Biographie universelle ancienne et moderne Henri, duc de Joyeuse, fut connu dans sa
jeunesse sous le nom de
comte du Bouchage,
et ensuite sous celui de
P. Ange de Joyeuse. Il naquit en 1567, embrassa
la profession des armes, et se signala dans plusieurs combats en
Languedoc et
eu Guyenne. Il épousa Catherine de la
Valette, sur du
duc d'Epernon
; mais ayant eu le malheur de perdre son
épouse au bout de quelques années
de
mariage, il en ressentit un tel chagrin qu'il entra dans l'ordre des
capucins,
et y prononça ses vux le 04 décembre 1587, six semaines après
la bataille de
Coutras, où deux de ses
frères avaient péri.
L'année suivante, peu de temps
après la journée des barricades (12 mai 1588), les Parisiens, pour
engager Henri III à revenir dans la capitale, lui députèrent
à
Chartres une procession à la tête de laquelle on voyait
marcher le
frère Ange, couronné d'épines, chargé d'une
grosse
croix, et fustigé par deux de ses
compagnons, pour représenter
la Passion. D'
Aubigné raconte
(1), mais probablement
avec beaucoup d'exagération, les détails de cette procession
ligueuse,
qui ne produisit pas d'ailleurs l'effet qu'on s'en était promis, et le
frère
Ange revint dans son
couvent.
La mort de Scipion de
Joyeuse (2), qui était devenu le seul héritier de sa maison, le détermina cependant à quitter le cloître, et, ayant obtenu les dispenses nécessaires par le crédit du
cardinal son
frère, il reparut, en 1592, à la tête de l'armée qui ravageait le
Languedoc, sous le prétexte du bien public. Il resta l'un des derniers partisans de la ligue, et traita enfin avec Henri IV, à des conditions avantageuses. Il fut nommé maréchal de France, grand maître de la garde-robe, et obtint le gouvernement du
Languedoc. On rapporte que, se se trouvant un
jour à un balcon avec Henri IV, ce prince lui dit : « Mon cousin, voilà des gens qui me paraissent fort aises de voir ensemble un roi
apostat et un moine défroqué », et
que cette plaisanterie fit rentrer
Joyeuse en lui-même.
Ce qu'il y a de certain, c'est que sa mère, femme très pieuse, le pressait depuis longtemps de mener une conduite plus régulière : il éprouva, à la fin, des remords d'être rentré dans le monde, et il y renonça une seconde fois. On le vit, en 1600, prêcher à
Paris, et la singularité de ses aventures attirait à ses sermons une foule de personnes, que la
vue de son extérieur mortifié touchait plus encore que son éloquence. Il passa quelques années après en Italie, et, ayant voulu faire le voyage de Rome pieds nus pendant l'
hiver, il fut saisi de la fièvre, et mourut dans la maison de son ordre, à Rivoli, près de Turin, le 27 septembre 1608, âgé de 41 ans.
Son corps fut rapporté à
Paris, et inhumé dans l'
église des
Capucins de la rue St-Honoré, où l'on voyait, au commencement de ce siècle, son tombeau en marbre noir, près du maître-autel. C'est de lui que Voltaire a dit dans la
Henriade, chant 4 :
Vicieux, pénitent, courtisan, solitaire,
Il prit, quitta, reprit la cuiresse et la haire.
Ces deux vers peignent très bien l'inconstance du
duc de
Joyeuse ; mais il n'eut jamais d'autres vices que ceux des jeunes gens qui aiment les dissipations, les fêtes et les plaisirs. D'ailleurs, dès qu'il eut renoncé au monde, sa conduite fut celle d'un véritable pénitent, et il
expia, autant qu'il était en lui, les désordres dont il avait pu donner l'exemple. Sa
Vie a été écrite par Jacques
Brousse,
Paris, 1621, in-8°, et par Jean de Callières, sous ce titre :
Le Courtisan prédestiné, ou le duc de Joyeuse capucin,
Paris, 1661, in-8°, réimprimé plusieurs fois.
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(1) T. 3, livre I, ch. 23. Voyez aussi dans le
Journal de Henri III (par l'Estoile), t. 5, p. 270, les Remarques sur le chap. 8 de la
Confession de Sancy.
(2) Scipion de
Joyeuse, commandant pour la ligue en
Languedoc, ayant été battu devant
Villemur, prit la fuite et se noya dans le
Tarn, le 21 septembre 1592.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 21 - Pages 276-277)
Dictionnaire M. Bescherelle
Frère de
Anne de Joyeuse, né en 1567, mort en 1608.
M. Bescherelle, aîné, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française - Volume II (G-Z) (1856), p. 299.