Biographie universelle ancienne et moderne Magnence (Flavius Magnentius Augustus), tyran, était né vers l'an 303, dans la Germanie, de parents obscurs
(1). Il fut conduit fort jeune prisonnier dans les Gaules, et, ayant embrassé la profession des armes, il parvint rapidement aux premières dignités militaires. Il avait de la valeur, aimait les lettres et parlait avec éloquence ; il était d'ailleurs dissimulé, cruel, avare et ambitieux. Le christianisme n'avait point
adouci ses murs, ni affaibli les idées superstitieuses que lui avait inspirées, dans son enfance, sa mère, dont le métier était de prédire l'avenir.
Magnence, promu au rang de capitaine des gardes de l'empereur Constant, sougea bientôt à franchir l'intervalle qui le séparait du trône ; il fit part de son projet au comte Marcellin, intendant des finances, et l'amena facilement à ses
vues. Marcellin persuada les soldats qu'il était de leur intérêt de n'obéir qu'à un prince actif et vigilant ; lorsqu'il crut les
esprits bien préparés, sous le prétexte de célébrer la naissance de son fils, il donna une fête aux personnages les plus distingués de la cour, qui était alors à
Autun. Le repas fut prolongé avec adresse bien avant dans la nuit. Tout à coup
Magnence, qui avait feint de se retirer, parut au milieu des convives revêtu de la pourpre et du
diadème, et accompagné de ses gardes ; aussitôt mille cris le proclament empereur ; et tous ceux qui étaient présents, effrayés de ses menaces ou séduits par ses promesses, confirment son élection.
Magnence donne à l'instant l'ordre de
fermer les portes de la ville et de massacrer Constant
(2). Le malheureux prince, averti à temps du danger, fuyait déjà vers l'Espagne ; mais il fut atteint avant d'avoir passé les
Pyrénées, et périt sous les coups des assassins.
Magnence, maître de l'empire, songe à raffermir son autorité ; il s'allie avec Vétranien, gouverneur de l'
Illyrie, et dont ses soldats avaient fait malgré lui un nouveau César. Il crée Marcellin grand maître du palais, et lui donne le commandement des troupes qu'il envoie contre
Népotien, qui s'était emparé de Rome ; il suit bientôt après son heureux lieutenant dans l'ancienne capitale du monde, fait massacrer les principaux citoyens, dont il confisque les biens, et
force les autres à racheter leur vie en versant au trésor la moitié de leur fortune ; et cependant, au milieu des massacres et des proscriptions, le peuple lui prodigue les titres de libérateur de Rome et de l'empire, de restaurateur de la
liberté. Il crée Césars ses deux
frères, Décence et Desiderius, et donne au premier le commandement des
légions italiennes dans les Gaules (Voyez
Décence). Il pousse l'audace jusqu'à envoyer des ambassadeurs à Constance, retenu en Orient par la guerre contre les Perses, et il lui propose une alliance avec le meurtrier de son
frère. Constance rejeta cette proposition avec horreur ; et
Magnence, ne pouvant pas méconnaître ses intentions, se disposa à la guerre. Il rassembla une armée considérable, et marcha
au-devant de Constance, sur lequel il remporta d'abord quelques avantages. Les
deux armées en vinrent aux mains près de Murse sur la Drave, dans
l'
Illyrie ; la bataille fut longue et sanglante ;
Magnence y fit des prodiges
de valeur ; mais enfin la fortune se déclara contre lui, et il fut obligé
de se retirer. On dit que cette victoire coûta aux Romains plus de 50.000
hommes de leurs meilleures troupes, et que cette perte, qu'ils ne purent jamais
réparer, facilita les
invasions des barbares.
Magnence, ayant rassemblé les débris de son
armée, passa en Italie ; mais les peuples ayant pris parti contre lui, il se retira dans les Gaules. Atteint par les généraux de Constance dans les défilés des Alpes, il y éprouva une nouvelle défaite, et s'enfuit à
Lyon.
Voyant ses affaires désespérées, et craignant que ses soldats ne le livrassent au vainqueur avec sa famille, il tua de sa propre main son
frère Desiderius et sa mère, et se laissa ensuite tomber sur son
épée, le 11 du mois d'août 353. Il avait occupé le trône trois ans et sept mois. Sa veuve, Justine, épousa l'empereur Valentinien. On a de ce tyran des médailles de toutes sortes de métaux.
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(1) Gibbon conjecture que
Magnence
avait reçu le
jour au milieu d'une de ces colonies de barbares établies
dans la Gaule par
Constance Chlore (
Histoire de la décadence de l'empire, t. 4, chap. 18).
(2) Constant avait été le bienfaiteur de
Magnence ; et on dit que, dans une révolte, ce prince lui avait sauvé la vie en le couvrant de son manteau
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 26 - Pages 44-45)