Boson, roi d'Arles, ou de
Provence, fondateur de cette monarchie de peu de durée, nommée par quelques
historiens royaume de Bourgogne cis-jurane, était
frère de l'
impératrice Richilde, femme de
Charles le Chauve, qui le créa
duc de Milan dès qu'il eut été proclamé roi d'Italie et couronné empereur. Ce gouvernement ne satisfit pas l'ambition de
Boson : assuré de la protection de son beau-frère, et de l'amitié de Bérenger,
duc et
marquis de Frioul, qu'il avait gagné par sa politique insinuante, il vint à la cour de ce dernier, sous prétexte du service de l'Empereur, et, ayant enlevé la princesse
Hermengarde, fille unique de l'empereur Louis II, et la plus riche héritière qui fut en
Europe, il l'emmena à Verceil, où il l'épousa. Les noces se firent avec une manificence extraordinaire, et aux frais de l'empereur et de l'
impératrice Richilde, qui se trouvaient dans cette ville : ce fut à cette occasion que
Charles le Chauve fit
Boson duc de
Provence, en 877. Ce gouvernement, désigné aussi sous le nom de haute
Aquitaine, comprenait de plus le
Vivarais, le
Dauphiné, le Lyonnais et la Savoie.
Retiré dans son gouvernement après la mort de Charles, et excité par sa propre ambition et par les instances d'
Hermengarde, qui, étant fille d'empereur, et ayant été fiancée au fils de l'empereur d'Orient, voulait au moins être reine, il se concerta avec le
pape Jean VIII pour être nommé roi d'Italie ; les autres gouverneurs et princes de la Lombardie ayant opposé trop de résistance à l'exécution de ce projet,
Boson tourna ses
vues d'un autre côté. Profitant de l'embarras où les jeunes rois de France, Louis et Carloman, se trouvaient par la guerre que Louis, roi de Saxe, leur avait déclarée en 879, il convoqua, le 15
octobre de la même année, les
évêques et seigneurs de son gouvernement, qu'il avait gagnés en leur promettant des bénéfices et des
fiefs. L'assemblée, composée de six
archevêques et de dix-sept
évêques, se tint, non à Mantaille (
Mantalum), près de
Vienne, comme la plupart des
historiens le disent, d'après Charvet, mais à Mantale (
Mantala), position indiquée avec précidsion dans l'
Itinéraire d'Antonin et la
table de Peutinger, que Guichenon et Bouche placent par erreur à
Montmélian, mais qui se trouve près de St-Pierre d'Albigni, dans un lieu qui, depuis cette assemblée, a conservé le nom de
Bourg Evescal. (Voyez Grillet,
Dictionnaire historique... de la Savoie, tome 5, pp. 302 et 450.) Dans cette espèce de
concile, présidé par Rostagge,
archevêque d'
Arles, et
vicaire apostolique, tout se passa au gré de
Boson ; il y fut élu roi, d'un consentement unanime, et les
évêques le couronnèrent.
Louis et Carloman, rois de France, et les princes de la branche germanique, ne pardonnèrent pas à
Boson son usurpation ; mais son extrême habileté et le courage d'
Hermengarde surent le maintenir sur le trône, malgré leurs efforts.
Son audace donna aux autres
ducs le funeste exemple de se rendre indépendants, chacun dans son gouvernement, et porta ainsi la première secousse au trône des héritiers de
Charlemagne. Cette insubordination générale, jointe à l'irruption des barbares qui inondaient la France, obligèrent Charles le Gros à céder de bonne grâce à
Boson les terres qu'il avait érigées en royaume, et de se contenter de l'
hommage qu'il lui en fit, en l'an 885.
Boson régna tranquillement depuis lors, mourut le 11
janvier 888, et laissa son royaume à son fils Louis, qui fut depuis empereur.
Son corps fut inhumé dans l'
église de
Saint-Maurice à
Vienne, où on voyait encore naguère son
épitaphe.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 5 - Page 118)