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Alcuin

(v. 735, dans le comté d'York - 19 mai 804, à l'abbaye St-Martin de Tours)
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      Alcuin, écrivain célèbre du VIIIème siècle, né dans le comté d'York vers 735, ou, selon d'autres, près de Londres, fut élevé par le vénérable Bède, et par Ecbert, archevêque d'York, dont il fut le bibliothécaire, et devint abbé de Cantorbéry. Sa réputation passa les mers ; Charlemagne, qui avait eu occasion de le voir à Parme, l'engagea à venir en France, et, pour l'y fixer, lui donna les abbayes de Ferrières en Gâtinais, de St-Loup à Troyes, et le petit monastère de St-Josse. Voulant le tenir auprès de sa personne, il le fit son aumônier, et prit de lui des leçons de rhétorique, de dialectique et des autres arts libéraux. C'est de cette époque (780) qu'il faut dater l'établissement de l'école nommée Palatine, parce qu'elle se tenait dans le palais même où, sous la direction d'Alcuin, les plus habiles instituteurs du temps formaient l'élite de la jeunesse de l'empire ; école qui fleurit sous ses successeurs, et à laquelle l'université de Paris se rattache par une succession de maîtres non interrompue. A cette école, Alcuin joignit une bibliothèque et une sorte d'académie, dont Charlemagne ne dédaigna pas de faire partie, et dont chaque membre emprunta le nom d'un personnage de l'antiquité. Charlemagne y prit celui de David, et Alcuin, celui de Flaccus Albinus. Alcuin repassa en Angleterre ; où il fit un séjour de trois ans ; mais il revint en 792 en France, pour n'en plus sortir. Ce fut alors qu'il fonda, sous les auspices du prince, plusieurs écoles florissantes, à Aix-la-Chapelle, à Paris, etc. Bientôt il joignit, au titre de restaurateur des études, celui de défenseur de la foi contre Elipand, et Félix, évêque d'Urgel, qui renouvelait en Espagne les erreurs du nestorianisme. Il eut, dans le même temps, l'abbaye de St-Martin de Tours. Alcuin se trouva puissamment riche, et c'est sans doute au nombre des serfs des monastères dont il était le chef, qu'Elipand de Tolède fait allusion, lorsqu'il lui reproche d'avoir 20.000 esclaves ; mais l'éclat de ces richesses n'éblouit ni ne corrompit Alcuin.  Après avoir servi utilement son prince dans les négociations, et l'avoir accompagné au concile de Francfort, en 794, il ne cessa de demander sa retraite, sans pouvoir l'obtenir ; lorsqu'en 799, Charlemagne l'invita à le suivre à Rome, il s'en excusa sur son grand âge et ses infirmités. En 801, au retour du monarque, il ne reparut à la cour que pour le féliciter sur la couronne impériale que ce prince rapportait de Rome, et sollicita son congé avec de nouvelles instances. L'ayant enfin obtenu, il se retira dans son abbaye de St-Martin de Tours, et ouvrit une école, où sa réputation attira un grand concours d'auditeurs. Quoiqu'éloigné de la cour, il y conserva toute la considération dont il avait joui, entretint une correspondance suivie avec l'empereur et les princesses, et n'usa de son crédit que pour se dépouiller de ses bénéfices. Délivré alors de tout soin temporel, il se livra entièrement à la prière et à l'étude, et fit de sa main une copie correcte de l'Ancien et du Nouveau Testament. Ce fut dans ces pieux exercices qu'il mourut le 19 mai 804, âgé de près de 70 ans. Il avait, par humilité, voulu rester diacre toute sa vie. Ses œuvres ont été recueillies à Paris, en 1617, in-fol., par André Duchesne, qui a placé à la tête la vie de l'auteur. Depuis, M. Troben, prince-abbé de St-Emmerande, en a donné une édition plus ample, Ratisbonne, 2 vol. in-fol., 1777. Cette édition est augmentée de près de moitié par des ouvrages d'Alcuin récemment découverts, et enrichie de notes précieuses. Le père Chifflet a aussi publié un écrit intitulé : Confessions d'Alcuin, 1656, in-4°, que D. Mabillon prouve être de ce savant théologien. Fr. Pithou a placé, dans son Recueil des Rhéteurs, son dialogue sur la rhétorique, dont les interlocuteurs sont Alcuin lui-même et Charlemagne. Théologien, philosophe, orateur, historien, poète, mathématicien, Alcuin savait le latin, le grec et l'hébreu, et réunit toutes les connaissances de son temps. Sans doute ses écrits se ressentent du goût de son siècle, et ils sont loin de justifier aujourd'hui l'estime de ses contemporains, qui l'appelaient le sanctuaire des arts libéraux, artium liberalium sacrarium ; mais il st juste aussi d'insister sur les services qu'il a rendus aux lettres, dans la nuit profonde dont les ténèbres couvraient alors toute l'Europe, et sur le noble usage qu'il fit de la confiance en Charlemagne. On nous a conservé, de son intimité avec ce prince, des détails qui prouvent qu'il était capable de dire la vérité, comme le monarque était digne de l'entendre. Charlemagne disait un jour, en soupirant : « Plût à Dieu que je trouvasse douze hommes aussi savants que Jérôme et Augustin ! – Comment, répondit Alcuin, le Créateur du ciel et de la terre, Jésus-Christ, pour annoncer son nom, n'a eu que deux hommes de cette supériorité, et vous, sire, vous osez en demander douze ! » Le trait suivant semblerait faire peu d'honneur à sa modestie, si l'on ne devait pas plutôt y voir une preuve de son discernement. Un jour, il rendait compte à l'empereur des soins qu'il donnait à l'instruction de ses sujets : « Je ne prodigue pas à tous, disait-il, les trésors que je possède ; je les partage. Je frotte les lèvres de l'un du miel des saintes Ecritures ; j'enivre l'autre du vin vieux de l'histoire ancienne ; je nourris un troisième des fruits de la grammaire ; je fais briller aux yeux du dernier les scintillations des étoiles. Chacun a son lot, et doit s'en contenter. »  (Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 1 - Page 373)




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