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Jeanne II, reine de Naples

(1370 - 02 février 1435)
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Biographie universelle ancienne et moderne

      Jeanne II, reine de Naples, fille de Charles III de Duras, succéda en 1414 à Ladislas, son frère, et mourut en 1435. Elle était déjà nubile à la mort de son père, en 1386, tandis que Ladislas, son frère, n'avait encore que dix ans. Jeanne, pendant la régence de Marguerite de Duras, sa mère, fut souvent fugitive de ville en ville devant le parti d'Anjou qui triomphait ; mais, lorsque Ladislas fut majeur, il assura la victoire au parti de Duras, et il en profita pour procurer à sa sœur un mariage avantageux : Jeanne épousa en 1404 Guillaume, fils de Léopold III, duc d'Autriche ; mais Guillaume mourut dès l'année 1406, et Jeanne revint à la cour de son frère. Elle y fut témoin des débordements de Ladislas, et portée déjà par elle-même à la galanterie, elle s'y abandonna sans retenue.

      Ladislas étant mort sans enfants le 06 août 1414, elle lui succéda. Aussitôt elle produisit au grand jour ses favoris et elle les combla de biens et se dignités. Le premier fut Pandolfello Alopo, homme de basse naissance, que sa figure seule lui avait fait distinguer : elle le nomma grand sénéchal du royaume. Elle avait en même temps d'autres amants, et elle crut pouvoir se donner aussi un mari ; mais Jacques, comte de la Marche, qu'elle épousa le 10 août 1415, ne se contenta pas de réprimer ces désordres : il les punit avec perfidie et férocité. Pandolfello Alopo périt dans des tourments atroces ; d''autres favoris de la reine furent également livrés au supplice, et Jeanne, prisonnière de son mari, fut privée de la couronne dont elle-même lui avait fait part. Un vieux chevalier français lui avait été donné pour geôlier : il ne la perdait pas de vue un instant. Les sujets de Jeanne s'indignèrent de la voir réduite à une si honteuse captivité : ils prirent les armes en sa faveur le 13 septembre 1416, et Jacques, après avoir été le tyran, ne fut plus que le premier serviteur de sa femme, souvent même son prisonnier, jusqu'en 1419, que, s'étant échappé du palais, il retourna en France. Le premier usage que fit Jeanne de la liberté qu'elle recouvra fut de se donner un nouveau favori : son choix se fixa sur Gianni Caraccioli, et elle lui demeura constante, sinon fidèle, jusque près de la fin de sa vie.

      Cependant la noblesse orgueilleuse de Naples se soumettait à peine à l'autorité royale ; les barons exerçaient sur leurs vassaux un pouvoir presque absolu, et, dès qu'ils se sentaient blessés dans leur vanité ou dans les privilèges qu'íls s'arrogeaient, ils avaient recours aux armes. Jeanne était la dernière de sa race, et l'on ne lui voyait d'héritiers que dans la maison rivale d'Anjou. Les armées étaient la propriété de condottieri qui entretenaient les soldats à leurs frais et qui ne louaient leurs services aux souverains que pour un temps convenu. La rivalité de Sforza, de Braccio et de Jacques Caldora, les plus fameux condottieri de ce siècle, tint la cour de Jeanne II dans de continuelles alarmes. Cependant, elle réussit à défendre son trône, au milieu des révolutions dont elle était sans cesse menacée, en opposant l'un à l'autre ces généraux célèbres. Sforza s'était allié en 1420 à Louis III d'Anjou, petit-fils de celui que Jeanne Ière avait adopté. Jeanne II, pour se défendre contre lui, invoqua le secours d'Alphonse V d'Aragon, qui, depuis 1416, avait succédé au royaume de Sicile ; elle lui offrit de l'adopter pour fils et de lui livrer quelques unes de ses forteresses, pourvu qu'en retour il la protégeât pendant le reste de sa vie. En effet Alphonse fit lever à Sforza le siège de Naples ; il assura les services de Braccio à Jeanne, et il contraignit son rival à la retraite ; mais, n'ayant point la patience d'attendre la récompense tardive que Jeanne lui promettait à sa mort, il fit arrêter Caraccioli le 22 mai 1423, et il tenta de s'emparer aussi de la personne de la reine. Celle-ci, alarmée de la captivité de son favori, déclara immédiatement la guerre à son fils adoptif et révoqua une adoption que l'ingratitude d'Alphonse annulait déjà : elle lui substitua Louis III d'Anjou, qui échangea volontiers des droits contestés contre l'assurance d'un héritage. Louis ramena Sforza au service de la reine qu'ils avaient voulu dépouiller peu de temps auparavant ; avant la fin de l'année, les Aragonais furent obligés d'évacuer le royaume de Naples, et Jeanne recommença, depuis l'année 1424, à régner avec une autorité plus absolue dans ses Etats. Louis d'Anjou, qu'elle avait nommé duc de Calabre, fixa sa résidence dans cette province et affecta de se tenir éloigné du gouvernement.

      Dès lors, tout se fit dans Naples par l'autorité de Caraccioli. Jeanne avait entassé sur la tête de son amant les honneurs, les emplois et les richesses : elle n'avait pu cependant satisfaire son ambition ou son orgueil. Caraccioli affectait souvent avec elle les manières et le ton d'un maître, et Jeanne, déjà vieille, avait été obligée de prendre une confidente pour se consoler avec elle des hauteurs de son favori : cette confidente était la duchesse de Suessa, qui, dès longtemps ennemie de Caraccioli, profita d'un de ses emportements pour extorquer à la reine l'ordre de l'arrêter. La duchesse profita de cet ordre pour faire tuer Caraccioli dans la nuit du 17 août 1432, sous prétexte qu'il s'était défendu contre ceux qui devaient l'arrêter. Jeanne parut touchée de la mort de son favori ; cependant, elle confisqua ses biens et se livra entièrement entre les mains de ses ennemis. Dès lors gouvernée sans partage par la duchesse de Suessa, incapable d'agir ou de penser par elle-même, elle parut succomber à une vieillesse prématurée, suite de la vie désordonnée qu'elle avait menée. Louis, son fils adoptif, étant mort au mois de novembre 1434, elle lui substitua par son testament René, son frère ; puis elle mourut peu après, le 02 février 1435, âgée de 65 ans. Elle laissa le royaume en proie à des guerres civiles que l'extinction de la première maison d'Anjou et la double adoption d'Alphonse et de René prolongèrent longtemps encore. Alphonse réussit enfin à se mettre en possession de la succession de Jeanne II.  (Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 21 - Pages 3-4)




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