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Anne, duc de Joyeuse

(1561 - 20 octobre 1587, Coutras)
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Biographie universelle ancienne et moderne

      Anne de Joyeuse, amiral de France, né vers 1561, s'éleva rapidement, par son crédit auprès de Henri III, au plus haut degré de fortune qu'ait jamais atteint un particulier. Il joignait à toutes les grâces de la jeunesse beaucoup d'habileté pour les exercices du corps ; il avait un caractère doux, de l'esprit, de la libéralité, et commandait l'affection de ses rivaux. Il était connu sous le nom d'Arques, et il se signala, en 1580, au siège de la Fère, où il reçut un coup de mousquet qui lui brisa la machoire. Le roi récompensa sa bravoure en érigeant pour lui le vicomté de Joyeuse en duché-pairie, avec la clause qu'il précèderait les anciens ducs, à part ceux du sang royal ; il obligea en même temps ce favori de renoncer à l'alliance qu'il projetait avec Marguerite de Chabot, très riche héritière, et lui fit épouser Marguerite de Lorraine, sœur de la reine. Les noces du duc de Joyeuse furent célébrées avec une magnificence jusqu'alors sans exemple ; les seules fêtes données par le roi à cette occasion coûtèrent plus d'un million deux cent mille écus, somme d'autant plus exorbitante que le royaume était ruiné par les guerres civiles (1). Maurice Poncet, l'un des plus célèbres prédicateurs du siècle, tonna en chaire contre cette profusion. Quelques jours après, le duc de Joyeuse l'ayant rencontré, lui dit en colère : « J'ai fort ouï parler de vous, et de ce que vous faites rire le peuple dans vos sermons » ; à quoi messire Poncet répondit froidement : « C'est raison que je le fasse rire, puisque vous le faites tant pleurer pour les subsides et dépenses grandes de vos belles noces. » Le duc se retira sans oser le frapper, comme il en avait envie ; car le peuple, qui s'était rassemblé autour du prédicateur, l'en aurait fait repentir (Brantôme).

      Chaque jour voyait s'accroître la faveur du duc de Joyeuse : le comte de Retz lui offrit, pour se faire un mérite auprès de lui, la charge de premier gentilhomme de la chambre, qu'il paraissait désirer. Le roi, qui avait assigné à l'épouse de Joyeuse une dot égale à celle des filles de France, lui donna, bientôt après, la belle terre de Limours, près de Montlhéry, et acheta pour lui, en 1582, du duc de Mayenne, la charge d'amiral. L'ambition de Joyeuse ne fut pas encore satisfaite ; il sollicita le gouvernement du Languedoc : mais le maréchal de Montmorency, qui en était pourvu, rejeta toutes les propositions du favori, et le roi ne voulut pas consentir à dépouiller un de ses plus fidèles serviteurs.

      Le duc de Joyeuse alla, en 1585, à Rome, pour solliciter du pape la permission d'aliéner quelques domaines ecclésiastiques, et en même temps l'échange du comtat Venaissin contre le marquisat de Saluces : il y fut accueilli avec les égards dus à sa naissance et à son titre d'allié du roi, mais il ne put rien obtenir que la promesse d'un chapeau de cardinal pour son frère, l'archevêque de Narbonne. On assure qu'il essaya de rendre suspecte au pape la religion du duc de Montmorency : mais ce moyen odieux ne lui réussit point, et comme il voulait avoir un gouvernement, il fut obligé de se contenter de celui de Normandie.
      Le duc de Joyeuse était entré dans la ligue formée en apparence contre les protestants ; mais il ne tarda pas à prévoir les conséquences qu'elle pourrait avoir pour l'autorité royale : il engagea le faible Henri III à dissiper cette association, et lui offrit tout ce qu'il possédait d'argent et de pierreries pour acheter des partisans. Ennuyé de son oisiveté, et brûlant de se signaler contre les ennemis de la religion (2), Joyeuse sollicita et obtint, au préjudice du duc d'Aumont, le commandement d'une armée dans le Gévaudan : il y remporta quelques légers avantages sur les protestants, et cet homme, d'un caractère si doux, se montra cruel pour la première fois envers des ennemis vaincus. Il passa, en 1587, à l'armée de Guyenne. Déjà il s'était aperçu que son crédit diminuait auprès du roi ; on lui manda que le duc d'Epernon l'avait remplacé dans le cœur de Henri III : il revint à la cour sous le prétexte de presser l'envoi des munitions dont l'armée manquait, mais pour juger par lui-même de la vérité de ce qu'on lui avait écrit, et après s'en être convaincu, il retourna en Guyenne désespéré. il se hâta de joindre le roi de Navarre dans la plaine de Coutras, et lui présenta le combat le 20 octobre 1587. L'avant-garde des protestants fut enfoncée à la première charge ; mais elle se rallia, et la valeur de Henri décida bientôt la victoire (Voyez Henri IV). Le duc de Joyeuse, blessé dans la mêlée, fut rencontré par Saint-Luc, qui lui demanda ce qu'il était à propos de faire : « De mourir », répondit-il. Quelques instants après il trouva la mort qu'il désirait : cependant on assure qu'il offrit cent mille écus pour se racheter, mais que les protestants le tuèrent de sang-froid, en représailles de la cruauté avec laquelle il avait traité les leurs au mont St-Eloi.

      Henri III réclama le corps du duc de Joyeuse, et lui fit faire de magnifiques funérailles dans l'église des Augustins de Paris. Rose, évêque de Senlis, et ligueur fameux, prononça son oraison funèbre, dans laquelle on trouve beaucoup d'allusions satiriques.


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(1)  On trouvera de grands détails sur ces fêtes dans le Journal de Henri III, par l'Estoile, t. I., p. 331 et suiv. Voyez aussi l'article Baltasarini.

(2)  L'Estoile prétend que le duc de Joyeuse avait à la cour la réputation de manquer de courage, et que le roi lui dit qu'il ferait bien de se laver de cette tache ; mais on a vu dans cet article que Joyeuse avait déjà fait la guerre avec distinction. Le Laboureur assure, au contraire, qu'il n'accepta le commandement de l'armée de Guienne que pour effacer les soupçons qu'on avait de sa religion. (Addition aux Mémoires de Castelnau, t. 2, p. 54.) Certainement jamais soupçons n'avaient été plus mal fondés. On a donc préféré suivre de Thou, qui dit formellement que ce fut l'ennui des plaisirs de la cour qui détermina le duc de Joyeuse à solliciter un commandement.  (Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 21 - Pages 275-276)



Dictionnaire M. Bescherelle

Né en 1581, mort en 1587. Favori de Henri III, qui le combla de faveurs, et lui donna en mariage la sœur de la reine, Marguerite de Vaudemont-Lorraine. Il fut chargé de la guerre contre les huguenots, et mouruts à la bataille de Coutras.Né en 1581, mort en 1587. Favori de Henri III, qui le combla de faveurs, et lui donna en mariage la sœur de la reine, Marguerite de Vaudemont-Lorraine. Il fut chargé de la guerre contre les huguenots, et mouruts à la bataille de Coutras.  M. Bescherelle, aîné, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française - Volume II (G-Z) (1856), p. 299.


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