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Marguerite de Provence

(1221 -; 1295, au couvent des religieuses de Ste-Claire, prè de Paris)
Epouse de saint Louis - Reine de France de 1234 à; 1270
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Biographie universelle ancienne et moderne

      Marguerite, reine de France, fille aînée de Raimond Bérenger V, comte de Provence, passa son enfance dans la cour la plus aimable et la plus spirituelle qu'il y eût alors en Europe ; mais elle s'occupa moins de la culture des arts brillants de l'esprit que d'acquérir les vertus propres à son sexe. Mariée le 27 mai 1234 à Louis IX, elle s'attacha uniquement à faire le bonheur de son vertueux époux, qui, de son côté, lui témoignait la plus vive tendresse. Leur félicité eût été parfaite si la reine Blanche, craignant de perdre l'ascendant qu'elle avait sur son fils, n'eût cherché à constamment séparer les deux époux.
Marguerite de Provence, épouse de saint Louis, reine de France (1221-1295)      Joinville raconte dans son style naïf quelques traits de la jalousie de la mère de Louis IX, qui paraissent bien singulier. « Quand le roi, dit-il, chevauchait par son royaume, et qu'il avait la reine Blanche sa mère, et la reine Marguerite sa femme, la reine Blanche les faisait séparer l'un de l'autre ; ils n'étaient jamais logés ensemblement. Un jour le roi étant à Pontoise, vint voir sa femme malade des suites d'une couche : ayant entendu venir sa mère, il se cacha derrière la reine, de peur qu'elle ne le vit ; mais Blanche l'aperçut, et le vint prendre par la main lui disant : Venez-vous-en, car vous ne faites rien ici. – « Hélas ! s'écria Marguerite, ne me laisserez-vous à voir mon seigneur ni en la vie, ni en la mort ? Et elle s'évanouit ; mais le roi revint sur ses pas et lui prodigua les soins dont elle avait a besoin (1). »
      Marguerite accompagna son époux dans l'expédition d'Egypte. Enceinte et presque sans secours, elle resta enfermée dans Damiette, qui était assiégée par les Sarrasins. Ce fut dans cette situation qu'elle apprit que le roi avait été fait prisonnier. A cette nouvelle, elle donna ordre à ses femmes de sortir, et se jetant aux genoux d'un vieux chevalier qui la gardait, elle dit qu'elle ne se relèverait pas qu'il ne lui eût accordé la grâce qu'elle avait à lui demander. Le chevalier lui en ayant donné sa parole : « Seigneur, dit la reine, ce que je vous demande sur la foi que vous m'avez engagée, c'est que si Damiette est prise par les Sarrasíns, vous me coupiez la tête, et ne me laissiez pas tomber vivante entre les mains des infidèles. » – « Vous serez obéie, répondit le chevalier, j'y avais déjà pensé (2). » Jamais l'héroïsme n'a été poussé plus loin. Marguerite accoucha trois jours après d'un prince qu'elle nomma Tristan, à cause des malheureuses circonstances où il arrivait au monde. On vint annoncer quelques heures après à la reine que la garnison, composée de Pisans et de Génois, voulait rendre la ville aux Sarrasins : elle fit venir autour de son lit les principaux officiers, et leur parla avec tant de fermeté et de douceur, qu'elle releva leur courage, et les obligea de renoncer à une résolution qui aurait entraîné la ruine des croisés. Cette princesse quitta Damiette avant la reddition de la place, et vint à St-Jean d'Acre attendre son époux. Elle y apprit la mort de la reine Blanche ; et quoiqu'elle n'eût pas sujet de la regretter, elle en mena un deuil merveilleux. Joinville, surpris de sa douleur, lui dit avec la franchise de son temps : « Qu'il était bien vrai c quon ne devait mie (jamais) croire femme à pleurer, » Marguerite, non moins sincère, répondit que ce qui l'affligeait était la douleur du roi, et l'inquiétude de savoir sa fille Isabelle entre les mains des hommes. La mort de Blanche décida Louis à quitter l'Egypte : Joinville fut chargé de conduire Marguerite avec ses deux enfants au port de Tyr, où le roi la rejoignit bientôt. Le départ fut fixé au 24 avril 1254 ; la navigation fut périlleuse, et la reine montra au milieu des dangers un courage supérieur à son sexe.

      Elle empêcha Louis de renoncer au trône, comme il en avait le projet ; et elle rendit ainsi un service signalé à la France. Elle était le conseil secret du monarque, mais elle n'eut jamais de part au gouvernement (Voyez Louis IX). Marguerite, par l'austérité de ses mœurs, égala son époux, qui porta sur le trône les vertus d'un anachorète. Un poète provençal lui ayant adressé une pièce de galanterie, la reine, sans égard pour les hardiesses de la poésie, lui répondit par un ordre qui le reléguait aux îles d'Hyères. Après la mort de son auguste époux, Marguerite vécut dans la retraite, et multiplia les fondations pieuses. Elle songeait cependant à faire valoir ses droits sur la Provence ; mais le pape Jean XXII décida en faveur de Charles d'Anjou.

      Elle mourut en 1295, dans le couvent des religieuses de Ste-Claire, qu'elle avait fondé au faubourg St-Marcel. On voyait son épitaphe à St-Denis, devant le maître-autel, sur une tombe de cuivre jaune. Elle avait eu de son mariage onze enfants.


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(1)  Ce trait a fourni à M. Richard le sujet d'un joli tableau qu'on a vu à l'exposition du musée en 1814 (N° 786).

(2)  L'admirable dévouement de Marguerite a fourni à M. Ancelot une des plus belles scènes de la tragédie de Louis IX.  (Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 26 - Pages 548-549)


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