Childebert II, roi d'
Austrasie, fils de Sigebert et de la reine
Brunehaut, succéda à son père en 575, n'étant âgé que de cinq ans. Après l'assassinat de Sigebert,
Brunehaut et le jeune Childebert furent arrêtés par ordre de
Frédégonde, l'ennemie mortelle de leur famille ; mais un seigneur austrasien ayant eu l'adresse de tirer le jeune prince de sa prison, le mena en
Austrasie, où les grands l'élevèrent sur le trône, et renversèrent ainsi les projets formés par
Chilpéric Ier et son
épouse Frédégonde, pour unir ce royaume à leur
couronne. Pendant la captivité de
Brunehaut, les seigneurs austrasiens exercèrent la régence, et s'accoutumèrent si bien au pouvoir qu'à l'époque où cette reine obtint la
liberté de venir
joindre son fils, elle fut réduite à essayer de reprendre par des intrigues une autorité qu'elle croyait devoir lui appartenir, comme mère du roi mineur.
Childebert II, en âge de gouverner par lui-même, montra d'abord beaucoup de déférence pour les conseils de
Brunehaut ; elle perdit peu à peu son crédit pour n'avoir pas sur le ménager, et l'
histoire l'accuse d'avoir fait empoisonner son fils, afin de régner seule sous le nom de ses petits-fils ; crime qui n'a jamais été prouvé, quoiqu'il soit incontestable que
Childebert II périt par le poison, en 596, à l'âge de 26 ans ; mais
Frédégonde avait, à la mort de ce prince, un intérêt bien plus grand que celui qu'on peut attribuer à
Brunehaut. En effet, par le testament de son oncle Gontran Ier, il avait réuni à l'
Austrasie les royaumes d'
Orléans, de
Bourgogne, et une partie de celui de
Paris, tandis que
Clotaire II, fils de
Frédégonde, et, comme Childebert, neveu de Gontran Ier, se trouvait réduit au royaume de
Soissons. En avançant les
jours de Childebert,
Frédégonde pouvait tout espérer d'une minorité d'autant plus orageuse, qu'elle n'ignorait pas la haine que les seigneurs austrasiens portaient à
Brunehaut, et l'événement prouva combien cette prévoyance abominable était fondée, puisque le fils de
Frédégonde parvint à anéantir la branche royale d'
Austrasie, et se trouva seul maître de la France.
Childebert II fit la guerre à ses oncles, et porta ses armes en Italie. Cette expédition n'eut point de résultats avantageux, non qu'il manquât de courage, mais parce qu'on ignorait alors le moyen de faire vivre une armée dans les pays lointains, et qu'il fallait penser à la retraite toutes les fois que la conquête n'était pas assez générale pour procurer un établissement. La mort de ce roi eut une grande
influence sur les destinées de la monarchie française ; car tous les princes entre lesquels le royaume resta partagé après lui étaient mineurs, et les
maires du palais purent donner carrière à leur ambition, et commencer à rendre leur autorité rivale de l'autorité souveraine.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 8 - Page 144)