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Marc

(XIème siècle)
Hérésiarque
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Biographie universelle ancienne et moderne

      Marc, hérésiarque du XIème siècle et disciple de Valentin, descendait de Basilides, l'un des chefs des Gnostiques. Il paraît qu'il vivait encore vers l'an 180 ou 190. Peu content de la doctrine de son maître, ou peut-être curieux d'y ajouter pour devenir lui-même chef de secte, il se composa un système particulier. Au lieu de la Sainte-Trinité du dogme catholique, il admettait dans Dieu une quaternité, fruit de son imagination, et composée de l'Ineffable, du Silence, du Père et de la Vérité. Il assurait que c'était cette quaternité même qui s'était révélée à lui, et qui lui avait fait connaître la vérité nue et tout entière. Il attribuait une vertu particulière à l'alphabet des Grecs. Cet alphabet, selon lui, était éminemment mystérieux et contenait la plénitude et la perfection de la vérité. Ce n'était que par son moyen qu'on pouvait parvenir à la découvrir ; et c'était pour cela que Jésus-Christ était appelé Alpha et Oméga.

      A l'hérésie, Marc joignit la magie, et passait pour faire des miracles. Soit jonglerie, soit emploi de moyens naturels peu connus du vulgaire, il savait en imposer aux yeux, et s'attirait par ses prestiges un grand nombre de sectateurs. Quoiqu'il ne fût point prêtre, il affectait d'offrir l'eucharistie ; et mêlant du vin et de l'eau dans un calice, sur lequel il prononçait une sorte d'invocation, il faisait paraître ce mélange d'une couleur de pourpre foncé, semblable à celle du sang, qu'il disait que la grâce souveraine y avait fait descendre. Il présentait ensuite ce breuvage aux assistants ; quelquefois il faisait faire cette consécration par des femmes. C'est à saint Irénée que nous devons ces détails. Ce Père croit que Marc « avait un démon qui l'assistait, par le moyen duquel il prophétisait et faisait prophétiser les femmes auxquelles il voulait accorder cette grâce. »

      Ce qui est certain, c'est qu'il cherchait principalement à faire partager ses erreurs aux personnes du sexe, surtout à celles qui étaient distinguées par leur noblesse, leurs richesses ou leur beauté. Il en séduisit un grand nombre. Il flattait leur vanité en leur persuadant qu'il pouvait leur communiquer le don de prophétie. S'il les trouvait disposées à entrer dans ses vues, il pratiquait sur elles des invocations ; et quand leur imagination était bien exaltée, il leur ordonnait d'ouvrir la bouche et de prophétiser. Dans l'espèce de délire où il les avait mises, elles disaient tout ce qui leur venait à l'esprit, et se croyaient des prophétesses. Peut-être aussi que le somnambulisme magnétique n'était pas étranger à ces prévisions (Voyez Montan). Marc fut accusé de corrompre les unes dans des entretiens particuliers, et d'employer des philtres à l'égard des autres pour en abuser. Quelques-unes, après avoir été victimes de son libertinage, touchées de repentir, revenaient à l'Eglise pour se réconcilier. Telle fut la femme d'un diacre catholique d'Asie, qui était venu loger chez Marc. Débauchée par les artifices de ce méchant, elle abandonna son mari pour s'attacher à lui, et le suivit longtemps aveuglée par la plus honteuse passion. Enfin désabusée, elle vit toute l'horreur du précipice où elle était tombée : elle quitta le corrupteur et passa le reste de sa vie dans la pénitence. Marc s'adressa aussi quelquefois à des femmes píeuses et fidèles ; mais il en était repoussé avec exécration, et dès les premiers mots, elles fuyaient en lui criant : Anathème !

      On ne dit pas en quelle année cet hérésiarque mourut. Il laissa des disciples qui furent nommés Marcasiens. Fidèles imitateurs de leur maître, ils passaient leur vie dans les festins et la débauche. Ils se donnaient aussi pour prophètes, corrompaient les femmes et se livraient d'autant plus librement aux désordres et aux crimes, que, se disant et se croyant parfaits, ils se tenaient pour assurés de leur salut. Ils rejetaient les sacrements, et niaient la nécessité du baptême ; mais ils avaient, pour en tenir lieu, une sorte d'initiation, qu'ils appelaient rédemption. On ignore en quoi elle consistait. On sait seulement qu'après la cérémonie, ils signaient l'initié d'huile et de baume. Quelques-uns faisaient sur les morts des onctions superstitieuses. Ils soutenaient que Jésus-Christ n'avait point souffert réellement et ils admettaient un principe du mal. Quant à leur doctrine, ils l'appuyaient sur des textes des saintes Ecritures dont ils détournaient le sens, ou sur des passages extraits de livres composés par eux-mêmes, auxquels ils prêtaient une autorité qui trompait les ignorants.

      Cette hérésie subsistait encore du temps de saint Epiphane, c'est-à-dire pendant tout le Vème siècle. Elle avait fait de grands progrès dans l'Asie, était passée en Europe, et avait infecté les bords du Rhône. Elle fut combattue par saint Irénée, saint Justin et Miltiade, philosophe chrétien et écrivain du XIème siècle.  (Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 26 - Pages 436-437)




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