Bescherelle

Plusieurs reines du nom de Blanche furent célèbres à divers égards, mais aucune n'égala Blanche de Castille, épouse de Louis VIII, reine de France et mère de saint Louis. Fille d'Alphonse IX, roi de Castille, née en 1185, elle épousa, le 23 mai 1200, le prince Louis, fils de Philippe-Auguste. A la mort de ce monarque, Blanche fut saluée reine de France, au sacre de son époux dans la cathédrale de Reims, le 14 juillet 1223. En 1226, elle resta régente du royaume et tutrice de son fils Louis IX ; elle se montra digne de ce double titre par sa fermeté et son intelligence. Lorsqu'elle remit au jeune roi les rênes de l'Etat, la France était tranquille, elle avait su par sa sagesse étouffer la ligue fomentée par la Bretagne et l'Angleterre, apaiser les troubles en Languedoc, calmer l'émeute au sein de l'université de Paris, et secondée par le cardinal de St-Ange, elle avait triomphé de tous les obstacles et pouvait sans crainte, en 1235, remettre la direction du royaume à Louis IX. Quand il partit pour la Palestine, la régence lui fut de nouveau déléguée ; elle mourut le 1er décembre 1252. Ce qui distingue entre toutes Blanche de Castille, c'est d'avoir su être grande reine en restant femme.  M. Bescherelle, aîné, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française - Volume I (A-F) (1856), p. 413.




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