
Dagobert Ier, roi de France, fils de
Clotaire II et Haldétrude, né vers l'an 600, fut fait roi d'
Austrasie du vivant de son père, en 622, et disputa contre ce prince pour obtenir quelques provinces qui faisaient partie de ce royaume, et qui ne lui avaient pas d'abord été accordées.
Clotaire II ne voulut pour arbitres de ce différend que les seigneurs de sa cour, et se conforma à leur décision ; c'était un moyen assuré d'intéresser les grands à maintenir le
jugement qui serait porté, et d'enlever à son fils tout prétexte de révolte. Les rois alors se soumettaient volontiers à l'arbitrage des principaux personnages de l'Etat, et les appelaient pour garant des traités qu'ils contractaient afin de se les attacher davantage. A la mort de
Clotaire II, Dagobert ne négligea rien pour exclure de tout partage son
frère Charibert, et fit assassiner Bernulfe, son oncle maternel, qui avait cherché à appuyer les droits de son rival, auquel il fut cependant obligé de céder l'
Aquitaine : mais Charibert étant mort en ne laissant qu'un fils qui lui survécut à peine, Dagobert se trouva maître de toute la France ; et, comme ses première démarches avaient montré l'impatience où il était de régner seul, on le rendit responsable d'un événement qui servait aussi bien son ambition. On lui imputa la mort du père et du fils : cette accusation est restée sans preuves. La facilité avec laquelle les Français consentirent à borner à l'
Aquitaine la part du jeune Charibert, ne prouve pas qu'ils eussent
senti l'inconvénient de morceler sans cesse l'héritage de Clovis,
mais que la puissance des
maires du palais, dans chaque royaume, était
si grande, qu'il leur devenait avantageux de n'avoir qu'un roi dont l'éloignement
favorisait leurs projets. La conduite de Dagobert, dans les premières années de son règne lui attira l'
amour de ses sujets ; tout le bien qu'il fit fut attribué à ses ministres, Cunibert,
évêque de
Cologne,
et Arnoul,
évêque de
Metz, quand, après la retraite du dernier,
on le vit se livrer à la débauche, changer de femme, sans respect
pour la
religion, dont il blessait la morale alors même qu'il enrichissait
les
églises. Il fit la guerre contre les
Esclavons, les Gascons et les peuples de la
Bretagne. La première de ces guerres ne fut pas heureuse, car les Austrasiens, mécontents d'être gourvernés par un roi qui n'habitait pas au milieu d'eux, et qui retenait auprès de sa personne Pépin, leur
maire du palais, se vengèrent, en lâchant le pied sur le champ de bataille. Afin de les exciter à mieux servir la cause générale, il leur donna pour roi son fils Sigebert, encore
enfant ; ils n'en demandaient pas davantage, le roi mineur avait le titre ; mais tous les grands reprenant leur place au conseil, leurs charges à la cour, les obstacles au rassemblement des hommes armés cessèrent aussitôt, et la guerre reprit avec ardeur. L'événement justifia encore cette fois les raisons politiques du partage de la France en plusieurs royaumes, car les
Esclavons furent battus, et le furent par les Austrasiens. Dagobert ne jouit pas longtemps de la paix générale qu'il avait procurée à la France ; il mourut à Epinai, des suites d'une dyssenterie, le 19
janvier 638, à l'âge de 36 ans et fut enterré à l'
abbaye de St-Denis, dont il est considéré comme le fondateur, à cause des grandes libéralités qu'il lui a faites. Il laissa deux fils, Sigebert, roi d'
Austrasie, âgé de neuf ans, et
Clovis II, roi de
Neustrie, âgé de cinq ans. La France, sous ces deux rois mineurs, va, de nouveau, se trouver gouvernée par des
maires du palais ; les événements semblaient s'arranger pour que la puissance de ces chefs de l'armée s'établit peu à peu dans l'
esprit des Français, comme le supplément nécessaire de la puissance royale. Dagobert mourut regretté, malgré ses débauches et son
goût pour le luxe, qui l'engageait à multiplier les impôts. Il porta ce
goût si loin qu'il s'était fait faire un trône d'or massif, dont la matière provenait du commerce extérieur qui prit quelque activité sous son règne. Il eut
successivement cinq femmes et un grand nombre de concubines. Parmi les cruautés
dont son règne fut souillé, le meutre des Bulgares est la plus remarquable.
Ces peuples, fuyant devant les
Huns, furent d'abord accueillis par Dagobert, qui,
craignant ensuite qu'ils ne se rendissent maîtres du pays qu'il leur avait cédé, les fit égorger dans une même nuit, au nombre de 10.000 familles. Il avait montré, dans le commencement de son règne, qu'il cédait à des conseils vertueux ; les passions auxquelles il se livra ensuite n'avaient point triomphé sans combat ; il approchait de l'âge mûr, cherchait et récompensait le mérite ; il avait de l'instruction, un
esprit aimable ; il aimait les arts, avait procuré à la France une paix glorieuse, et tout annonce que s'il eût vécu plus longtemps, la fin de son règne eût fait oublier les malheurs des premières années.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 10 - Pages 10-11)