Biographie universelle ancienne et moderne Jules III, élu pape le 08
février 1550, succéda à
Paul III. Il s'appelait le
cardinal del
Monte.
Son nom de famille était
Jean-Marie Giocchi. Il était né à Rome, mais d'une origine obscure.
Son élection souffrit des lenteurs qui durèrent plus de deux mois. Trois
factions divisaient le sacré
collège : celle des Français, celle des Impériaux, et celle des créatures du dernier pape, à la tête de laquelle se trouvait le
cardinal Farnèse, neveu de
Paul III. Ce fut à lui que
Jules III dut principalement son
exaltation. Le
cardinal Pole avait cependant presque toutes les voix ; mais sa nomination fut remise du soir au lendemain, et ce fut del
Monte qui l'emporta. Il avait été envoyé par
Paul III, en qualité de
légat, au
concile de Trente, et s'y était distingué par la fermeté de son caractère et la sévérité de ses principes.
Devenu pape, il ne montra pas les mêmes qualités. Des
goûts frivoles et l'attrait des plaisirs corrompirent son
esprit et son cur. Si l'on en croit de
Thou (sur la foi de quelques écrivains
protestants, cités par Bayle), rien ne lui fit plus de tort que la faiblesse qu'il eut de donner le chapeau de
cardinal à un jeune aventurier, domestique dans sa maison, et qui n'y avait eu d'autre emploi que de soigner un singe. Cette nomination révolta tous les gens sages ; mais les représentations furent inutiles. Le
concile de Trente avait été interrompu par la mort de
Paul III. Jules fit reprendre les sessions à la demande de l'empereur ; mais elles furent suspendues de nouveau, au bout de quelque temps, à cause de la guerre qui s'approchait des murs de la ville.
Jules III, par reconnaissance, avait mis Ottavio Farnèse en possession du
duché de Parme ; mais le
duc voulut y
joindre celui de
Plaisance, et Charles-Quint s'y opposa. Le
duc réclama la protection du roi de France Henri II ; et ce fut l'origine d'une guerre sérieuse entre les deux monarques.
Jules III se déclara contre Farnèse ; et le parti que la France venait de prendre l'irrita tellement, qu'il menaça d'excommunier le roi et de mettre le royaume en interdit. Henri II, de son côté, défendit d'envoyer de l'
argent à Rome, d'y solliciter des
bulles, et ne permit pas à ses
évêques de se rendre au
concile. Cette résolution calma la colère de Jules, qui révoqua ses censures et travailla même à réconcilier l'empereur avec le roi. Jules ne parut pas se mettre en peine de faire reprendre les sessions du
concile, qui avaient été interrompues, ainsi qu'on l'a déjà vu ; mais il empêcha les nouvelles erreurs de pénétrer en Italie, et réconcilia le
saint-siège avec l'Angleterre, sous le règne de
Marie.
Il mourut au
Vatican, le 23 mars 1555, dans la 64ème
année de son âge, et dans la 6ème de son
pontificat. Ses dernières occupations avaient été consacrées à l'embellissement d'une
vigne qui devint célèbre et conserva son nom. Il fut peu regretté. D'Avanson, ambassadeur de France, écrivait au
connétable, en parlant de lui, « que le peuple l'avait pleuré tout ainsi qu'il est accoutumé de faire à carême-prenant. » Il eut pour successeur
Marcel II.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 21 - Pages 306-307)