Berthe, ou
Bertrade, fille de Caribert, comte de
Laon, fut surnommée
Berthe au grand pied, parce qu'elle en avait un plus grand que l'autre. Elle épousa
Pépin le Bref. Lorsque ce prince reçut à
Soissons la
couronne, en 751, Berthe fut élevée avec lui sur le trône, nouveauté imaginée sans doute pour rendre cette inauguration plus mémorable, ou dans la
vue d'
inspirer aux peuples plus de respect pour les
enfants qu'il avait eus de cette princesse avant d'être proclamé roi.
Berthe avait un caractère doux et affable ; compagne de son
époux dans ses voyages et ses expéditions, elle lui servit souvent de conseil. Personne ne tenait avec plus de dignité une cour splendide, ne savait mieux y attirer les grands et les attacher à un gouvernement nouveau. Quelques écrivains reprochent à Pépin d'avoir eu le dessein de répudier cette estimable princesse, et de n'avoir été arrêté que par les remontrances du pape
Etienne III.
Berthe fut mère de six
enfants : Charles et Carloman, à qui leur père, avant de mourir, assura une monarchie indépendante ;
Gilles, qui se fit moine dans le
monastère où l'on avait envoyé pour être élevé ; enfin, trois filles, dont deux furent
religieuses, et la dernière, mariée à Milan, comte d'
Angers, fut mère de Roland, si célèbre dans les romans de chevalerie. Après la mort de Pépin, en 769, Berthe conserva une grande
influence sous les rois d'
Austrasie et de
Neustrie, ses
enfants. Il ne fallut pas moins que son adresse et l'attachement qu'ils lui portaient pour empêcher leur mésintelligence d'éclater ; il est fâcheux que la preuve de son ascendant sur eux et de son habileté offre un scandale de plus à l'
histoire des nations.
Didier, roi de Lombardie, redoutant le jeune roi Charles, déjà vainqueur de l'
Aquitaine, forma le projet de lui faire
épouser une de ses filles : ce prince était marié à Hémiltrude, dont il avait un fils. Berthe sut décider Charles à répudier sa femme, et partit pour l'Italie : elle fut reçue à Rome avec des honneurs extraordinaires, parvint à persuader ou du moins à désarmer le pape Etienne, à qui elle fit rendre par Didier plusieurs places dont il s'était emparé ; amena en France la fille du roi de Lombardie, et réussit ainsi à réunir tous les
esprits et à assurer la paix entre ses
enfants, du moins pour un temps. Depuis cette époque de 770, l'
histoire ne fait plus mention de la reine Berthe, jusqu'en 783 où elle mourut à
Choisy, dans un âge avancé ; elle fut enterrée à St-Denis, auprès de son
époux.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 4 - Page 124)