Biographie universelle ancienne et moderne Jeanne Henriquez, reine de Navarre et d'
Aragon, fille de Frédéric Henriquez, seigneur de Medina del Rio-Seco, comte de Melgar, amirante de Castille et de marine de Cordoue, fut mariée en secondes noces, le 1er septembre 1444, à Jean II, roi de Navarre, qui avait contracté avec son père une liaison intime. Jeanne, par les grâces de son
esprit et de sa personne et par la fermeté de son caractère, exerça un grand ascendant sur le roi son
époux, ascendant qui n'eut plus de bornes quand elle eut
donné le
jour, en 1452, à l'
infant don Ferdinand, si connu depuis sous le nom de
Ferdinand le Catholique. Jean II, ayant succédé à son
frère Alphonse dans la
royauté d'
Aragon, en 1458, fit reconnaître sa femme comme reine par les états du royaume.
Jeanne se laissa bientôt emporter par les passions d'une marâtre contre les
enfants du premier
lit. L'aîné, prince de
Viane, mécontent de ce que sa belle-mère prenait le titre de reine de Navarre, dont il croyait que le sceptre lui appartenait en propre du chef de sa mère, prit les armes pour soutenir ses droits. On vit alors le fils armé contre son père et le père armé contre son fils. Cette guerre civile déplorable ne fut suspendue que par une feinte réconciliation. Jean II, dominé par la reine, déshérita le prince de
Viane ; un nouvel accommodement fut encore ménagé entre le père et le fils. Mais au moment où les états assemblés à Barcelone attendaient le jeune prince pour le déclarer héritier de toutes les
couronnes de son père, il fut arrêté par l'ordre du roi. Les Catalans, qui l'aimaient, prirent les armes. Le
feu de la révolte éclata avec tant de violence, que la reine, soupçonnée d'être le véritable auteur des malheurs du prince de
Viane, alla elle-même le tirer de prison ; mais on lui ferma aussitôt les portes de Barcelone, tant on se défiait d'elle. La mort inopinée du prince de
Viane, reconnu héritier de la
couronne, donna lieu au bruit qu'il avait été empoisonné par sa belle-mère. Ces bruits entretinrent la révolte des Catalans, qui songèrent même à s'ériger en république. La reine fut assiégée dans Girone en 1463, et délivrée par le comte de
Foix, aidé des troupes françaises. Elle combattit de nouveau, en 1467, contre Jean,
duc de Lorraine, fils de
René d'
Anjou, qui disputait la Catalogne à son mari. Elle assiégea
Roses la même année et soumit plusieurs autres places, déployant l'activité d'un général et la fermeté d'un homme d'Etat ; mais la mort emporta cette héroïne le 13
février de l'année suivante. Il était réservé à son fils Ferdinand de réunir sur sa tête toutes les
couronnes d'Espagne.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 21 - Pages 4-5)