Ebroïn,
maire du palais sous
Clotaire III,
Thierry Ier et
Thierry III, est fameux dans nos
annales par son atrocité. L'
illustre Bathilde lui en imposa quelque temps par l'ascendant de ses
rares qualités ; mais le ministre hypocrite et ambitieux sut bientôt se débarrasser d'une surveillance trop vertueuse pour n'être pas incommode à un méchant.
Devenu maître de tout par la retraite de cette reine, il parut ce qu'il était, un guerrier violent, un ministre perfide, un despote cruel, un ravisseur avide et insatiable, le persécuteur de tous les gens de bien et l'effroi de son maître. Après la mort de Clotaire, il mit Thierry sur le trône ; mais la haine qu'on avait pour le ministre rejaillit sur le roi. On donna la
couronne à
Childéric II, et
Ebroïn fut rasé et confiné dans le
monastère de
Luxeuil. Echappé de sa prison à la mort de Childéric, il forme un parti, fait assassiner Leudesic, que Thierry remonté sur le trône avait créé
maire du palais ; il a l'audace de supposer un fils à
Clotaire III, qu'il fait couronner sous le nom de
Clovis III, ravage, pille et saccage les provinces qui refusent de reconnaître ce fantôme de monarque,
force le faible Thierry à lui remettre la charge de
maire du palais, et exerce mille cruautés sur ses
ennemis. Les
Neustriens, accablés de son joug affreux, désertaient leur pays ; l'
Aquitaine se détacha de la France ; l'
Austrasie refusa de le reconnaître, et se nomma deux
maires du palais, Pépin d'
Héristal et Martin, petit-fils de saint
Arnulphe, qu'il eut le bonheur de vaincre à la bataille de Leucofao.
Enfin un seigneur nommé
Hermenfroi, qu'il menaçait de la mort, après l'avoir dépouillé de ses biens, le tua en 681. Cet homme était très habile dans l'art de nuire. On ne peut lui refuser une activité redoutable, une valeur toujours funeste, et le secret de faire tomber ses
ennemis dans les pièges qu'il leur tendait. S'il eut
saint Ouen pour ami, il persécuta d'autres saints (voyez
Saint Léger).
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 12 - Page 213)