Biographie universelle ancienne et moderne Saint Epiphane,
docteur de l'Eglise,
archevêque de Salamine en Chypre, naquit vers l'an 310 dans le territoire d'Eleuthéropte en
Palestine ; il montra dès son enfance une grande ardeur pour l'étude, et apprit la plupart des langues alors connues. Ami de la solitude et de la pénitence, il alla visiter et habita quelque temps les célèbres déserts de l'Egypte, et revint en
Palestine à l'âge de vingt-trois ans. Il se lia d'amitié avec le célèbre saint Hilarion, qui ne quitta la
Palestine qu'en 356 : cet
illustre solitaire trouva dans Epiphane un
disciple fervent et un zélé
panégyriste.
Les
ariens désolaient l'
Eglise, favorisés par l'empereur Constance qui régnait alors. Epiphane sortit souvent de sa cellule pour aller au secours des
catholiques ; il refusa de communiquer avec Eutychius,
évêque d'Eleuthéropte, qui était entré dans le parti des
ariens ; il s'arma de zèle contre les erreurs qu'il avait découvertes dans Origène. Sa réputation le fit appeler sur le siège de Salamine ou Constantia, dans l'île de Chypre. Cette dignité ne l'empêcha pas de se livrer aux austérités et aux habitudes de la vie monastique ; sa
charité seulement parut encore plus active. On le chargeait des plus abondantes aumônes ; sainte
Olympiade,
dame fort riche, lui fit pour ce sujet des présents considérables. Respecté des hérétiques eux-mêmes à cause de sa grande vertu, il ne fut pas compris dans la persécution que Valens excita contre les
catholiques en 371, et fut presque le seul que l'hérésie épargna. Il alla à Antioche pour travailler à la conversion de Vitalis,
évêque de cette ville, qui avait embrassé les erreurs d'Apollinaire ; il fit ensuite le voyage de Rome, où il logea chez sainte
Paule, qui passa quelque temps après par Salamine, et séjourna chez
saint Epiphane en se rendant en
Palestine. Soupçonnant le
patriarche de Jérusalem de tenir aux erreurs d'origine, il se rendit dans cette ville, et prêcha en présence de cet
évêque contre l'
origénisme.
Son discours fut mal accueilli. Il se retira donc dans la solitude de
Bethléem, où était alors saint Jérôme, et donna la
prêtrise à Paulinien,
frère de ce saint docteur. Le
patriarche de Jérusalem trouva mauvais qu'un
évêque étranger vint ordonner un
prêtre dans son
diocèse. Epiphane lui écrivit pour se justifier ; mais on voit, par sa lettre, qu'il n'avait pas des idées très justes concernant la juridiction des
évêques hors de leurs
diocèses. La conduite qu'il tint à Constantinople en est une nouvelle preuve. Il alla dans cette ville, dont saint Chrysostome était
patriarche, accuser d'
origénisme quatre pieux solitaires, Dioscore, Ammonius, Eusèbe et Euthyme. On les nommait
les grands frères, à cause de la
hauteur de leur taille. Epiphane les accusa sans avoir jamais vu leurs
disciples ni leurs écrits, et refusa de communiquer avec saint Chrysostome, le défenseur et l'ami de ses
frères illustres qui eurent la gloire de mourir
martyrs de la
consubstantialité du Verbe.
Saint Epiphane mourut en 403, comme il retournait de Constantinople à Salamine. Il était âgé de 93 ans. Ce saint commit sans doute quelques fautes que l'on doit attribuer à un excès de zèle. Les plus
illustres docteurs de l'Eglise n'en louent pas moins sa doctrine, son érudition et la sainteté de sa vie.
On a de lui plusieurs écrits :
1° le
Panarium, ou le
Livre des antidotes contre toutes les hérésies, dans lequel il donne l'
histoire de vingt hérésies qui avaient paru avant Jésus-Christ, et de quatre-vingts qui s'étaient élevées après la promulgation de l'
Evangile. Cet ouvrage est instructif, la doctrine en est pure ; mais il est mal écrit. 2° L'
Anchorat, destiné à confirmer les
esprits dans la foi, suivi de l'
Anacéphaléose, qui en est une récapitulation.
3° Le Traité
des poids et mesures des Juifs, où il y a beaucoup d'érudition.
4° Le
Physiologue, qui contient des réflexions morales relatives aux propriétés des
animaux.
5° Le Traité des
Pierres précieuses, où il parle de celles qui étaient sur le
rational du grand
prêtre des juifs.
6° Deux
Lettres, l'une à Jean,
patriarche de Jérusalem ; nous en avons déjà parlé ; l'autre à saint Jérôme, où il lui donne avis de la condamnation des erreurs d'origine prononcée par
Théophile.
patriarche d'
Alexandrie. Tous ces ouvrages sont mal écrits ; on voit que ce saint docteur ne cherchait qu'à se mettre à la portée des
ignorants. Il a, ainsi qu'Eusèbe, l'avantage de nous avoir conservé un grand nombre de passages d'anciens auteurs dont les écrits n'existent plus. La meilleure édition des
uvres de
saint Epiphane est celle que le P. Petau donna en 1662 en grec et en latin, 2 vol. in-fol. Le Commentaire de
saint Epiphane sur le livre des
Cantiques a été découvert le siècle dernier parmi les manuscrits du
Vatican, et a paru à Rome en 1750.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 12 - Pages 521-522)
Dictionnaire universel d'histoire et de géographie de Bouillet Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 20ème édition (1866), pp. 608-609.