Biographie universelle ancienne et moderne Flavius Honorius, empereur d'Occident, fils de Théodose et de Flacille, naquit à Constantinople le 09 septembre 384 et reçut à neuf ans le titre d'Auguste en présence de l'armée. Dès l'âge de deux ans, il avait été revêtu du consulat ; car en l'an 586 on le trouve
collègue d'Evodius dans les
Fastes consulaires, avec le titre de
nobilissimus puer. Frère puîné d'
Arcadius, il était le second héritier de l'empire. Tbéodose, qui le chérissait, lui déclara au
lit de la mort qu'il le mettait en possession de l'Occident, laissant
Arcadius maître de l'Orient. Le génie de Rome disparut à la mort de Théodose : ses fils ne possédaient aucune de ses vertus ; ils ne furent protégés quelque temps que par le souvenir de sa gloire. La faiblesse de ces deux empereurs
enfants, la corruption de leur cur, la dépravation générale, l'ascendant que prirent les barbares attaquant l'empire de toutes parts, furent les signes de décadence qui éclatèrent en Orient et en Occident. De cette époque date le déclin de la puissance romaine.
A son avènement au trône (en 395),
Honorius touchait à sa onzieme année : il l'emportait sur son
frère par les grâces de l'extérieur ; mais il fit bientôt voir dans sa conduite la même incapacité et la même
indolence. Avec un tel caractère, il devait être asservi à son principal ministre. En effet,
Stilicon, chargé de sa tutelle et de la défense de l'empire, se regarda comme souverain ; il gouverna au nom d'
Honorius, qui, toujours
enfant, ne fit que ramper sur le trône. On l'amusait à Rome par des fêtes et par des louanges, tandis que les désordres de l'empire frayaient le chemin aux barbares. Il fallut abandonner le séjour de Rome pour résider à Milan. Là,
Honorius donna au peuple le spectacle d'un combat de léopards qu'on lui avait envoyés de Libye.
Cependant Alaric, à la tête des
Goths, pénétrait en Italie et venait attaquer le cur de l'empire. Comme celui-ci approchait, en 403, du palais de Milan,
Honorius chercha une retraite avec sa cour dans les fortifications d'Asti sur les bords du
Tanaro. Le roi des
Goths forma immédiatement et pressa sans relâche le siège d'une place qui contenait une si riche proie.
Stilicon, resté à la tête de l'armée, vint au secours d'
Honorius, qu'il délivra par la bataille de
Pollentia, livrée le 11 avril.
Honorius rentra dans Rome en triomphe. Dans les
jeux qu'il célébra en cette occasion, le sang des gladiateurs souilla pour la dernière fois l'amphithéâtre de la capitale du monde.
Rome ni Milan n'étant plus un séjour assuré pour la cour, le siège du gouvernement fut transporté à
Ravenne, sur les côtes de la mer
Adriatique, où l'on avait moins à craindre les entreprises des barbares. Alaric s'était retiré vers la Norique à la faveur d'une
pacification. Mais Radagaise menaçait l'empire à son tour ; il fut défait en 405. De nouveaux essaims suivaient toujours les premiers ; et l'Occident était inondé de ces peuples, qui, semblables aux flots, se renversaient les uns sur les autres. Les Alains, les
Vandales, les
Suèves et les
Goths furent les premiers qui détruisirent les barrières de l'empire. La Gaule et l'Espagne étaient envahies. Cependant l'attachement d'
Honorius pour
Stilicon s'était changé en crainte, en soupçon et en haine. Maître de l'
esprit de l'empereur, le courtisan Olympius résolut de se débarrasser de ce puissant rival et détermina
Honorius à s'en défaire. Le meurtre des partisans de
Stilicon est ordonné, et exécuté par une soldatesque soudoyée ; lui-même, condamné à mort comme traître au prince et à la patrie, est égorgé par Héraclien en 408.
Olympius s'empare de l'administration et Alaric recommence la guerre : il vient assiéger Rome et la
force de se racheter.
Honorius approuva le traité. L'empire d'Occident se détruisait sans retour : la Grande-Bretagne était abandonnée ; la Gaule envahie par un usurpateur (Voyez
Constantin III, tyran), l'Espagne presque entièrement perdue ; l'Italie même n'était plus au pouvoir d'
Honorius. Alaric campait en Toscane. Il revint assiéger Rome et obligea les habitants à recevoir Attale, préfet de Rome, pour empereur. Renfermé dans
Ravenne et serré de près par Alaric,
Honorius se disposait à prendre la fuite à bord de sa flotte, quand il reçut un secours d'Orient. Mais Rome ne put échapper aux barbares : elle fut dévastée et pillée par Alaric, tandis qu'
Honorius tremblait à
Ravenne. Il ne rentra dans Rome qu'après la mort de ce redoutable adversaire, fit réparer la ville et retourna ensuite à
Ravenne. L'Italie était toute couverte de ruines : on y voyait partout les traces fumantes des
Goths. Tranquille à
Ravenne, manquant ou de courage ou de
force, incapable d'agir, de ménager la paix ou de faire la guerre,
Honorius languissait dans une oisiveté déplorable, abandonnant tour à tour ses ministres et ne pouvant s'en passer.
Il mourut d'hydropisie à
Ravenne le 15 août 423, âgé de 38 ans, sans laisser de postérité, quoiqu'il eût été marié deux fois, à
Marie et à Thermantie, filles de
Stilicon.
Son caractère et son gouvernement avaient formé un contraste continuel. Il était doux, et son règne fut souillé par des cruautés ; il ne respirait que la paix, et l'Occident fut désolé par d'horribles guerres ; il aimait sa famille, et tous ceux de ses parents qui vécurent sous son empire furent ou mis à mort ou bannis ; ses lois ne tendaient qu'au soulagement de ses sujets, et ses sujets furent accablés. Sa faiblesse produisit tous ces maux : prince timide, il n'osa rien entreprendre, ne sut former aucun dessein et n'en put comprendre ni exécuter aucun. Toujours gouverné, il ne fit que prêter son nom aux affaires, et son incapacité laissa ébranler les fondements de la puissance romaine. Pendant un règne de vingt-huit ans, il vécut toujours en inimitié avec son
frère Arcadius et avec son successeur. De même qu'
Arcadius, il publia une multitude d'ordonnances et renouvela presque toutes les anciennes lois : signe de l'inquiétude de ceux qui gouvernent et du besoin de soutenir l'édifice de l'Etat qui s'écroule. Il eut pour successeur Valentinien III.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 19 - Pages 591-592)
Dictionnaire universel d'histoire et de géographie de Bouillet Flavius Honorius, empereur d'Occident, deuxième fils de Théodose, n'avait que neuf ans quand son père mourut, en l'an 395. Il partagea l'empire avec son
frère Arcadius et obtint l'Occident. Il eut d'abord pour tuteur et pour ministre
Stilicon, habile général, qui retarda quelque temps par ses victoires sur les Barbares la chute de l'empire romain ; mais dans la
suite, irrité contre ce ministre qui cherchait à le détrôner,
il le fit mettre à mort (408). Peu après, Alaric, roi des
Goths, qui avait déjà fait plusieurs incursions en Italie, s'empara de Rome et la mit au pillage (410).
Honorius s'était retiré dans
Ravenne, et il ne dut son salut qu'à la mort imprévue d'Alaric. Ce prince faible se laissa enlever ses plus belles provinces : c'est sous lui que la Grande-Bretagne, la Gaule, l'Espagne, furent envahies par les Barbares. Il mourut en 423, à 38 ans.
Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 20ème édition (1866), p. 890.