Biographie universelle ancienne et moderne Thierry II ou
Théodoric le Jeune, roi d'
Austrasie et de
Bourgogne, aurait dû être appelé
Thierry III, puisqu'il est le troisième des princes du sang de Clovis qui régna sous ce nom. Il était fils de Childebert, qui mourut empoisonné, après avoir réuni à sa
couronne les royaumes d'
Orléans, de
Bourgogne et une partie de celui de
Paris ; il naquit en 587, et passa ses premières années à la cour de
Théodebert II, son
frère aîné, mineur ainsi que lui. La régence générale était entre les mains de
Brunehaut, leur aïeule, tout occupée de gouverner seule, en excluant du conseil les seigneurs qui l'avaient elle-même éloignée des affaires pendant la minorité de son fils. De tous les Français, les Austrasiens se montrèrent en en tout temps les plus opposés au gouvernement des femmes. Les mécontents se concertèrent si bien qu'ils se saisirent de
Brunehaut, la transportèrent hors de l'
Austrasie et, l'abandonnant snas secours, lui défendirent sous les peines les plus rigoureuses de reparaître dans le royaume. Cette reine altière, incapable d'oublier une injure, se retira à
Orléans, qui appartenait à Thierry comme roi de
Bourgogne, et prit sur lui un ascendant si extraordinaire qu'elle le persuada que
Théodebert II, son
frère, n'était qu'un
enfant supposé et, comme tel, usurpateur du royaume d'
Austrasie. Excités ainsi par leur aïeule, selon quelques auteurs, ou, selon d'autres, par Protade,
maire du palais,
les deux frères se firent une guerre acharnée. Les armées étaient en présence, lorsque les chefs de celle de Thierry eurent horreur de voir l'ambitieux ministre
animer deux
frères à s'égorger l'un l'autre. Ils demandèrent sa tête à haute voix, et ils l'assassinèrent dans la tente même du monarque.
Les intrigues de
Brunehaut, ou peut-être l'ambition de Théodebert, qui voulait rentrer en possession de l'
Alsace, son ancien domaine, remirent bientôt après les armes aux mains des deux
frères.
L'aîné attira le cadet dans une conférence particulière,
où des gens apostés le contraignirent, le poignard sur la gorge, à signer la cession de la province contestée.
Thierry II ne fut pas plutôt libre, qu'indigné de la trahison, il se jeta sur les Etats de Théodebert, le vainquit dans deux batailles, dont la dernière, donnée à Tolbiac, fut des plus sanglantes et des plus meurtrières ; et après qu'il l'eut exterminé, lui et ses fils, il s'empara de tous ses Etats. Cette cruauté reçut bientôt la punition qu'elle méritait.
Brunehaut, toujours plus ambitieuse à mesure qu'elle vieillissait, redoutait l'ascendant qu'aurait pu prendre sur Thierry une femme légitime. Après lui avoir inspiré dès sa
jeunesse le
goût de la débauche, elle parvint à faire rompre un
mariage arrêté avec Hermenberge, fille de Bertric, roi des
Visigoths. Cette princesse fut renvoyée honteusement, sans qu'on lui rendît les trésors qu'elle avait apportés pour sa dot.
Des
enfants de son
frère, Thierry n'avait épargné qu'une fille, dont la beauté fit sur lui une impression si vive, qu'il résolut de l'
épouser.
Brunehaut, prévoyant qu'une reine jeune, séduisante, aimée, parviendrait aisément à lui demander compte de la mort de son père, opposa à Thierry la
religion, qui
ne lui permettait pas de s'unir à sa nièce. Thierry, qui ne désirait
rien qu'avec violence, s'emporta contre
Brunehaut jusqu'à menacer ses
jours, en lui reprochant tous les crimes qu'elle lui avait fait commettre.
Peu de temps après, il mourut empoisonné, à
l'âge de 26 ans, en 613, laissant six fils bâtards, dont aucun ne lui succéda, quoique le défaut de légitimité ne fût pas alors un motif d'exclusion ; mais la haine qu'inspirait
Brunehaut, la crainte de la voir de nouveau régente, décidèrent les grands de l'Etat à traiter avec
Clotaire II, qui devint ainsi le roi de la France entière.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 41 - Pages 356-357)
Dictionnaire universel d'histoire et de géographie de Bouillet Thierry II, quatrième roi d'
Orléans, troisième roi de
Bourgogne et septième roi de
Metz ou d'
Austrasie, né en 587, était fils puîné de
Childebert II, et
frère de
Théodebert II. Il avait eu pour lot, à la mort de son père (596), les royaumes d'
Orléans et de
Bourgogne. Il accueillit à sa cour (599) son aïeule
Brunehaut, chassée de l'
Austrasie par Théodebert ; fit la guerre d'abord à
Clotaire II, roi de
Soissons (600-602), qu'il vainquit à
Dormeuil et à Etampes, puis à Théodebert, roi d'
Austrasie, le battit à
Toul, à Tolbiac (612), le fit prisonnier dans
Cologne, et le livra avec ses deux fils à la vengeance de
Brunehaut, qui les fit périr ; il réunit ainsi l'
Austrasie à ses Etats. Il mourut en 613 à
Metz.
Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 20ème édition (1866), p. 1869.