Théodoric Ier (1), roi des
Goths ou
Visigoths, était fils du grand Alaric
(2). Le courage qu'il avait montré dans diverses occasions et ses qualités brillantes le firent choisir, en 419 ou 420, pour succéder à Vallia, le fondateur de la monarchie des
Goths dans les provinces méridionales de la France.
Jaloux d'agrandir ses Etats
(3), Théodoric vint, en 426, assiéger
Arles, ville alors très florissante et le centre du gouvernement des Romains dans les Gaules. L'habileté d'
Aétius empêcha la prise d'
Arles ; cependant, il crut devoir acheter la retraite des Goths par la concession de nouveaux avantages. Théodoric n'avait point abandonné le projet de reculer ses limites jusqu'au Rhône. Il profita de l'embarras des Romains, occupés par la guerre contre les
Bourguignons, et vint, en 436, assiéger
Narbonne. Le comte Litorius reçut l'ordre de secourir cette ville, dont les habitants éprouvaient toutes les horreurs de la famine. Trompant la vigilance du roi des
Goths, il y fit entrer un
corps nombreux de
cavalerie, dont chaque homme portait sur son
cheval deux sacs de farine. Avitus, lié depuis longtemps avec Théodoric, vint le trouver dans son camp pour l'engager à se retirer. Le roi des
Goths ne voulut point y consentir ; mais ayant été battu par Litorius, il fut forcé de se replier jusque sous les murs de
Toulouse. Le général romain poursuivit les
Goths, qu'il se flattait d'exterminer ; il rejeta toutes les conditions que Théodoric lui fit offrir par les
évêques pour obtenir la paix. Théodoric fondit alors sur les Romains, les tailla en pièces et fit Litorius pisonnier. Cette victoire, qui sauva la monarchie des
Goths fut attribuée dans ce temps aux prières de saint Orens ou Orientius,
évêque d'
Auch. Les
Goths, animés par l'ambition et par la vengeance, seraient venus planter leurs étendards sur les rives du Rhône, si le retour d'
Aétius ne les eût arrêtés, et les deux généraux signèrent sur le champ de bataille une paix dont Orientius fut le négociateur.
Théodoric, par le
mariage d'une de ses filles avec le fils aîné de
Genseric, avait resserré les nuds qui unissaient les
Goths et les
Vandales.
Genseric soupcçonnant à sa belle-fille le dessein de l'empoisonner pour placer son mari sur le trône, la fit mutiler horriblement et la renvoya. Théodoric ne pouvait laisser un tel affront impuni, et les Romains, intéressés à fomenter les
discordes entre les barbares, auraient aidé les
Goths à faire la guerre aux
Vandales, si
Genseric n'eût détourné l'orage qui le menaçait en flattant l'ambition d'
Attila de la conquête des Gaules. Théodoric, séduit par les promesses trompeuses du roi des
Huns, ne mit d'abord aucun obstacle à ses projets d'envahissement ; mais Avitus l'ayant éclairé sur la perfidie d'
Attila, il n'hésita plus à se
joindre aux Romains pour l'arrêter dans sa marche. Il concourut, avec
Aétius, à sauver
Orléans du pillage et de l'
incendie. Les Romains et les
Goths poursuivirent
Attila, l'atteignirent sur les bords de la
Marne, dans les plaines déjà signalées par la victoire d'
Aurélien sur Tetricus et qui devaient l'être encore par une des batailles les plus sanglantes dont l'
histoire fasse mention (voyez
Attila). Théodoric, qui avait le commandement de l'aile droite, courait de rang en rang pour
animer ses soldats, lorsqu'il tomba, percé d'un dard, sous les pieds des
chevaux.
Son corps fut retrouvé sous un monceau de cadavres, et ses funérailles furent célébrées avec toute la pompe militaire, à la
vue du camp
ennemi. Ce prince avait occupé le trône avec gloire pendant trente-deux ans.
Thorismond, l'aîné de ses six fils, fut son successeur
(4).
__________________________________________________________________________________________________
(1) Les anciens auteurs varient beaucoup sur le nom de ce prince, qu'ils appellent
Theudo,
Théodora,
Théodorit et
Théodoride.
(2) C'est Gibbon qui, le premier, a établi la filiation des rois
goths, d'après un passage du panégyrique
d'Avitus, par Sidoin Apollinaire. Voyez l'
Histoire de la décadence de l'empire romain, chap. 36. On a profité des détails recueillis par Gibbon pour la rédaction de cet article.
(3) On peut consulter, sur l'étendue et les limites du royaume des
Goths, une
Dissertation de Mandajors
dans le
Recueil de l'Académie des Inscriptions, t. 8, pp. 430-450.
(4) Thorismond fut élu roi par les
Visigoths sur le champ de bataille de
Méry-sur-Seine, où il s'était distingué, ainsi que son
frère Théodoric. Ces deux princes et leurs
frères avaient eu le
rhéteur Avitus pour maître de grammaire et d'éloquence.
Thorismond, après deux ans de règne, fut assassiné, en 454, par ses
frères Théodoric et Frédéric (voyez
Théodoric II).
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 41 - Pages 275-276)