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Constantin le Grand

(272 / 274, à Naïsse - 02 mai 337, à Ancyrona, prè de Nicomédie)
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      Constantin (Caïus Flavius Valerius Aurelius Claudis), dit le Grand, empereur, naquit en 272, suivant quelques historiens, et, selon d'autres, en 274. On est aussi peu d'accord sur le lieu de sa naissance, sur l'origine de sa mère Hélène, et sur les détails qui concernent les premières années de ce prince, on peut même ajouter, sur les dates, les causes et les circonstances des principaux faits de ce règne, que ses nombreux historiens ont rapportés diversement, d'après leurs opinions particulières. On regarde comme assez certain que Constantin reçut le jour à Naïsse, ville de Dardanie ; qu'Hélène, sa mère, était d'une naissance obscure, et que Constance-Chlore, père de Constantin, fut forcé de la répudier, lorsqu'il fut nommé césar avec Galère, par les empereurs Dioclétien et Maximien. Constance épousa Théodora, belle-fille du dernier, et Constantin son fils fut remis en otage entre les mains de Dioclétien, qui le traita d'abord avec bienveillance, et lui fournit plusieurs occasions de se distinguer. Constantin, à peine âgé de dix-neuf ans, le suivit en Egypte où Achillée s'était révolté. Les vertus et les talents du jeune prince parurent avec tant d'éclat, qu'il devint bientôt l'amour et l'espérande des Romains et l'objet de la jalousie des empereurs et des autres césars ; et, lorsqu'après l'abdication de Dioclétien, Constance et Galère prirent le titre d'augustes, le dernier ne voulut jamais consentir à donner celui de césar au fils de son collègue ; il le retint même auprès de lui, malgré les demandes réitérées de Constance, et Constantin se vit à chaque instant entouré de pièges et chargé des ordres les plus périlleux. Mais déjà le ciel semblait avoir choisi ce prince pour renouveler la face du monde, et les historiens lui font accumuler les prodiges : comme Hercule, il abat un lion furieux ; comme David, il terrasse un barbare d'une taille gigantesque ; il traverse à cheval un marais sans fond ; enfin, son adresse, son courage, sa prudence et sa fermeté le tirent des mains de Galère.

      Il traverse l'Europe entière, et rejoint son père à l'instant où ce prince s'embarquait pour porter ses armes dans la Grande-Bretagne. Constance, victorieux des Pictes, mourut à York en 306, après avoir désigné Constantin pour son successeur, au préjudice des enfants de Théodora. L'armée applaudit à ce choix, que Galère n'apprit qu'avec fureur ; mais, obligé de ménager Constantin, il ne put lui refuser le titre de césar. Le premier usage que celui-ci fit de son pouvoir fut d'accorder aux chrétiens, déjà très nombreux dans l'empire, le libre exercice de leur religon. Il s'occupa ensuite de délivrer la Gaule des incursions des Francs. Deux de leurs rois, nomme Ragase et Ascaric, furent pris et livrés aux bêtes ; un grand nombre de prisonniers furent égorgés, et la rigueur que Constantin déploya dans cette occasion ne peut être justifiée que par des raisons politiques sur lesquelles l'humanité gémit sua film. Cependant, tout l'Occident se préparait à reconnaître la puissance du nouvau césar, et Rome, opprimée par les satellites de Galère, s'agitait sourdement. Maxence, fils de Maximien et gendre de Galère, profita de cette agitation secrète pour reprendre le rang dont ses vices obscurs l'avaient écarte. Il se servit du crédit et du nom de son père et de la haine qu'on portait à Galère, pour faire déclarer l'Italie en sa propre faveur. Maximien reprit le titre d'empereur, et passa dans la Gaule pour offrir à Constantin la main de sa fille Fausta. Constantin avait été marié, vers le temps de son voyage en Egypte. avec Minervine, dont il avait eu un fils nommé Crispus ; elle n'existait plus, et Constantin, qui s'était fait déclarer auguste, devint le gendre de Maximien. Ce dernier, s'étant brouillé avec son fils Maxence, se réfugia dans la Gaule ; Constantin l'y reçut avec déférence, et lui accorda les honneurs, mais non le titre d'empereur. Peu de temps après, en 309, Maximien, voyant son gendre engagé dans une expédition contre les Francs, voulut profiter de son absence pour ressaisir le rang suprême, et se fit couronner dans la ville d'Arles. A cette nouvelle, Constantin quitte les bords du Rhin, embarque se meilleures troupes sur la Saône, descend cette rivière et ensuite le Rhône avec rapidité. Maximien effrayé s'était sauvé à Marseille. Constantin l'y poursuit, surprend la ville, et se contente de dépouiller de la poupre son perfide beau-père ; mais le vieil empereur, désespéré de voir échouer ses projets, forma le dessein d'assassiner Constantin, et voulut faire entrer Fausta dans le complot. Celle-ci feignit de servir son père contre son époux, et prévint Constantin, qui fit placer dans son lit un esclave que Maximien trompé vint lui-même poignarder. L'empereur parut à l'instant environné de ses gardes, et Maximien, ne pouvant excuser ni faire pardonner son crime, fut condamné à s'étrangler de ses propres mains. Constantin, maître de la Gaule, embellit Trèves, où il faisait sa résidence ordinaire, et remporta plusieurs victoires sur les peuples de la rive droite du Rhin. Tandis qu'une partie de l'Occident respirait sous l'empire de Constantin, l'Orient gémissait sous la tyrannie de Maximin, qui avait partagé avec Licinius les départements soumis à Galère, et l'Italie et l'Afrique étaient en proie aux fureurs, aux rapines de Maxence. Les principales villes de l'empire étaient baignées du sang des martyrs. Constantin, appelé par les voeux secrets des Romains, et instruit de la haine que lui portait Maxence, résolut de le prévenir, et se prépara à passer en Italie à la tête de toute ses forces. Il s'assura d'abord de l'alliance ou plutôt de la neutralité de Licinius ; Maxence, de son côté, se lia secrètement avec Maximin. Cependant Constantin, tourmenté des craintes les plus vives sur les résultats de la grande querelle dans laquelle il s'engageait, voulut interroger les volontés du ciel ; les dieux des païens furent muets ; les aruspices menacèrent. Constantin penchait intérieurement pour la foi chrétienne ; tout à coup il aperçut dans les airs le signe sacré de cette religion, entouré de ces mots tracés en lettres de feu, In hoc signo vinces. Ce miracle, que quelques auteurs ont contesté, frappa toute l'armée et la remplit d'étonnement. Constantin adopta pour étendard, sous le nom de labarum, le signe merveilleux qui lui promettait la victoire ; la garde en fut confiée aux plus braves de l'armée. L'empereur, sa mère Hélène, son fils Crispus, et sa sœur Constantia, qui venait d'être fiancée à Licinius, se firent instruire dans la doctrine des chrétiens, et, dès le commencement de l'année suivante, 312, Constantin, plein de la confiance des braves, et du zèle des néophytes, passa les Alpes, s'empara de Suze, écrasa, dans les plaines de Turin, l'armée que Maxence avait envoyée contre lui, prit Milan, gagna une seconde bataille près de Vérone, et pénétra jusqu'à deux milles de Rome, au pont Milvius, aujourd'hui Ponte-Mole. Maxence, qui jusque-là célébrait dans Rome des triomphes imaginaires, avait suspendu leurs pompes, ses orgies et ses cruautés, et s'était avancé au-devant de son rival, qu'il attendait sur les bords du Tibre, à quelque distance au-dessus du Ponte-Mole. Il avait fait construire un pont de bateaux sur le fleuve pour faciliter sa retaite. Constantin eut bientôt enfoncé une armée nombreuse, mais fatiguée du joug d'un tyran ; tout plia, et prit la fuite dans un désordre affreux. Les fuyards s'entassaient sur le pont ; Maxence lui-même le traversait, enveloppé d'une foule de ses gens, lorsque les bateaux s'abîmèrent sous le poids ; Maxence fut englouti, et le lendemain son cadavre fut trouvé dans la vase. Les Romains reçurent le vainqueur en triomphe. Constantin ne monta point au Capitole pour rendre grâces à Jupiter, et cepenant il accepta le titre de souverain pontife, usage qui fut encore pratiqué par quelques-uns de ses successeurs. L'Afrique et les provinces reconnurent le nouvel empereur, qui s'occupa sur-le-champ de tout ce qui pouvait assurer la stabilité et le bonheur de son empire. Il rétablit les monuments et les décora, autant que le permettre l'état des arts, déjà totalement corrompus à cette époque ; il cassa la garde prétorienne, tant de fois funeste à l'autorité, rétablit la justice, les mœurs et la police, releva les fortunes particulières par ses bienfaits, ranima l'activité dans toutes les classes, promulgua des lois et des règlements utiles, réforma le calendrier, mit en usage les indictions, période de quinze années encore employée aujourd'hui dans l'Eglise de Rome, mais avec quelques modifications. La religion qu'il venait d'embrasser fut également l'objet de ses soins ; il fonda plusieurs basiliques, obtint de Licinius et de Maximin le libre exercice du christianisme dans leurs Etats, et s'occupa de pacifier l'Eglise d'Afrique, déchirée par le schisme des donatistes. Ce fut à cette occasion qu'il fit assembler à Arles, en 314, un concile des évêques d'Occident. Cependant Licinius, qui l'année précédente, avait vaincu Maximin et l'avait réduit à se donner la mort, conçut une jalousie extrême de l'élévation et de la renommée de Constantin. Il chercha les moyens de l'irriter en persécutant les chrétiens. Constantin vola aussitôt à leur secours ; il gagna une première bataille à Cibales en Pannonie ; une seconde, livrée en Thrace près de Mardie, n'eut point de résultat, mais Licinius effrayé demanda la paix : le prix qu'y mit Constantin fut la cession de l'Illyrie et de la Grèce, et la déposition du césar Valens, que Licinius avait nommé après la bataille de Cibales. De nouveaux règlements, la promulgation des décennales, et les débats sans cesse renaissants des donatistes occupèrent Constantin toute l'année suivante. Il fit cependant quelques expéditions contre les Goths et les Sarmates qui paraissaient sur les bords du Danube. En 317, il fit nommer césars son fils Crispus et le fils de Licinius. L'éducation de Crispus fut confiée au célèbre Lactance, nommé depuis le Cicéron de la chrétienté, et le jeune prince, en 321, battit les Francs, qui de nouveau s'étaient montrés sur les frontières de la Gaule. Constantin, de son côté, repoussa les barbares dans la Thrace et dans la Mœsie. Licinius en conçut de l'ombrage, et ralluma la guerre en 323. Les deux princes se rencontrèrent à Andrinople (3 juillet). La bataille fut sanglante. Licinius y perdit son armée, et Constantin y fut blessé à la cuisse. Crispus remporta bientôt après une bataille navale dans le détroit de Galipoll. Licinius, retiré à Chalcédoine, parut fléchir, et feignit de demander la paix, pour avoir le temps de rassembler de nouvelles troupes, à la tête desquelles il vint attaquer Constantin à Chrysopolis, en face de Byzance ; il fut battu de nouveau, et s'enfuit à Nicomédie. Constantin, maître de Byzance et de Chalcédoine, poursuivit son rival ; celui-ci ne vit plus de ressource que dans la médiation de sa femme Constantia, sœur de l'empereur ; cette princesse obtint pour le vaincu la permission de vivre tranquille à Thessalonique ; mais, soit que Licinius eût ourdi de nouvelles intrigues, soit que Constantin n'eût consulté dans cette occasion que le désir de la vengeance, ou les conseils de la politique, le prince détrôné fut mis à mort peu de temps après ; et c'est encore un de ces faits sur lesquels les historiens ne sont pas d'accord, et qu'ils présentent sous des rapports entièrement opposés.

      Constantin se montra moins rigoureux en matière de religion qu'il ne l'avait été en matière de politique. L'Eglise et l'empire éprouvaient de nouveaux troubles par l'hérésie d'Arius. Quelques-uns de ses sectateurs, furieux de ce que l'empereur n'embrassait pas leurs opinions, lapidèrent ses statues ; Constantin, auquel on rapporta l'affaire de manière à l'irriter, se contenta de sourire en passant la main sur son visage en en assurant qu'il n'avait point été blessé. Il convoqua en 325 un concile général à Nicée ; Arius et ses sectateurs y furent frappés d'anathème. Constantin les exila, et les évêques orthodoxes fixèrent irrévocablement les bases de la foi chrétienne, en dressant cette fameuse profession qu'on appelle le symbole de Nicée.

      Cependant Constantin, occupé de rétablir l'ordre et la paix dans l'empire et dans l'Eglise, allait flétrir sa gloire en n'écoutant que sa violence et une excessive sévérité dans le gouvernement de sa propre famille. Son fils Crispus, dont les belles qualités faisaient l'espoir de l'empire et l'orgueil de sa maison, fut tout à coup accusé par sa belle-mère Fausta, d'avoir osé lui montrer une passion incestueuse. On ignore si ce fut l'envie ou l'amour méprisé quil porta cette nouvelle Phèdre à une démarche si fatale. Constantin fit trancher la tête à Crispus ; mais à peine le coup fut-il porté, qu'il en sentit toute l'horreur. Les reproches de sa mère Hélène vinrent augmenter ses remords, et ils furent à leur comble lorsqu'on lui découvrit les désordres publics de Fausta et son infâme calomnie. Dans l'égarement de la colère, il fit étouffer dans une étuve sa coupable épouse. Plusieurs personnages marquants furent aussi mis à mort, et Rome put croire un moment que Constantin allait marcher de cruautés en cruautés : car ce fut à la même époque qu'il fit périr le jeune fils de Licinius, à peine âgé de 12 ans. Les clameurs des Romains vinrent à ses oreilles ; ils lui prodiguèrent les insultes. On voulut l'exciter à un massacre général ; mais il rejeta ce conseil, et chercha à regagner, par la douceur, des cœurs aigris.

      Cependant le souvenir de ces scènes sanglantes augment ale dégoût qu'il avait conçu pour le séjour de Rome. Il quitta cette ville, pour n'y plus revenir, à la fin de septembre de la même année, et partit pour la Pannonie. Ce fut l'année suivante qu'Hélène, mère de l'empereur, entreprit le voyage de la Palestine, dans la vue de trouver la croix de Jésus-Christ, et de rendre à ces lieux, berceau du christianisme, l'éclat dont les persécutions des empereurs et les cérémonies du paganisme les avaient privés. Constantin seconda le zèle et la piété de sa mère, et lui prêta son autorité pour diminuer l'influence des superstitions païennes ; il lui prodigua ses trésors, pour donner plus de magnificence aux pieuses fondations dont elle couvrit la Judée. Mais à peine eut-elle rejoint Constantin, auquel elle rapportait les restes de la croix, qu'elle mourut entre ses bras. Il lui rendit les plus grands honneurs, et voulut que des monuments multipliés, une ville entière et de nombreuses médailles conservassent la mémoire et le nom de cette princesse ; il crut l'honorer encore plus en poursuivant avec zèle les restes de l'idolâtrie dans l'Orient. Il fit fermet ou détruire les temples les plus renommés par le concours des peuples et par l'obsécinté de leurs mystères ; tels étaient le temple d'Aphaqu, sur un des sommets du Liban, dédié à Vénus et Adonis, et le temple de Sérapis en Egypte. Constantin mit tant de prudence et de modération dans les mesures qu'il prit pour éteindre l'idolâtrie, qu'il ne donna pas au paganisme l'honneur de compter des martyrs. Cependant les changements qu'il apportait dans les mœurs, dans la religion et dans les lois de l'empire ne lui semblèrent pas encore suffisants, et déjà, depuis plusiuers années, il méditait de transférer dans l'Orient la résidence des empereurs et le centre du gouvernement. On n'a que des conjectures sur les motifs qui le déterminèrent à cette translation ; les uns l'ont attribuée à l'éloignement que les malheurs de sa famille et ses propres violences lui donnèrent pour Rome ; d'autres,à l'attachement que cette ville et ses habitants témoignaient pour le paganisme. On prétend, avec plus de raison que Constantin désespéra de réformer un peuple amolli, que les cruautés, le luxe et les débauches de ses tyrans avaient conduit au dernier degré de corruption, et qui n'avait d'ardeur et d'énergie que pour les jeux publics. Il est probable aussi que ce prince, qui avait commencé par régner en Occident, avait pu s'apercevoir de l'affaiblissement de cette partie de l'empire et de la chute rapide dont elle était menacée, soit par des incursions prochaines des barbabres, soit par le délabrement général, et qu'il ne vit d'autre moyen de prolonger la puissance romaine que de la transférer tout entière au centre de ses possessions et dans un pays en quelque sorte nouveau, ou moins fatigué par le poids du pouvoir et par les secousses qu'il entraîne à sa suite. La durée qu'eut ce nouvel empire, qui ne fut anéanti qu'après plus de dix siècles, peut servir à justifier la politique de Constantin dans cette occasion. Il suffit d'avoir entendu parler de la situation de Constantinople pour admirer le choix que fit de l'ancienne et peu importante ville de Byzance, lorsqu'il la destina à devenir la première ville du monde, et à recueilir les restes de la magnificence et des arts des Grecs et des Romains. Il paraît qu'il avait songé d'abord à relever les ruines de Troie ; mais les avantages réels de Byzance l'emportèrent sur les souvenirs poétiques d'Ilion. On vit s'élever avec une promptitude étaonnante, dans une enceinte immense, des bâtiments de toute espèce, des places publiques, des fontaines, un cirque, des palais, de vastes citernes, des marchés. Il paraît que ces monuments furent construits avec plus de somptuosité que de goût, avec plus d'étendue que de solidité. La dédicace de la nouvelle Rome eut lieu le 11 mai 330 ; les solennités durèrent quarante jours. Constantin ne prodigua point les inscriptions en son honneur ; il blâmait Trajan d'avoir eu cet orgueil, et l'appelait le pariétaire, parce que le nom de cet empereur se lisait sur toutes les murailles ; mais un autre orgueil, non moins onéreux à l'Etat, marqua cette époque, et ne fit que s'accroître sous les successeurs de Constantin : ce fut celui des charges et des titres, et en fin la somptuosité dans les habits et dans les solennités : un luxe insensé prit la place des arts. Quelque temps auparavant, Constantin avait vu mourir dans ses bras sa soeur Constantia, veuve de Licinius ; elle lui demanda, en mourant, d'accorder sa protection et sa confiance à un prêtre arien, d'un esprit insinuant et dangeureux. L'empereur se l'attacha, et bientôt cet homme obtint le rappel d'Arius, qui présenta une justification en termes équivoques, dont Constantin fut la dupe, mais que les évêques othodoxes, et entre autres saint Athanase, évêque d'Alexandrie, refusèrent de reconnaître. Ce vertueux prélat fut persécuté par les ariens, et exilé à Trèves.

      Cependant d'autres points avaient occupé Constantin, et en 332, son fils Constantin le jeune battit les Goths, et força Ariaric, leur roi, à donner des otages. Les Sarmates, qui voulurent secourir les goths, furent défaits et soumis. L'an 335 fut marqué par une famine qui désola tout l'Orient ; Constantin envoya du blé aux évêques pour le distribuer aux pauvres. Les peuples de l'Ethiopie et de l'Inde, les ambassadeurs de Sapor, roi de Perse, vinrent la même année rendre hommage à sa puissance et à sa sagesse. En 335, Constantin, soit qu'il crût le fardeau de l'empire trop lourd pour une seule tête, soit qu'il vraignît les divisions qui pourraient s'élever après lui, partagea l'empire entre ses trois fils et ses deux neveux ; il assigna les Gaules, l'Espagne et la Grande-Bretagne à Constantin l'aîné ; à Constance le second, l'Asie, la Syrie et l'Egypte ; à Constant le dernier, l'Illyrie, l'Italie et l'Afrique ; à Delmace, un de ses neveux, la Thrace, la Macédoine et l'Achaïe ; à Annibalien, l'Arménie, le Pont et la Cappadoce.

      Cependant, en 337, Sapor, roi de Perse, réclama cinq provinces cédées aux Romains quarante ans auparavant par un de ses prédécesseurs. Constantin, chez qui l'âge n'avai ps abattu le courage, passa en Asie pour se mettre à la tête de ses troupes, et porter lui-même sa réponse à Sapor ; mais il tomba malade près de Nicomédie, et sentit sa fin approcher. Il ordonna, avant de mourir, le rappel d'Athanase et des évêques contre lesquels les ariens avait excité son ressentiment, et, suivant l'usage de ces temps, il se fit administrer le baptême, remit son testament à ce prêtre arien dont on a parlé, et mourut le 02 mai 337, à l'âge de 63 ou 65 ans, après un règne de 31 ans. Tout l'empire se livra à la plus vive douleur ; Constance, celui de ses fils qui se trouvait le moins éloigné, accourut à Constantinople pour lui rendre les drniers honneurs. Il fut enterré avec pompe dans l'église des Apôtres. Depuis, son tombeau fut déplacé différentes fois : un voyageur du XVIème siècle croit en avoir vu les débris à Constantinople. Les païens firent un dieu de ce prince, les chrétiens le révérèrent comme un saint : ses grandes qualités étaient dignes du moins d'immortaliser son nom ; mais on a blâmé avec raison quelques actions indignes d'un chrétien et d'un grand homme, et plusieurs actes impolitiques, tels que le partage de l'empire entre ses successeurs.

      Des écrivains ennemis du christianisme, et entre autres Voltaire, se sont attachés à déprimer toutes les actions de Constantin ; ils ont voulu le présenter comme un prince faible, superstitieux, cruel, imprévoyant, dont le règne ne peut être considéré comme une grande époque historique. Il suffit de penser que Constantin réunit sous sa domination autant de provinces qu'Auguste et que Trajan ; qu'il en a renouvelé totalement les mœurs, les lois et les usgaes ; qu'il a transféré le siège du pouvoir d'Occident en Orient ; qu'il a substitué, sans secousses, la religion sévère des chrétiens aux rites relâchés de l'idolâtrie ; qu'à partir de ce moment, d'autres vertus d'autres vices peut-être, devinrent le partage de l'humanité ; que les liens de famille, l'action du pouvoir, les relations des peuples prirent un autre caractère, et qu'enfin les arts, la littérature reçurent une autre impulsion, pour convenir que son règne et son nom semblent partager l'histoire du monde en deux parts immenses. Le goût que ce prince montra pour les arts, la magnificence et les lettres, fut sans doute mauvais et corrompu ; mais cette corruption existait avant lui. En effet, lorsque Constantin, après ses premières victoires en Italie, voulut faire bâtir l'arc qui existe encore à Rome, il ne trouva de moyen pour l'orner de sculptures passables que de dépouiller d'autres monuments de leurs bas-reliefs ; et les sculptures que les artistes contemporains y ajoutèrent étaient déjà de la dernière barbarie.

      Constantin était d'une belle figure, d'une taille majestueuse, d'un esprit vif et pénétrant ; la douceur de ses manières et sa libéralité gagnaient tous les cœurs. Sa prudence, son bonheur et son génie rendaient toutes ses entreprises aussi nobles qu'étendues ; il aimait la justice, mais il se prévenait avec trop de facilité pour des hommes qui savaient l'éblouir. Son goût pour la magnificence était outré ; toutefois on doit le louer d'avoir éparé et embelli les principales villes de l'empire, depuis la Gaule jusqu'au fond de l'Asie. Constantin laissa, outre ses trois fils, deux filles, Constantina, qui épousa d'abord Annibalien et ensuite Gallus, et Hélène, femme de Julien l'Apostat. On en ajoute une troisième sans aucun fondement. Les médailles de cet empereur sont nombreuses en tous métaux. Eusèbe de Césarée a écrit la vie de Constantin ; le jésuite Mambrun a composé un poème latin intitulé : Constantinus, sive Idololatria debellata ; J. Vogt a publié, sous le titre d'Historia litteraria Constantini magni (Hambourg, 1720, in-8° de 68 pages), une bibliographie raisonnée et fort curieuse de 180 auteurs qui ont écrit sur Constantin le Grand.  (Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 9 - Pages 85-89)




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