Biographie universelle ancienne et moderne Martin IV, élu pape le 22
février 1281, succéda à Nicolas III. Il s'appelait
Simon de Brion (et non de
Brie), et naquit au château de Montpencier, en Touraine ; il avait demeuré longtemps à
Tours, où il était
chanoine régulier et trésorier de l'
église de St-Martin. Le
pape Urbain IV, aussi Français l'avait fait
cardinal du titre de Ste-Cécile en 1261, et l'avait envoyé deux fois
légat en France : la première fois pour demander des secours d'
argent contre Manfred, et proposer la
couronne de
Sicile à Charles d'
Anjou sous certaines
conditions ; et la seconde fois, en 1274, pour engager
Philippe le Hardi dans une nouvelle
croisade.
La nomination de
Martin IV souffrit beaucoup de difficultés ; les
cardinaux, assemblés à
Viterbe depuis six mois, étaient divisés en deux
factions, celle des Ursins, parents du dernier pape,
ennemis du roi Charles d'
Anjou, et celle de ce prince, à la tête de laquelle étaient les Annibaldi, dont la famille était la plus puissante de Rome. Richard, chef de cette famille, fit soulever le peuple de
Viterbe et mit en prison les deux
cardinaux, Matthieu et
Jourdain des Ursins. Les autres, intimidés et plus dociles, se déterminèrent enfin à nommer le
cardinal Simon, qui résista à son élection jusqu'au point de faire déchirer son manteau quand on voulut le revêtir de celui de pape. Il prit le nom de
Martin IV, et dans sa personne finit cette confusion de nom avec celui de
Marin.
La ville de
Viterbe ayant été interdite à cause de la violence exercée contre la personne de deux
cardinaux, le nouveau pape se retira à Orviète ; mais il envoya deux
légats à Rome pour obtenir le titre de sénateur. Cette innovation, qui faisait du souverain temporel de la ville un magistrat, parut alors à
Martin IV la mesure la plus convenable, dans les circonstances, pour qu'il pût y rentrer avec sécurité.
Un des premiers actes de son
pontificat fut l'
excommunication de Michel
Paléologue, empereur d'Orient, dont il refusa même de recevoir les ambassadeurs (1281). Mais bientôt les événements de la
Sicile attirèrent toute l'attention du pape. L'horrible massacre des Français
(29 mars 1282) connu dans l'
histoire sous le nom de
Vêpres siciliennes
excita la douleur et la vengeance de Charles, qui se concerta avec la cour de Rome pour tâcher de ramener le royaume sous son obéissance.
Martin IV lança des
anathèmes contre les auteurs du meurtre et de la révolte ; il excommunia Pierre d'
Aragon, qui avait secrètement favorisé tous ces désordres. On négocia avec les
Siciliens ; tout fut inutile ; le clergé et le peuple se jouèrent des censures. Ils répondirent aux négociations par des propositions dérisoires ou inexécutables. Le pape publia une
croisade contre le roi d'
Aragon, donna même son royaume d'
Aragon à
Philippe le Hardi ; mais rien ne put rétablir les affaires du roi Charles, qui mourut de chagrin au commencement de 1285 ; sa mort précéda de peu de temps celle de
Martin IV.
Le
jour de Pâques de la même année, après
avoir célébré l'office, il se sentit incommodé, et le mercredi suivant, 28 mars, il expira après un
pontificat de quatre ans, un mois et sept
jours. Il eut pour successeur
Honorius IV.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 27 - Pages 115-116)