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Pape Honorius III

Cencio Savelli (?, à Rome - 18 mars 1227)
175ème pape - Pape du 18 juillet 1216 au 18 mars 1227
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Biographie universelle ancienne et moderne

      Honorius III fut élu pape à Pérouse le 18 juillet 1216, deux jours après la mort d'Innocent III, auquel il succédait. Le nouveau pontife s'appelait Cencio Savelli. Il était Romain de naissance ; sa capacité dans les affaires l'avait fait distinguer dès le temps de Clément III, qui l'avait nommé camérier de l'Eglise romaine. Il s'était élevé peu à peu jusqu'à la pourpre, et était devenu successivement cardinal-diacre du titre de Ste-Luce, et depuis cardinal-prêtre du titre de St-Jean et de St-Paul. Son premier soin fut d'écrire au roi de Jérusalem pour l'assurer de son zèle en faveur des croisés, ensuite aux évêques de France pour relever le courage des pèlerins, puis à l'empereur de Constantinople pour lui promettre son appui contre les schismatiques et les Grecs, enfin, au patriarche latin, en l'exhortant à conserver l'union avec l'empereur, sans préjudice des droits de l'Eglise. Honorius s'occupa ensuite de l'élection de Pierre de Courteney, qu'il couronna empereur d'Orient, et qui fut pris bientôt après par Théodore Comnène, et jeté en prison, où il mourut.

      Les affaires d'Angleterre exigèrent bientôt toute l'attention du pape. Jean-sans-Terre était mort, et laissait à son successeur, Henry III, le fardeau d'une guerre contre le prince Louis, fils de Philippe-Auguste, qui prétendait à la couronne, et soutenait son parti à la tête d'une armée. Ce prince s'était jeté en Angleterre, comptant sur la protection d'Innocent III, qui avait d'abord persécuté le roi Jean, et lui avait depuis rendu son amitié. Honorius III, animé des dernières pensées de son prédécesseur, négocia avec le prince français. Il employa tous à tour les prières et les menaces, écrivit aux barons et aux évêques anglais que la mort de Jean leur ôtait tout prétexte de révolte, exhorta dans le même sens l'archevêque de Bordeaux et les seigneurs de Guyenne à rentrer dans leur devoir de sujets fidèles, et parvint enfin à susciter contre le fils du roi de France un parti auquel ce prince dut céder.

      La croisade de Palestine occupait encore tous les esprits. Honorius III y mettait tout son zèle. Il avait engagé le roi de Hongrie à joindre ses forces à celles des croisés. Mais le Portugal et l'Espagne étaient désolés par les armes des Maures. Des divisions de familles s'étaient élevées pour la succession aux trônes de Castille et de Léon. Le midi de la France était affligé de la guerre contre les Albigeois. Honorius III chercha à triompher de toutes ces difficultés, en intervenant dans toutes ces querelles, où il mettait toute l'ardeur de son caractère et le poids de son autorité. Son but principal était de donner un chef suprême à la croisade ; et ce fut dans cette vue qu'Honorius couronna empereur d'Allemagne Frédéric II, qu'Innocent III avait déjà reconnu comme roi des Romains. Ce prince, qui devait être tourmenté si cruellement par les successeurs d'Honorius III, était roi de Sicile, et rendit en cette qualité hommage au pape. Le nouvel empereur promit avec serment de se transporter sous deux ans au plus tard en Palestine, et le pape reçut cette promesse avec joie. Cette bonne intelligence fut cependant altérée dans la suite par quelques prétentions d'Honorius III qui blessaient l'autorité du roi relativement à la nomination des évêques, que le pape voulait instituer comme seigneur suzerain du royaume de Sicile ; et ce fut là le germe de ces fatales divisions qui éclatèrent sous les pontificats de Grégoire IX et d'Innocent IV.

      En France, les relations du pape eurent pour objet principal la guerre contre les Albigeois. Honorius, qui protégeait la maison de Montfort contre les comtes de Toulouse, avait plus d'une fois pressé Philippe-Auguste de prendre part dans cette querelle et de soutenir Simon de Montfort. Le pape renouvela les mêmes instances auprès de Louis VIII, successeur de Philippe. Louis était occupé alors à poursuivre en Poitou le recouvrement des provinces confisquées sur le roi Jean, père du roi d'Angleterre Henry III, à cause du meurtre d'Arthur. Le pape essaya de le détourner de cette entreprise, en l'exhortant à se croiser contre les Albigeois. Louis VIII soutint la justice de son droit ; mais enfin il céda, laissa respirer Henry et alla mourir au siège d'Avignon.

      C'est ainsi que les papes prétendaient se rendre les arbitres des querelles des souverains, changer leurs guerres politiques en guerres religieuses sous le prétexte que, la plupart des guerres étant injustes et par conséquent autant de péchés, le chef de l'Eglise avait le droit d'en juger les motifs et d'en interdire l'exécution. Ce système avait été inventé depuis la naissance des croisades. On ne voyait qu'armements de cette espèce. Outre la croisade de la Syrie, il y en avait contre les Vaudois et les Albigeois ; on en avait vu une d'enfants sous Innocent III, et sous Honorius III des croisés tournèrent leurs armes contre les païens de la Prusse et de la Livonie. Tous les peuples étaient croisés. Même ceux de l'Asie qui étaient dans la communion de Rome. La reine de Géorgie députa des ambassadeurs à Honorius, pour lui témoigner son impatience d'envoyer ses soldats à la terre sainte, dans l'espoir d'obtenir les secours des chrétiens contre les Tartares, qui ravageaient l'Asie sous la conduits du terrible Gengis-Khan.
      Cependant la puissance des papes commençait à décliner. Malgré les instances et les menaces d'Honorius, le comte de Schwerin s'empara de la personne du roi de Danemark, Waldemar II, et le retint en prison pendant trois ans. Grégoire VII eût été mieux obéi. Après avoir écrit de nouveau à Frédéric pour lui reprocher la lenteur à acquitter la promesse qu'il avait faite de porter ses armes dans la Palestine (1), Honorius III mourut le 18 mars 1227, après un pontifiicat de dix ans et huit mois ; il eut pour successeur Grégoire IX.

      La plus grande partie des lettres d'Honorius ont été publiées à Toulouse par Innocent Ciron, sous le titre de Quinta compilatio decretal., 1645, in-fol., avec des notes de l'éditeur. On en trouve aussi dans la Collection des conciles, dans les Recueils de Baluze, de Wadding. de D. Martène, de d'Achery, d'Ughelli, etc. Enfin, on a publié sous le nom de ce pape une indigeste rhapsodie intitulée Grimoire du pape Honorius : c'est une de ces misérables compilations, fruits de l'ignorance et du charlatanisme, comme l'Enchiridion du pape Léon, les Secrets du grand Albert, etc. La plus ancienne édition indiquée par Lenglet Dufresnoy (Recueil sur les apparitions, 2, 2, 255) est intitulée S. D. Honorii papæ III adversus tenebrarum principem et ejus angelos conjurationes ; extractæ ex originali Romæ servato, anno 1629.


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(1)  Cette lettre est de 1226, et rapportée tout entière dans la Notice et Extraits des manuscrits de la Bibliothèque du Roi, t. 2.  (Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 19 - Pages 589-590)



Dictionnaire universel d'histoire et de géographie de Bouillet

      Honorius III, cencio Savelli, né à Rome, élu pape en 1216, mort en 1227, reconnut l'ordre de saint Dominique et celui des Carmes, fit entreprendre une croisade (la 5ème), qui resta sans résultats, et arma Louis VIII contre les Albigeois. Il accorda le premier des indulgences dans la canonisation des saints. Ce pape défendit d'enseigner le droit civil à Paris (1220), n'y permettant que l'étude du droit canon. On a sous son nom : Conjuration adv. principem tenebrarum, 1629.  Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 20ème édition (1866), p. 890.




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