Raimond Béranger, 34ème grand maître de St-Jean de Jérusalem, en 1365, était issu de l'ancienne maison de ce nom en
Dauphiné, que quelques
historiens font descendre des Bérenger, rois d'Italie ; et d'autres, des comtes qui avaient régné en Catalogne. Les
corsaires égyptiens qui infestaient les mers des îles de
Rhodes et de Chypre l'obligèrent à réunir ses
forces à celles du roi de cette dernière île, pour aller détruire ces
pirates dans leur propre repaire. Bérenger, à la tête de l'armée combinée, alla mettre le siège devant
Alexandrie, s'en empara après deux assauts très meurtriers, brûla tous les bâtiments qui étaient dans le port, pilla la ville, en rapporta un riche butin, et termina son expédition par le sac de Tripoli de Syrie.
Urbain V l'envoya, en 1371, en Chypre pour pacifier les troubles
de cette île, causés par la mort du roi Pierre, que ses
frères
avaient assassiné. Il tint deux chapitres généraux pour rétablir la discipline dans son ordre : dans l'un, il fut réglé que, pour l'élection du grand maître, on nommerait deux chevaliers de chaque
langue ; et dans l'autre, que le chevalier ne pourrait posséder qu'une grande commanderie, ou deux petites. Auparavant, beaucoup de chevaliers réunissaient sur leur tête plusieurs commanderies grandes et petites, négligeaient
de payer leurs responsions à l'ordre, et en employaient les revenus à
acheter la protection des princes pour se rendre indépendants, ou à
enrichir leurs familles. Cette réforme éprouva de grandes difficultés, qui furent terminées dans une assemblée convoquée à
Avignon par
Urbain V, à laquelle Béranger ne put assister, à cause de son grand âge. Ce chevalier, aussi recommandable par ses vertus que par sa valeur, mourut à
Rhodes, en 1373.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 3 - Page 698)