Vous êtes ici : Biographies & portraits | T | Tarquin l'Ancien (Lucius Tarquinus Priscus)

Tarquin l'Ancien

(Lucius Tarquinus Priscus)
(-656, à Tarquinies, en Etrurie – -578)
Cinquième roi de Rome, de -614 à -578
© France-Spiritualités™




Biographie universelle ancienne et moderne

      Tarquin l'Ancien, cinquième roi de Rome, était originaire de Corinthe et né à Tarquinies, ville d'Etrurie, en l'an de Rome 98 (avant J.-C. 656). Comme parmi les historiens de son règne, les premiers en date ne fleurirent que quatre siècles au moins après ce prince, ils n'ont pu avoir sur sa vie que des monuments altérés et des traditions vagues et incomplètes. Il faut donc se résoudre à ne voir qu'un roman ingénieux dans ce que racontent, après des autorités si suspectes, Tite-Live, et surtout Denys d'Halicarnasse, qui jamais n'est embarrassé sur rien, et qui, pour cela même qu'il est si riche de détails sur des époques si éloignées, n'offre à son lecteur que des richesses stériles et qu'une science mensongère. C'est un point de critique que l'on croit avoir suffisamment établi dans les articles Romulus, Mutius Scævola et Servius Tullius. Démarate, père de Tarquin l'ancien, était Corinthien ; il appartenait à la famille des Bacchiades issue d'Hercule, et qui après avoir donné, pendant plusieurs siècles, des rois à Corinthe, avait fini par y former une puissante oligarchie en divisant le pouvoir entre tous ses membres. Démarate se livrait au commerce maritime et faisait de fréquents voyages en Italie, vendant aux Etrusques ce qu'il exportait de la Grèce, et important à Corinthe les denrées de l'Etrurie. Il avait acquis de grandes richesses, lorsque la tyrannie de Cypselus, qui renversa l'oligarchie à Corinthe, força Démarate à s'expatrier. Il alla se fixer à Tarquinies avec tous ses trésors, et un mariage avantageux le fit entrer dans une des premières familles de sa patrie adoptive ; son épouse lui donna deux fils, qu'il éleva dans les sciences de l'Etrurie et de la Grèce. Aruns, l'aîné, mourut ; son père inconsolable le suivit bientôt au tombeau, léguant par testament toute sa fortune à Lucumon, son second fils, au préjudice de l'enfant que laissait Aruns, et qui pour ce motif fut surnommé Egenus, le pauvre. Ainsi Denys d'Halicarnasse prend si peu la peine de donner de la vraisemblance à ses récits, qu'il fait du même homme le père le plus tendre et l'aïeul le plus injuste.
      Naturellement ambitieux ; Lucumon renonça bientôt au séjour de Tarquinies, où sa qualité d'étranger le faisait dédaigner, pour s'établir à Rome, où cette même qualité était un titre de faveur. « Chez un peuple nouveau, dit Tite-Live, un homme de talent et de cœur ne pouvait manquer de trouver sa place. » Cet historien et Denys d'Halicarnasse rapportent qu'à l'entrée de Lucumon dans Rome, un aigle, après avoir plané au-dessus de son chariot, lui enleva son chapeau et le lui remit ensuite sur la tête. Tanaquil, son épouse, instruite dans la science des augures, vit, dans cet incident merveilleux, le présage assuré de la grandeur future de Lucumon. Ce n'est pas le seul prodige de ce genre que doit présenter la vie de ce prince. Les annales romaines étaient remplies, à peu près comme les chroniques du moyen-âge, de prétendus miracles. Lucumon pouvait avoir vingt-cinq ans ; et, d'après l'opinion commune, il vint à Rome la huitième année du règne d'Ancus (627 avant J.-C.). Ce prince accueillit avec distinction un étranger qui transportait dans ses Etats de grandes richesses et de nombreux clients. Ces derniers furent réunis dans une tribu et curie particulières. Quant à Lucumon, le roi de Rome lui donna, pour lui et pour les siens, des terres à cultiver et un emplacement au sein de la ville où ils bâtirent des maisons. Tite-Live ne fait pas mention de toutes ces circonstances ; selon lui, c'est de ses propres deniers que Lucumon acheta une habitation. Ce fut alors que ce nouveau citoyen de Rome changea son nom en celui de Lucius Tarquin. Tanaquil prit, dit-on, celui de Caia Cæcilia ; mais les historiens ont persisté à ne la désigner que sous son nom toscan (1).

      Tarquin ne tarda pas à devenir, après le roi, le personnage le plus considérable de Rome par sa valeur à la guerre, sa sagesse dans les conseils, et surtout par le noble usage qu'il faisait de ses richesses. Sa bourse, toujours ouverte à ses amis comme aux indigents, n'était jamais épuisée lorsqu'il s'agissait de seconder de ses avances les entreprises du prince. Ancus, en mourant, le nomma tuteur de ses deux fils, qui touchaient, dit Tite-Live, à l'âge de puberté. Denys d'Halicarnasse, sans entrer dans aucun détail, dit simplement que comme du vivant du feu roi, Tarquin était devenu le plus illustre des Romains ; à la mort d'Ancus, il fut jugé d'une commune voix digne d'occuper le trône (an. av. J.-C. 614). A son tour, Tite-Live raconte qu'ingrate envers la mémoire de son bienfaiteur, l'homme de Tarquinies parvint, par ses intrigues, à se faire adjuger la couronne au détriment de ses pupilles. Il sut les éloigner de Rome le jour de l'élection, sous prétexte d'une partie de chasse. « Avant lui, ajoute cet historien, personne n'avait encore brigué la royauté : c'est lui qui le premier imagina de haranguer le peuple pour se concilier les suffrages. » Le seul motif qui puisse faire paraître moins odieuse l'action de Tarquin, c'est que le trône à Rome n'était pas héréditaire. Au reste, Tarquin ne fut pas le premier étranger qui eût régné sur l'Etat romain ; déjà Tatius et Numa, tous deux Sabins, avaient occupé le trône, et Tarquin lui-même devait avoir pour successeur un étranger en la personne du latin Servius Tullius. Cicéron, dans son Traité de la République, est d'accord avec Tite-Live sur la manière dont Tarquin s'éleva au trône.
      Le nouveau roi devait la couronne à la faveur pulaire ; pour continuer à se rendre agréable aux plébéiens, il tira de leur ordre cent hommes distingués par leur courage et leur aptitude aux affaires publiques, les fit patriciens et les promut au rang de sénateurs. On les appela pères des nouvelles familles, patres minorum gentium, pour les distinguer des anciens sénateurs, appelés pères des anciennes familles, patres majorum gentium. Les vestales, préposées à la garde du feu éternel, n'étaient que quatre ; Tarquin en porta le nombre à six. Par ses soins, la grande place de Rome fut entourée de boutiques, qu'il concéda à des particuliers. Avant lui, les murs de cette ville étaient construits de pierres brutes posées sans art les unes sur les autres ; il y substitua des pierres de taille bien polies et dont chacune faisait la charge d'un chariot. Il bâtit ces égouts qui subsistent encore aujourd'hui, et au prix desquels Rome, au faîte de sa puissance, n'avait rien de plus magnifique (2). Il avait voué, pendant une guerre contre les Latins, un temple à Jupiter Capitolin ; il commença d'en jeter les fondements sur le sommet du mont Tarpéien, dont il fit une immense esplanade « comme si, dit Tite-Live, il eût présagé dès lors que ce temple recevrait un jour les vœux de tout l'univers. » Romulus, Numa, Ancus Marcius, avaient fait entrer dans leur système religieux les divinités grecques concurremment avec les divinités celtiques ; et depuis la fondation de Rome, on n'avait pas vu de simulacres dans les temples. On a prétendu que Tarquin, adorateur des divinités grecques, les proposa à l'adoration des Romains, sous les formes nobles, gracieuses et terribles que devait leur donner le ciseau des sculpteurs grecs et toscans. C'était une grande révolution dans le culte des Romains, et les auteurs qui ont écrit sur cette partie de l'histoire romaine ne l'ont point assez remarqué (3). Parmi les ouvrages de Tarquin, il ne faut pas omettre le grand cirque, dont il traça l'enceinte, si l'on en croit Tite-Live. qu'il ne fit qu'embellir, selon Denys d'Halicarnasse, et qui devait être un jour l'un des plus beaux de la ville de Rome.

      Ce prince doubla deux fois le nombre des chevaliers. Il les porta d'abord à douze cents, puis à deux mille quatre cents, après avoir subjugué les Eques. Cicéron, en consignant dans son traité De la République ces détails, qui ne contredisent nullement les récits de Tite-Live et de Denys d'Halicarnasse, ajoute que l'ordre équestre reçut de Tarquin la forme qu'il devait conserver jusqu'à son temps ; mais ici il faut sortir de l'histoire pour rentrer dans la fable. Tarquin voulut changer les anciens noms de Titienses, Rhamnenses et Luceres, donnés par Romulus aux trois centuries équestres. Selon d'autres, il prétendit les diviser en trois nouvelles tribus ou centuries, pour leur donner son nom et ceux de deux de ses amis ; mais il en fut empêché par Attus Nævius, célèbre augure, initié à tous les secrets divinatoires des Etrusques. Le roi parut fort irrité de cette opposition ; il taxa même ce prêtre d'imposture. Annonçant aux Romains assemblés dans la place publique qu'il va le confondre, il mande Nævius à son tribunal. L'augure approche : « Il est temps, lui dit Tarquin, de nous donner des preuves de ta science. J'ai dans l'esprit un dessein de difficile exécution ; je veux savoir s'il est possible de l'accomplir. » Le devin consulte le vol des oiseaux et répond que la chose est faisable. « Te voilà convaincu d'imposture, lui dit le roi, en montrant un caillou et un rasoir qu'il tenait cachés sous sa robe ; car je songeais à couper ce caillou avec ce rasoir. » Tous les assistants de rire aux dépens de l'augure, qui, sans se déconcerter, répliqua : « Eh bien, donnez le coup de rasoir, et la pierre sera tranchée. » Le roi fait l'essai : le fer divise le caillou en deux et blesse même la main qui le tient. L'admiration de la foule succède aux railleries contre l'augure. Tarquin paraît confus à son tour. Il comble de faveurs Nævius et lui fait élever une statue d'airain. On la voyait encore sur la place publique du temps de Cicéron, de Tite-Live, de Denys d'Halicarnasse et même de Pline. La pierre et le rasoir furent enfermés tout à côté, sous un autel appelé putéal. Si l'on veut bien considérer que Tarquin avait tout exprès sous sa robe une pierre et un rasoir, on reconnaîtra facilement que cette scène était concertée d'avance, afin d'inspirer au peuple une foi entière aux augures. Le roi et Nævius y réussirent à souhait ; car, d'après le témoignage unanime des historiens, la dignité d'augure obtint désormais à Rome une telle considération, que, soit dans la paix, soit dans la guerre, rien ne se fit plus sans qu'on eût recours aux auspices.

      Tarquin eut souvent les armes à le main. Sa première guerre eut lieu contre les peuples du Latium. Il prit d'assaut la ville d'Apioles et célébra sa victoire par des jeux, avec plus d'appareil et de magnificence que les rois ses prédécesseurs. Le spectacle consistait en combats du ceste et en courses de chevaux. La plupart des acteurs, dit Tite-Live, étaient tirés de l'Etrurie. Une irruption subite des Sabins occupa de nouveau les Romains. Dans un premier combat, la victoire fut indécise et la perte de ceux-ci considérable. Tarquin, l'attribuant à l'infériorité de sa cavalerie, donna, comme on l'a vu, tous ses soins à l'augmentation du nombre des chevaliers. Cette opération faite, le roi de Rome livra une seconde bataille aux Sabins, et grâce au succès d'un stratagème, il remporta une victoire signalée. Les vaincus lèvent de nouvelles troupes et vont au devant de Tarquin. Ils sont battus une seconde fois et demandent la paix. Ils l'obtiennent en cédant Collatie avec son territoire. Tite-Live nous a conservé la formule de cette cession. Ce document peut, jusqu'à un certain point, être considéré comme un monument authentique du règne de ce prince. Tarquin donna le gouvernement de Collatie au fils de son frère Aruns. Après avoir triomphé des Sabins, le roi de Rome tourna ses armes contre les Latins ; toute cette guerre se passa en actions partielles et surtout en sièges de places ; mais ses résultats furent importants, s'il est vrai que Tarquin prit alors les villes de Cornicule, de Ficulnée, de Camérie, de Crustumère, d'Amériole, de Médullie et de Nomente, avec leurs dépendances. Ce fut à la suite de ces utiles acquisitions qu'il se vit en état d'entreprendre, pour l'embellissement et l'assainissement de Rome, ces immortels ouvrages dont on a déjà parlé, et qui furent tels, dit Bossuet, que Rome n'en rougit pas, même elle se vit maîtresse du monde.

      Denys Halicarnasse et Tite-Live rapportent, avec des circonstances à peu près semblables, les guerres de Tarquin contre les Latins et les Sabins : mais l'historien latin ne dit pas un mot de cette longue lutte contre les Etrusques, qui, selon Denys d'Halicarnasse, dura neuf ans, et qu'il décrit avec beaucoup d'étendue. Or, comment croire que Tite-Live, si amoureux de la gloire de sa patrie, aurait négligé un point d'histoire si bien d'accord avec son plan ? Même dissentiment entre les abréviateurs ; Eutrope, Aurelius Victor, l'Epitome de Tite-Live, Cicéron, dans le Traité de la République, gardent le silence sur cette guerre, tandis que Florus, Paul Orose et les Fastes Capitolins l'ont mentionnée. Florus et Orose n'ont même parlé que de celle-là. Ils disent, l'un et l'autre, que Tarquin soumit les douze nations de la Toscane. En voyant de pareilles contradictions sur des points si importants, il faut bien se résoudre à ignorer les commencements de l'histoire romaine. Cependant, pour expliquer s'il se peut l'incontestable union des deux nations étrusque et romaine à cette époque, serait-ce s'avancer trop loin dans le champ des conjectures que de faire de Tarquin l'Ancien, non plus un exilé volontaire d'Etrurie, mais un des rois (Lucumons) de ce pays, qui, appelé à régner dans Rome au même titre que Numa, sur la seule réputation de sa puissance et de sa sagesse, aurait joint à l'Etat romain la partie de l'Etrurie sur laquelle il aurait déjà régné, soit du chef de son père, soit par son mariage avec une princesse du sang royal de la Lucumonie de Tarquinies ? On voit la puissance romaine prendre sous lui de prodigieux accroissements, qui cessent d'être invraisemblables si l'on admet que ce prince, possédant une grande domination dans son pays, établit à Rome le siège de sa souveraineté. Florus, après avoir parlé des conquêtes de Tarquin sur les Etrusques, ajoute : « De là nous sont venus les faisceaux, les robes royales, les chaisescurules, les colliers, les manteaux guerriers, la toge prétexte ; de là les robes enrichies de broderies, de là les tuniques à palmes, etc. » Si l'on en croit le témoignage d'auteurs plus dignes de foi que Florus, plusieurs de ces mêmes objets étaient connus à Rome avant Tarquin. Ce ne fut pas ce prince, mais bien Romulus qui aurait emprunté aux Toscans les douze licteurs (Denys d'Halicarnasse, Tite-Live) et la trabée ou robe royale (Pline le naturaliste). Quant aux chaises curules, aux robes ornées de palmes et de broderies et aux manteaux guerriers, etc., on n'a aucune raison de contester que leur introduction à Rome vienne de Tarquin. Ce fut aux Sabins plutôt qu'aux Etrusques que les Romains empruntèrent l'anneau qui devint l'ornement distinctif des sénateurs et des chevaliers. En effet, les Sabins qui assiégèrent le Capitole sous Romulus portaient des anneaux (Tite-Live), et selon Pline, parmi les statues des rois de Rome, on ne voyait que le Sabin Numa et Servius Tullius qui fussent représentés avec l'anneau ; la statue de Tarquin l'Ancien n'avait pas cet ornement. Pour ce qui est du char de triomphe doré et traîné par quatre chevaux, Florus paraît ne s'être pas trompé : son témoignage est d'accord avec celui de Tite-Live et de Plutarque, qui, dans la vie de Romulus, reprend Denys d'Halicarnasse pour avoir dit que ce prince triompha sur un char lorsqu'il rentra dans sa ville chargé des dépouilles opimes. Le premier des rois de Rome n'institua que le triomphe à pied, appelé petit triomphe, ovatio ; et Tarquin l'Ancien fut le premier chez les Romains qui reçut les honneurs du triomphe sur un char. Denys d'Halicarnasse, Pline et Aurelius Victor nous apprennent à quelle occasion Tarquin introduisit l'usage des toges prétextes et de la bulle d'or, ornements toscans : ce fut en faveur de son fils, à peine âgé de treize ans, qui avait tué un ennemi dans une bataille. Au reste, quel que soit parmi les sept rois celui auquel on puisse faire honneur de l'introduction à Rome de ces divers objets, il n'en reste pas moins un fait incontestable : c'est que presque tout ce qui était ancien chez les Romains était étrusque.

      Tarquin avait, pendant trente-huit ans, travaillé pour la gloire et pour le bonheur de Rome, lorsque les fils d'Ancus, après avoir attendu trente-huit ans l'heure de la vengeance, apostèrent contre lui des assassins qui le massacrèrent dans son palais, où ils s'étaient introduits sous prétexte de réclamer sa justice. On peut voir dans l'article Servius Tullíus quelles mesures actives prit Tanaquil pour empêcher les fils d'Ancus de profiter de ce crime. Ils étaient déjà allés à Suessa Pometia cacher leur honte et leurs regrets, lorsque le peuple romain, par une loi curiale, les bannit à perpétuité (an. av. J.-C. 578). Si l'on pouvait croire que tous les actes de prévoyance, de justice et de sagesse, toutes les victoires, tous les monuments que l'on attribue à Tarquin ont été réellement son ouvrage, il faudrait le mettre au nombre des plus grands et des meilleurs princes qui aient jamais régné sur les hommes. Le biographe anglais Rowe a écrit la vie de ce monarque avec beaucoup d'exactitude et de soin, comme compilateur ; mais il ne s'est montré nullement critique ; et d'ailleurs il ne quitte jamais le ton du panégyrique. Sa notice, avec sept autres du même auteur, traduites par Bellanger, se trouve imprimée à la suite de plusieurs éditions du Plutarque de Dacier.


__________________________________________________________________________________________________
(1)  Cette princesse passait pour grande magicienne ; elle n'était pas moins savante dans l'art de guérir et dans celui de conduire sa maison avec économie, que dans la science du gouvernement de l'Etat. Sa mémoire resta en vénération chez les Romains pendant plusieurs siècles. Selon Tite-Live, on conservait à Rome des ouvrages de ses mains. Varron assurait qu'il avait vu dans le temple de Sancus la quenouille et le fuseau de Tanaquil, chargés de la laine qu'elle avait filée ; et que l'on gardait dans le temple de la Fortune une robe royale qu'elle avait faite, et que Servius Tullius avait portée. Pline. qui rapporte ce fait, ajoute que c'était à cause de cela que les Rornaines qui se mariaient étaient suivies d'une personne tenant une quenouille et un fuseau garnis de laine. Il dit aussi que cette reine fut la première qui fit de ces tuniques tissues que l'on donnait aux garçons quand ils prenaient la robe virile. On attribuait de grandes vertus à sa ceinture, où l'on supposait que Tanaquil qui avait trouvé d'excellents remèdes contre les maladies, les avait enfermés. C'est pourquoi, selon Sextus Pompeius Rufus, ceux qui allaient en enlever quelques raclures se persuadaient qu'elles leur apporteraient la guérison. Saint Jérôme observe que Tarquin l'Ancien était moins connu que son épouse. La vertu insigne da cette reine, ajoute-t-il, est trop avant imprimée dans la mémoire de tous les siècles pour en être jamais effacée. Il paraît, d'après Juvénal, Ausone et Sidoine Apollinaire, qu'elle était fort impérieuse, et que les anciens donnaient le surnom de Tanaquil aux femmes qui menaient leurs maris : au reste comme, de la part de l'épouse du premier Tarquin, cet empire tournait au bien des sujets et à la gloire de son mari, il ne faut pas en faire à cette reine un sujet de reproche. Bayle, dans son Dictionnaire, a consacré un article curieux à Tanaquil (Voyez Servius Tullius, et Tarquin le Superbe).

(2)  Fergusson, dans son Histoire de la république romaine, ne pouvant croire qu'un tel ouvrage appartînt a un peuple naissant, l'attribue à un peuple antérieur qui avait joui d'une grande puissance dans un temps inconnu ; mais, d'après l'opinion du savant antiquaire Scipion Maffei, éeat Rome elle-même qu'il faut regarder comme fort antérieure à l'origine qu'on lui prête ordinairement.

(3)  Beaufort, dans sa République romaine, publiée en 1886, présente à cet égard des détails très curieux (livre Ier, chap. Ier et 2).  (Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 41 - Pages 23-26)


Un lien vers cette page se trouve dans la page suivante :



Site et boutique déposés auprès de Copyrightfrance.com - Toute reproduction interdite
© 2000-2024  LB
Tous droits réservés - Reproduction intégrale ou partielle interdite