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Simon le Magicien

(? - ~ 64)
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      Simon le Magicien était de Gitton, bourg de Samarie. Disciple du magicien Dosithée, qui prétendait être le Messie, il s'environna lui-même de divers prestiges, et fut considéré comme un être d'une nature supérieure par les Samaritains, qui le nommèrent la grande vertu de Dieu. L'éclat des miracles des apôtres étonna Simon ; et il résolut de se faire baptiser dans l'espoir d'apprendre d'eux des secrets qui surpassaient de beaucoup les siens. Il reçut en effet le baptême du diacre Philippe, qui, trompé par les apparences, crut à la sincérité de sa conversion. Peu de temps après, les apôtres vinrent à Amarie pour imposer les mains aux nouveaux chrétiens. Simon, persuadé que c'était par un moyen magique qu'ils faisaient descendre le Saint-Esprit, leur offrit de l'argent pour obtenir le même pouvoir : « Puisse, lui dit saint Pierre, avec toi périr ton argent, puisque tu prétends en acheter le don de Dieu. » C'est de là qu'est venu le mot simonie, qu'on applique au trafic des choses saintes. Simon s'humilia, parce qu'il craignit ; mais son cœur ne fut point touché. Loin de suivre les conseils de saint Pierre, qui l'avait exhorté à la pénitence, après le départ des apôtres il s'appliqua plus que jamais à la magie. Jaloux des progrès du christianisme, il quitta Samarie et parcourut les provinces où l'Evangile n'avait point encore été prêché, dans le dessein d'y susciter des ennemis aux apôtres. Il acheta, dans la ville de Tyr, une courtisane, du même argent, dit Tertullien, dont il avait voulu acheter le Saint-Esprit. Cette femme, nommée Hélène ou Séléné, devint la complice de ses désordres et le principal instrument qu'il employa pour établir sa secte et accroître le nombre de ses partisans. Tantôt c'était ou Minerve ou la fameuse Hélène qui causa la destruction de Troie ; d'autres fois, il la présentait comme la première intelligence, la mère de toutes choses ou même l'Esprit-Saint. En un mot, cette femme était pour Simon ce que la mère Jeanne fut depuis pour Postel ; mais celui-ci n'était qu'un visionnaire, au lieu que Simon était un fourbe et un méchant. Après avoir parcouru plusieurs provinces, où par ses prestiges il fit quantité de dupes, Simon vint à Rome vers l'an 41. Si l'on en croit, dit Tillemont, les plus illustres et les plus anciens auteurs de l'Eglise, il y fut adoré comme un dieu par le sénat même ; et on lui érigea, dans l'île du Tibre, ainsi qu'à son Hélène, des statues sous les noms de Jupiter et de Minerve. D'habiles critiques contestent ce fait et prétendent que la statue trouvée dans le lieu où l'on dit qu'était celle de Simon, ne portait point son nom, mais celui de Semo-Sancus, divinité romaine. Alarmés des succès de cet imposteur, saint Pierre et saint Paul se rendirent à Rome pour opposer leurs prédications à celles du faux apôtre. Simon, voulant donner une preuve éclatante de sa puissance, prit l'engagement de s'élever en l'air dans un char de feu ; mais il tomba et mourut des suites de cette chute vers l'an 64. Suivant Arnobe, Simon se cassa seulement les jambes ; mais il ne put survivre à la honte et à la douleur, et se jeta par la fenêtre de la maison où ses disciples l'avaient transporté. Plusieurs auteurs disent qu'il fut précipité par l'effet des prières des apôtres (1) ; mais on s'accorde généralement à reconnaître que ce fait est apocryphe. Quoi qu'il en soit, la mort de cet imposteur ne fut point le terme de sa secte ; elle a subsisté jusqu'au commencment du IVème siècle, et même jusqu'au Xème siècle, suivant Moïse Barcepha ; mais, à cette époque, elle ne se composait que d'un très petit nombre de personnes.
      Simon avait écrit plusieurs discours, qu'il intitula Contradictoires, parce qu'il s'efforçait d'y contredire les vérités de l'Evangile. On n'en connaît que des fragments recueillis par Grabe dans le Spicilegium SS. Patrum, tomer 1er, pp. 305-312. La doctrine de Simon était un mélange confus d'idées platoniciennes et d'extravagances monstrueuses. Dieu, disait-il, n'a pas produit le monde immédiatement. S'il eût créé lui-même l'homme, il lui aurait prescrit des lois dont il ne se serait point écarté, et aurait prévenu sa chute ; l'univers, tel que nous le voyons, est donc l'ouvrage d'une intelligence secondaire, bornée dans ses moyens, et qui n'a pu donner à son ouvrage la perfection qu'elle n'avait pas. Touché de l'état d'abaissement et d'humiliation où le genre humain languissait par suite de son ignorance, Dieu avait enfin résolu de le rendre libre en l'éclairant ; et c'était Simon qu'il avait choisi pour ce grand dessein ; ou, pour parler son langage, il était tout ce qui est en Dieu. Il avait accompli sa mission en retirant d'un lieu de débauche Hélène, c'est-à-dire l'intelligence ou l'âme. Rejetant également la loi de Moïse et celle que le Christ venait d'apporter aux hommes, il avait conservé quelques-uns des préceptes de l'Evangile, tels que le baptême ; mais il l'administrait avec l'eau et le feu ; d'ailleurs, tous ses principes étaient en opposition avec ceux du chistianisme, dont il s'était déclaré l'adversaire le plus opiniâtre, et et qu'il ne cessa jamais de combattre. Suivant cet imposteur, toutes les actions étaient indifférentes. « C'est, disait-il, par ma grâce et non par leurs mérites que les hommes sont sauvés. Pour l'être, il suffit de croire en moi et en Hélène ; c'est pourquoi je ne veux pas que mes disciples répandent leur sang pour établir ma doctrine. » Simon, soutenant ses principes par des prodiges, subjuguait sans peine l'imagination de ses auditeurs ; et si l'on doit être surpris, c'est qu'un système si facile, si commode, n'ait pas eu un plus grand nombre de partisans. Les disciples de Simon avaient composé divers écrits, entre autres un intitulé La prédication de saint Paul et un évangile qu'ils appelaient le Livre des quatre coins du monde, parce qu'il était divisé en quatre parties. On peut consulter, pour plus de détails : Mich. Siricus, Pravitates Simonis magi, seu disquisitio hæresi, Giessen, 1664, in-4° ; Thom. Ittig, De hæresiarchis ævi apostolici, Leipzig, 1690, in-8° ; l'Histoire ecclésiastique de Tillemont, tome 2, p. 37 ; le Dictionnaire des hérésies du savant et judicieux abbé Pluquet, où la chute de Simon et sa prétendue statue, deux faits qui, n'étant pas rapportés dans les livres saints, sont du ressort de la critique, ont été discutés avec une grande impartialité ; enfin, Storia critica delle vite degli eresiarchi del primo secolo, par le P. Gaëtan-Maria Travasa, Venise, 1757, in-8° (2).


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(1)  La chute de Simon le Magicien à la prière des saints apôtres Pierre et Paul est le sujet d'un des plus beaux tableaux de Sébastien Bourdon, conservé à , rentoilé et réparé en 1783, mais qui n'a pas été gravé. M. Xavier Adger en a donné la description et l'analyse dans ses Considérations sur la vie et les ouvrages de Sébastien Bourdon (Paris, 1813, in-8°), p. 63.

(2)  En laissant de côté quelques anciennes dissertations du XVIIème siècle, on trouve entre autres travaux relatifs à Simon ceux de Mosheim, Dissertatio historico-theologica de uno Simone Mago ; de Tostrup, De Vita, erroribus, scriptis et morte Simonis Magi, Hafnim, 1779, in-8° ; de Ch. Ruresguth, Essai sur la vie et les écrits de Simon le Magicien, , 1839, in-4°. Tous ces écrits sont dues à des plumes protestantes.  (Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 39 - Pages 371-372)




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