Athanalgide, roi des
Visigoths en Espagne, se fit d'abord remarquer parmi les grands du royaume, et fut proclamé par les habitants de l'Andalousie, qui avaient pris les armes contre le roi
Agila. Voulant se ménager un appui et des secours étrangers, il appela d'Italie les troupes de Justinien, auquel il céda toutes les places sur la Méditerranée, depuis
Valence jusqu'à Gibraltar : c'était ouvrir de nouveau aux Romains la conquête de l'Espagne. L'empereur y fit passer une armée sous la conduite du patrice Libérius, l'élève de
Bélisaire. Athanagilde joignit ses troupes à celles de Justinien, défit
Agila près de Séville, et, débarrassé de ce rival, que ses propres partisans massacrèrent, il fut reconnu roi de toute l'Espagne ; il mit aussitôt Libérius en possession des places qu'il avait promises à Justinien, mais ce général s'étendit bien au delà. Plusieurs villes considérables, ennemies du gouvernement et de la
religion des
Visigoths, qui professaient l'
arianisme, se livrèrent d'elles-mêmes aux Romains. L'Espagne entière aurait échappé à Athanagilde, sans la faiblesse de Justinien et la révolte de Narsès en Italie. Cependant la guerre éclata en Espagne, entre les
Visigoths et les Romains, sans qu'Athanagilde, malgré quelques succès, pût chasser entièrement d'anciens auxiliaires, devenus ses
ennemis les plus acharnés.
Ce prince fixa son séjour à Tolède, qui devint la capitale de l'empire des
Goths ; il se soutint par une sage administration et par des alliances, en mariant Galsuinde, l'aînée de ses filles, à Chilpéric, roi de
Soissons, et
Brunehaut, la cadette, à Sigebert, roi d'
Austrasie. Il mourut à Tolède, en 567, après 13 ans de règne, regretté de ses sujets, qui avaient rendu justice à sa prudence et à ses talents. Athanagilde était
catholique au fond du cur ; mais il dissimula sa
religion, dans la crainte de déplaire aux
Visigoths,
ariens très fervents ; aussi lui pardonnèrent-ils d'avoir rappelé dans ses Etats des étrangers dangereux et puissants.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 2 - Pages 349-350)