Biographie universelle ancienne et moderne Alexandre Balas, roi de Syrie, se disant fils d'Antiochus Epiphanes, n'était, selon les
historiens les plus dignes de foi, qu'un aventurier et un fourbe, étranger à la race des
Séleucides. La politique et la haine se servirent de lui pour renverser Démétrius Soter, roi de Syrie, qui s'était rendu odieux à ses sujets et aux rois ses voisins. Démétrius avait contre lui, non seulement les rois de Cappadoce, de Pergame et d'Egypte, mais encore le sénat romain, et surtout un certain
Héraclide,
frère de Timarque, gouverneur de Babylone, qu'il avait exilé à
Rhodes. Cet homme audacieux et rusé se concerta secrètement avec les
ennemis de Démétrius, pour lui susciter un adversaire dangereux ; il choisit à
Rhodes un jeune homme d'une
extraction basse, nommé Balas ; et,
après lui avoir appris à jouer le rôle auquel il le destinait, il le fit passer pour fils d'Antiochus Epiphanes, et réclama ses droits à la
couronne de Syrie. Il conduisit Balas à Rome avec Laodice, véritable fille d'Antiochus, qui, s'étant laissé gagner, servit à donner à l'imposture un
air de vraisemblance. Le sénat, charmé de trouver une occasion de se venger de Démétrius, reconnut Balas pour fils d'Antiochus, lui permit, par un décret, de faire valoir ses droits, et recommanda aux alliés du peuple romain de l'aider dans cette entreprise. Polybe, qui alors se trouvait à Rome, assure que toute la ville était convaincue de l'imposture de Balas, et que la surprise fut extrême lors de la publication du décret en faveur de cet aventurier.
Précédé en Syrie par les ordres du sénat, l'imposteur fut joint bientôt par des troupes nombreuses, que lui envoyèrent successivement Ariarathe, Ptolémée et Attale. Lorsqu'il se fut rendu maître de Ptolémaïde, les Syriens mécontents vinrent encore grossir son armée. Démétrius marcha contre lui, et
gagna la première bataille ; mais l'imposteur reçut de nouveaux secours, et, soutenu par les Romains et par Jonathas, grand
prêtre des Juifs, il marche lui-même contre Démétrius. Dans une seconde bataille, en l'an 151 avant J.-C., il lui arracha la
couronne et la vie, et resta maître du royaume syrien. L'heureux imposteur envoya aussitôt une ambassade à
Ptolémée, roi d'Egypte, pour lui demander en
mariage sa fille Cléopâtre, qui lui fut accordée.
Enivré alors de tant de succès, il ne songea plus qu'à satisfaire son penchant pour l'oisiveté, le luxe et la débauche, laissant tout le poids des affaires à son favori Ammonius, homme ombrageux et féroce, qui fit gémir les Syriens sous un despotisme cruel. Le fils de Démétrius profita alors de l'indignation publique pour rallier une foule de mécontents. Il se mit en devoir de marcher contre l'usurpateur, qui, effrayé de la défection des Syriens, se hâta d'appeler à son secours Ptolémée, son beau-père. Ce prince s'avança en Syrie avec une armée puissante ; mais, arrivé à Ptolémaïde, il s'empara de cette place et de plusieurs autres, et se déclara contre son gendre, qu'il accusa d'avoir attenté à sa vie. Les
historiens sont partagés sur cette circonstance. Les uns croient à la réalité de ce complot ; d'autres assurent que Ptolémée ne fut dirigé que par l'ambitieux projet de réunir sur sa tête les
couronnes de Syrie et d'Egypte. Quoi qu'il en soit, s'étant uni au jeune Démétrius, il fit
épouser à son nouvel allié sa fille Cléopâtre, qui abandonna sans peine l'imposteur Balas, contre lequel les habitants d'Antioche se révoltèrent. Ce dernier était en
Cilicie, lorsqu'il apprit à la fois l'infidélité de son
épouse, la perfidie de Ptolémée, et la révolte d'Antioche. Il assembla à la hâte une armée, et s'avança vers la capitale ; mais il fut vaincu, détrôné et ensuite poignardé par un chef arabe, auprès duquel il était allé chercher un asile, et sa tête fut envoyée à Démétrius : il avait régné 4 ans.
L'auteur du 1er livre des
Machabées paraît
croire qu'
Alexandre Balas était réellement le fils d'Antiochus IV, et Polybe, qui pense le contraire, était l'ami de Démétrius Soter, ainsi qu'il l'a dit lui-même. Au reste, il est sûr qu'
Alexandre Balas n'était pas sans mérite. Il aimait les lettres, et s'entretenait fréquemment avec les savants et les philosophes : ce qui doit, au moins, faire supposer qu'
Héraclide, avant de le mettre en scène, avait soigneusement veillé à son éducation.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 1 - Page 411)
Dictionnaire universel d'histoire et de géographie de Bouillet Alexandre Bala, Rhodien, usurpateur du trône de Syrie, se fit passer pour fils d'Antiochus-Epiphane, et réussit, avec le secours de Ptolémée-Philométor, roi d'Egypte, à détrôner Démétrius-Soter, en l'an 149 avant J.-C. Il fut peu après abandonné par ce prince qu'il avait trahi, et fut lui-même détrôné par Démétrius-Nicator, 144 ans avant J.-C.
Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 20ème édition (1866), p. 44.