Le comte
Gilles, en latin
Ægidius, était fils de Syagrius.
Son aïeul avait possédé les plus grandes charges de l'empire.
En 456,
Ricimer,
Suève d'origine, et petit-fils de Vallia par sa mère, envoya le comte
Gilles dans les Gaules en qualité de grand maître de la milice. Dans l'exercice de cette charge, il s'acquit une telle renommée de piété et de sagesse que, lorsque les
Francs, irrités des débauches de leur Childéric, l'eurent chassé du trône, en 457, ils choisirent
Gilles pour leur chef. Ce dernier s'était attaché au parti de l'empereur Majorien ; dans la même année 457, il étouffa une
faction qui s'était formée dans les Gaules, soumit
Lyon, siège de la révolte, y mit garnison et fit reconnaître Majorien.
Cet empereur ayant été assassiné par l'ordre de
Ricimer le 07 août 431,
Gilles reprit les armes pour venger sa mort, mais
Ricimer suscita de nombreux
ennemis au comte.
Gilles fut attaqué dans une ville située sur le Rhône et courut les plus grands dangers. Théodoric, roi des
Visigoths, se rangea aussi parmi ses
ennemis, et envoya contre lui le prince Frédéric, son
frère, avec une armée. Un combat eut lieu entre les rivières de Loire et du Loiret. Le
frère du roi des
Visigoths fut battu et perdit la vie.
Gilles passa ensuite la Loire, assiégea plusieurs places, entre autres celle de
Chinon. Dans l'année 464, il envoya des ambassadeurs en Afrique pour contracter un traité d'alliance avec le roi des
Vandales. Mais des revers cruels vinrent renverser, à cette époque, la fortune brillante du comte. Les
Francs s'éaient lassés de la domination d'un étranger qui, entraîné dans de fréquentes guerres, les gouvernait avec dureté. D'un autre côté, Childéric, en quittant son trône et sa patrie, avait laissé dans les Gaules son ami et son confident Vinomadus, en le chargeant du soin de faciliter son retour. Vinomadus gagna la confiance de
Gilles et l'entraîna dans diverses démarches qui indisposèrent les
Francs. Les choses parvenues au point qu'il désirait, il envoya à Childéric la moitié d'une pièce d'or qu'ils avaient coupée en se quittant. A ce signal, l'ancien roi des
Francs revint de la
Thuringe, fut reconnu par ses sujets, et battit
Gilles.
Evaric, roi des
Visigoths, l'accabla aussi de ses armes, et le
dépouilla d'une de ses provinces.
Gilles se retira à
Soissons, où il mourut (même année 464), les uns disent empoisonné, les autres, assassiné. Il régna en tout sur les
Francs huit années.
Son fils Syagrius recueillit les débris de sa fortune, dont il ne jouit pas longtemps (Voyez
Clovis Ier). Quelques
historiens modernes ont traité de
fable le règne de
Gilles, qui n'est appuyé que sur le récit de Grégoire de
Tours, mais le docte Fréret, dans son
Mémoire sur l'origine des Français, a levé tous les doutes qui pouvaient exister sur ce point historique.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 16 - Pages 457-458)