Othon III, empereur d'Allemagne, fils unique d'Othon II, lui succéda, en 983. Henri de Bavière, qui avait disputé la
couronne à son père, quitte le lieu de son exil, et trouble une seconde fois l'Allemagne par ses prétentions. Il se saisit du jeune Othon, sous prétexte de lui servir de tuteur, et le conduit à Magdebourg ; mais les
prélats et les seigneurs l'obligent à lui rendre la
liberté. Othon est solennellement proclamé empereur à Weissenstadt.
Son éducation est confiée à l'
archevêque de Mayence et à l'
évêque de d'Hildesheim, qui gouvernent sous son nom. Pendant la minorité d'Othon, l'Allemagne fut en proie aux guerres continuelles que les
grands vassaux se firent entre eux. Rome ne reconnaissait point l'autorité du jeune empereur :
Théophanie, sa mère, avait conduit des troupes en Italie, et en était revenue sans avoir beaucoup remédié aux troubles de ce pays. Othon passe les Alpes en 996, assiège Milan, et y est couronné roi des Lombards. Il fait élire pape Grégoire V, son parent, et vient à Rome
recevoir de ses mains la
couronne impériale. Il repart, l'année suivante, pour l'Allemagne, afin de s'opposer aux incursions des Slaves. Tandis quu'il est occupé à repousser les barbares du Nord, Crescentius chasse de Rome Grégoire V, à la place duquel est élu un Grec de naissance, qui prend le nom de
Jean XVI. Othon repasse en Italie, en 998, pour rétablir Grégoire sur son siège. Crescentius, retiré dans le château St-Ange avec ses partisans, s'y défend avec tant de vigueur, qu'Othon lui propose une capitulation honorable ; mais, dès qu'il l'a en son pouvoir, il lui fait trancher la tête. L'empereur retourne en Allemagne et donne le titre de roi de Pologne à Boleslas, qui lui rend
hommage et s'oblige à une légère redevance. Il revient en Italie, décidé à chasser les Grecs et les Sarrasins du pays de Naples, et s'arrête à Rome pour attendre l'arrivée de ses troupes. Les Romains se soulèvent et assiègent l'empereur dans son palais : il n'a que le temps de fuir avec le pape pour se soustraire à la fureur de la
populace, et meurt à Paterno, le 17
janvier 1002, empoisonné par la veuve de Crescentius, qui s'était insinuée dans ses bonnes grâces, afin de mieux trouver l'occasion de venger son mari. On a dit que cet empereur avait épousé
Marie d'
Aragon, qu'il fit
brûler pour adultère. Mais le père Pagi et Muratori ont prouvé que ce
mariage était une
fable (1). Ce qu'il y a de certain,
c'est qu'Othon mourut sans
enfants. Henri de Bavière lui succéda sur le trône d'Allemagne (Voyez
Henri II, dit le Saint).
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(1) Voyez aussi l'
Examen de l'Histoire de Marie d'Aragon, par Zurlauben, dans les Mémoires de l'Académie des Inscriptions, t. 23. Cet auteur place la mort d'Othon au 24
janvier 1002, et cherche à prouver qu'il n'avait alors que 20 ans ; mais il devait être un peu plus âgé.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 31 - Page 476)