Biographie universelle ancienne et moderne Suidas,
lexicographe grec, n'est connu que par l'ouvrage qu'on a sous son nom ; mais il n'est pas permis de croire, avec
Ange Politien, que ce nom soit supposé. Tous les manuscrits s'accordent à présenter
Suidas ou Sudas comme l'auteur de ce
lexique ; et il est cité plusieurs fois par
Eustathe, le
commentateur d'
Homère. On ignore la patrie de
Suidas ; et les savants ne conviennent pas entre eux de l'époque où il a vécu. Giraldi
prétend que ce fut sous le règne d'Auguste ; mais il le confond avec l'
historien du même nom dont parlent Strabon, le
scoliaste d'Apollonius de
Rhodes et Etienne de Byzance. En le rapprochant jusqu'au
XIVème siècle, Jérôme Wolf est tombé dans un excès contraire, trompé
par quelques additions faites à son
lexique par des écrivains postérieurs à
Suidas. L'opinion la plus probable est qu'il florissait à la fin du IXème et dans les premières années du Xème siècle.
L'ouvrage de
Suidas est une compilation faite presque sans choix et sans
jugement. Des copistes
ignorants sont encore venus
ajouter aux fautes du premier auteur, en insérant dans le texte des notes qui ne font plus qu'embrouiller les passages qu'elles devaient éclaircir. Malgré tous les défauts qu'on est en droit de lui reprocher, ce
lexique n'en est pas moins d'une haute importance, par le grand nombre de fragments qu'on y trouve d'écrivains qui ne nous sont point parvenus, ainsi que par les détails vraiment curieux qu il présente sur les poètes, les orateurs et les
historiens de l'antiquité. C'est un trésor d'érudition, sans le secours duquel l'
histoire littéraire des Grecs et des Romains aurait offert d'immenses lacunes qu'il n'eût jamais été possible de remplir.
La première édition de
Suidas est due à Démétrius Chalcondyle ; elle parut à Milan, 1499, in-fol. ; elle est assez belle, mais faite sur un manuscrit peu complet. L'édition
aldine,
Venise, 1516, présente parfois des différences assez sensibles ; elle a été donnée d'après un autre manuscrit ; elle a été reproduite à
Bâle, en 1544, in-folio. On fait peu de cas de l'in-folio publié en 1619,
Coloniæ Allobrogum (en réalité à Genève), et dont le titre a été rafraîchi en 1630. Il faut ensuite franchir un long intervalle pour arriver au
Suidas (Cambridge, 1705, 3 vol. in-fol.) avec d'amples commentaires, publié par Ludolphe Kuster ; la traduction d'Emile Portus, jointe au volume de 1619, a été corrigée en beaucoup d'endroits ; le texte grec a été revu sur divers manuscrits. On a reproché à l'éditeur des corrections téméraires et quelque légèreté dans son travail
(1).
Suidas n'était pas un auteur qu'il fût nécessaire de réimprimer souvent ; ce ne fut qu'en 1834 qu'il reparut, grâce au zèle d'un habile
helléniste anglais, Thomas Gaisford (Oxford, 3 vol. in-fol.). Le texte, revu avec soin et accompagné de notes savantes, a obtenu l'approbation des érudits ; la beauté de l'impression répond à ce que produisent habituellement les presses d'Oxford ; le troisième volume est entièrement consacré à l'index. Un Allemand, G. Bernhardi, entreprit de faire reparaître à Halle le travail de Gaisford, avec quelques additions dans le commentaire. Commencée en 1834, cette édition, qui forme quatre tomes in-4°, n'a été achevée qu'en 1853. M. Emmanuel Bekker, celui de tous les érudits contemporains qui a publié le plus de textes grecs, s'est aussi occupé de
Suidas, et l'a fait paraître à Berlin, en 1854, grand in-8°. Le texte est revu avec soin sur divers manuscrits ; il n'y a point de traduction. La version latine de Jérôme Wolf a été imprimée à
Bâle, en 1564 et en 1581 ; mais personne n'a songé à traduire
Suidas en une langue moderne. Après Kuster, beaucoup de savants, parmi lesquels on doit citer Jacq. Gronove, Et. Bergler, Laur. Bos, Théod. Hase, Louis Valkenaer, se sont occupés de rétablir ou d'expliquer des passages de
Suidas. Le Recueil de l'Académie des inscriptions contient les corrections de l'abbé Sellier, de Ste-Croix, etc. Louis Schultze a publié :
Specimen observationum miscellanear, in Suidam, Halle, 1761, in-4° ; John Toup :
Emendationes in Suidam, Londres, 1760, 1764, 1775, 3 vol. in-8°. Enfin Chardon de la
Rochette, après avoir donné dans le
Magasin encyclopédique des éclaircissements sur quelques articles de
Suidas, les a réunis dans ses
Mélanges de critique, t. 1, p. 92. J.-Gh.-Gottl. Ernesti a tiré des
lexiques de
Suidas et de Favorinus tous les passages relatifs aux cultes anciens, et les a publiés avec des notes, sous le titre de
Glossæ sacræ, Leipsick, 1786, in-8°. On conserve, à la bibliothèque publique de Leyde, un
Lexique étymologique attribué par Gronove à
Suidas, lequel a successivement appartenu à H. Estienne, Goldast et Vossius. Voyez Müller,
Programma de Suida cum observationibus T. Reinesii, Leipsick, 1696, in-8°.
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(1) Cette édition est précédée d'une dissertation sur
Suidas que Fabricius a recueillie dans la
Bibliotheca græca, t. 9, p, 621, et il a fait suivre cette dissertation de trois index :
1° des auteurs qu'a dû consulter
Suidas ;
2° des écrivains sur lesquels il offre des renseignements ;
3° de tous les personnages qui y sont cités.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 40 - Page 421)