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Apollonius de Tyane

(Début du Ier siècle, à Tyane - 97, à Ephèse)
Philosophe néo-pythagoricien et théurge
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Biographie universelle ancienne et moderne

      Apollonius de Tyanes, philosophe pythagoricien, naquit dans les premières années de l'ère chrétienne, à Tyanes, ville de Caappadoce. L'imagination superstitieuse des peuples a environné sa naissance de circonstances merveilleuses. « Sa mère, dit Philostrate, étant enceinte de lui, eut une vision, dans laquelle elle vit Protée, dieu d'Egypte, qui, selon Homère, prend diverses figures. Sans s'épouvanter, elle lui demanda ce qu'elle mettrait au monde. – Moi répliqua le dieu. – Et qui êtes vous ? – Protée, dieu d'Egypte. » Suivant le même biographe, l'enfant vint au monde dans une prairie, au chant d'une troupe de cygnes qui s'étaient réunis en cercle autour de sa mère. Son père, nommé aussi Apollonius, et l'un des plus riches citoyens de Tyanes, l'envoya à Tarse, à l'âge de quatorze ans, pour y étudier, sous le Phénicien Euthydémus, la grammaire et la rhétorique. Mécontent du luxe et de l'indolence des citoyens, Apollonius obtint de son père la permission de se retirer avec son précepteur à Ægæ, ville peu éloignée de Tarse. Il y connut les diverses doctrines des philosophes, et s'attacha de préférence à celle de Pythagore. Il eut pour maître Euxenus d'Héraclée, dans le Pont ; mais cet homme ne pratiquait pas les principes qu'il enseignait ; aussi Apollonius, dont l'âme était pleine d'austérité, le quitta-t-il aussitôt qu'il eut appris de lui tout ce qu'il en pouvait apprendre.

        Fermement résolu à vivre selon les règles strictes établies par le fondateur de sa secte, il alla demeurer dans un temple consacré à Esculape et fameux par les miracles que le dieu de la santé y opérait en faveur des malades. Il s'abstint, d'après les institutions de Pythagore, de toute nourriture animale, et ne vécut que de fruits et d'herbes, ne but point de vin, et ne s'habilla que de toile, évitant de se servir de tout vêtement formé de substances animales. Il marchait pieds nus, et laissait croître ses cheveux. Les prêtres du temple lui trouvèrent des talents et des dispositions qui méritaient d'être cultivées dans leur école : ils l'initièrent dans leurs mystères. On allait jusqu'à dire qu'Esculape lui-même se réjouissait d'avoir Apollonius pour témoin de ses cures merveilleuses Nous ne voyons cependant pas qu'il ait rien tenté de miraculeux alors. Il ne fit que se servir de l'intervention des dieux, pour donner plus de force à des leçons morales. Il dit à un jeune Assyrien, malade d'intempérance, que les dieux accordaient toujours la santé à ceux qui voulaient la recevoir ; et, en lui recommandant l'abstinence, il lui rendit la santé.

      A la mort de son père, Apollonius vint à Tyanes pour l'ensevelir, ne se réserva qu'une faible portion de la succession, et revint à Ægæ, où il forma une école de philosophie. Ce fut alors qu'il parvint à ramener dans les voies de la vertu son frère, à qui il avait abandonné la plus grande partie de sa fortune. Bientôt, pour compléter son noviciat, et mériter à bon droit le titre de pythagoricien, il s'assujettit aux cinq années de silence prescrites par le philosophe à ses disciples. Pendant ce temps il visita plusieurs villes de Pamphylie et de Cilicie, sans prononcer une seule parole. Philostrate rapporte à cette époque de sa vie plusieurs faits extraordinaires ; c'est ainsi que, dans la ville d'Aspenda, quelques mots écrits sur des tablettes lui suffirent pour calmer une sédition causée par la cherté des grains. Lorsque le temps du silence fut expiré, Apollonius visita Antioche, Ephèse, et d'autres villes, se liant partout avec les prêtres. Bientôt le bruit de sa sagesse se répandit dans toute l'Asie Mineure ; de toutes parts on venait le consulter comme l'homme le mieux instruit dans tout ce qui concernait le culte des dieux, les cérémonies, les sacrifices, les oracles. Il recommandait le respect des anciens, condamnait les nouveautés, s'efforçait de ramener la religion à sa pureté et à sa simplicité primitives. Il annonçait sa doctrine d'un ton d'autorité, et lorsqu'on lui en demandait la raison, il répondait : « Quand j'étais jeune, je cherchais la vérité ; maintenant je dois enseigner ce que j'ai appris : un sage doit parler en législateur, et ordonner au peuple la doctrine qu'il embrasse. »

      Après un séjour de huit années à Antioche, il forma la résolution d'aller, comme Pythagore, visiter les mages de Babylone et les brahmes de l'Inde. Il communiqua ce dessein à ses disciples, qui étaient au nombre de sept ; mais, sans refuser de le suivre, ils manifestèrent la crainte que leur inspiraient les fatigues et les dangers d'un si long voyage. Apollonius partit sans eux et leur dit en les quittant : « J'avais cru que je trouverais dans votre cœur le même courage que dans le mien ; mon espoir a été déçu. Restez ici en paix, et étudiez paisiblement la philosophie ; moi, j'irai où la sagesse m'inspire d'aller : les dieux me conduiront. » Il quitta Antioche, suivi seulement de deux valets, et se rendit à Ninive, où le hasard lui offrit un nouveau disciple, nommé Damis, qui devint son compagnon fidèle et lui demeura attaché toute sa vie. Ce jeune homme, qui était versé dans les langues de l'Orient, fut très utile à son maître dans son voyage, et professa constamment pour lui un respect religieux qui allait souvent jusqu'à la superstition. De Ninive ils allèrent à Babylone. Comme ils passaient par une ville nommée Zeugma, le péager invita le philosophe à déclarer ce qu'il avait avec lui, afin d'en acquitter les droits. « J'ai, répondit-il, justice, constance, sagesse, tempérance, modestie, patience, magnanimité, continence et courage » Cet homme, s'imaginant avoir affaire à un marchand d'esclaves, le pria de répéter sa liste. « Ce ne sont pas des esclaves, reprit Apollonius ; ce sont mes compagnes, mes souveraines, celles aux lois desquelles je me suis soumis, et dont le conseil m'est toujours nécessaire. » Le préposé, s'apercevant de sa méprise, laissa aller le philosophe. Arrivé à Babylone, il répondit au satrape qui lui demandait d'où il venait, et qui l'avait envoyé : « Je ne reçois d'ordres de personne ; c'est moi qui m'envoie moi-même. La terre est à tous les hommes ; c'est notre patrie commune. Elle m'appartient ainsi qu'à vous, et j'ai le droit de la parcourir tout entière, sans que personne, à moins d'être un tyran exécrable, puisse s'y opposer. » A Babylone, il conversa avec les mages. En entrant dans le palais du roi, il montra son mépris pour la grandeur, en conversant avec Damis, comme s'ils eussent été en voyage, sans jeter les yeux sur les objets magnifiques dont ils étaient entourés. Apollonius n'en devint pas moins agréable au roi, qui lui offrit des présents qu'Apollonius refusa, et reçut de lui un grand nombre d'excellents conseils.

      Au bout de quatre mois employés à converser avec les mages, Apollonius prit la route de l'Inde, alors gouvernée par un roi nommé Phaortes qui résidait à Taxilas. Ce prince lui fit un accueil plein de bienveillance, et lui donna, pour le chef des philosophes, ou gymnosophistes indiens, une lettre ainsi conçue : « Le roi Phraortes, à son maître Iarchas et aux sages qui sont avec lui : Apollonius, homme très sage, pensant que vous êtes plus sage que lui, vient vous voir, pour prendre connaissance de votre sagesse. Faites-lui part librement de tout ce que vous savez, et soyez assuré que vos instructions ne seront point perdues. Il est le plus éloquent des hommes, et a une excellente mémoire. Ses compagnons aussi méritent votre bon accueil, puisqu'ils savent aimer un pareil homme. »

      Après un séjour de quatre mois parmi les Indiens, Apollonius revint à Babylone, passa de là en Ionie, et visita plusieurs villes (1). Telle était la renommée qu'il avait alors acquise, que, lorsqu'il entra dans Ephèse, les artisans même quittèrent leurs travaux pour le voir. On assure qu'il prédit aux Ephésiens l'approche d'une peste, et de plus des tremblements de terre qui eurent lieu ensuite dans l'Ionie. A Pergame, et sur l'ancien emplacement de Troie, il passa seul une nuit sur le tombeau d'Achille, et ses disciples racontèrent dans la suite que, par le pouvoir d'un sortilège qu'il avait appris dans l'Inde, il avait évoqué ce héros de sa tombe, et avait eu un entretien avec lui. A Lesbos, il conversa avec les prêtres d'Orphée. De la il fit voile pour Athènes, où il s'attacha à réformer les abus qui s'étaient introduits dans toutes les parties du culte. L'hiérophante, jaloux peut-être de son pouvoir sur la multitude, ne voulut pas le recevoir aux saints mystères, sous prétexte qu'il empruntait les secours de la magie ; cependant, peu d'années après, il fut admis. Il parla aux Athéniens de sacrifices, de prières, de la corruption de leurs mœurs, etc. Il visita encore Lacédémone, Olympie, et d'autres villes de la Grèce, obtenant partout la confiance et les hommages des peuples.

      De la Crète, Apollonius vint à Rome : Néron venait de rendre un édit pour bannir de la ville tous ceux qui pratiquaient la magie. Apollonius sentit qu'il pouvait être compris dans cette mesure, mais il n'en vint pas moins à Rome avec huit de ses compagnons : de trente-quatre qui l'avaient suivi en Italie, ils étaient les seuls qui fussent restés avec lui. Il fut conduit, le lendemain de son arrivée, au consul Télésinus, qui lui accorde la permission de visiter les temples et de converser avec les prêtres. Son biographe rapporte que, dans cette ville, il ressuscita une jeune femme. Dénoncé au préfet du prétoire pour des paroles trop libres qu'il avait prononcées contre Néron, il fut renvoyé absous ; mais peu après, un nouvel édit contre les philosophes le força de quitter Rome. Il alla visiter les pays de l'Occident, parcourut la Gaule et l'Espagne, où il excita un gouverneur de la Bétique à se révolter contre Néron. Après la mort de cet empereur, il retourna en Italie, puis en Grèce, d'où il passa en Egypte, où Vespasien cherchait à établir son pouvoir. Ce prince connut ce que valait un auxiliaire tel qu'Apollonius, ayant un grand pouvoir sur le vulgaire, et se l'attacha en le consultant comme une espèce d'oracle. En retour, le philosophe employa son influence sur le peuple en faveur de Vespasien. Pendant son séjour en Egypte, Apollonius fit un voyage en Ethiopie. A son retour, il fut reçu favorablement par Titus, qui le consulta sur des affaires du gouvernement. Sur ce que cet empereur avait refusé la couronne de la victoire, après la prise de Jérusalem, Apollonius lui écrivit cette épître laconique : « Puisque vous refusez d'être applaudi pour une victoire sanglante, je vous envoie la couronne de la modération. Vous savez à quelle sorte de mérite des couronnes sont dues. » A l'avènement de Domitien, il fut accusé d'avoir excité une sédition dans l'Egypte en faveur de Nerva, se présenta volontairement devant le préteur, et fut acquitté. Apollonius passa ensuite en Grèce, visita le temple de Jupiter Olympien, l'antre de Trophonius en Arcadie, et d'autres lieux célèbres dans les fastes religieux. Il s'établit enfin à Ephèse, où il ouvrit une école pythagoricienne, et eut plusieurs disciples. On dit (Dion Cassius, livre 57 ; Philostrate, livre 8, chap. 26) qu'au moment où Domitien périt, Apollonius, au milieu d'une discussion publique, s'arrêta, et, changeant de voix, s'écria : « Bien, bien, Stéphanus, courage ! tue le tyran. » Ensuite, après un léger intervalle, il reprit : « Le tyran est mort ; il est tué à ce moment même... » On ne pourrait expliquer ce fait, s'il est vrai, qu'en admettant qu'Apollonius était dans le secret de la conspiration.

      Après cela, on ne sait plus rien d'Apollonius, sinon que Nerva lui écrivit, lors de son avènement à l'empire, pour lui demander des conseils, et qu'il reçut de lui une réponse énigmatique, d'où on conclut que bientôt ils se retrouveraient dans un autre monde. On n'a point d'informations certaines sur le temps, le lieu et le genre de sa mort : il est probable cependant qu'il mourut à Ephèse de pure vieillesse, pendant le court règne de Nerva, ou vers l'an 97, à l'âge de 100 ans.

      Damis avait écrit des mémoires très détaillés sur son maître. Légué par lui à un de ses parents, son manuscrit devint plus tard la propriété de l'impératrice Julie, femme de Septime-Sévère. Cette princesse le confia à Philostrate, sophiste éloquent, alors en réputation, qu'elle chargea de rédiger la vie du philosophe de Tyanes. Outre ces matériaux, Philostrate mit, à ce qu'il assure, à contribution, deux autres histoires écrites par des contemporains d'Apollonius, ainsi que les traditions qu'il put recueillir en visitant les lieux parcourus ou habités par ce dernier, et en consultant ses lettres. Malgré tous ces secours, son ouvrage est plein de contradictions et de contes merveilleux qui nuisent beaucoup aux vérités auxquelles ils sont mêlés (2). Cependant, son récit fut, environ cent ans après qu'il eut paru, préféré à tous les autres par Hiéroclès, qui, le premier, voulut établir une comparaison entre Jésus-Christ et Apollonius. Eusèbe, en réfutant cette attaque contre le christianisme, admet en général le récit de Philostrate, et soutient que, d'après ce récit même, Apollonius ne mérite pas d'être comparé au Messie. L'existence d'Apollonius ne saurait être révoquée en doute, comme on l'a fait. On doit croire qu'il fut un pythagoricien sévère ; qu'il voyagea dans plusieurs contrées, et fut un philosophe parmi les sages, un magicien pour le peuple. Sa célébrité est démontrée par des preuves nombreuses. De son vivant, il fut appelé Dieu, et accepta cette dénomination, en disant que ce titre appartenait à tout homme de bien. (Philostratre, livre 8, chap. 5.)

      Après sa mort, il fut longtemps compté parmi les divinités. Les habitants de Tyanes lui dédièrent un temple ; les Ephésiens lui consacrèrent une statue, sous le titre d'Hercule Alexicacus. Adrien recueillit ses lettres ; Alexandre Sévère le choisit pour l'un de ses patrons, et célèbra en son honneur des cérémonies religieuses dans un oratoire où l'image du philosophe se trouvait avec celles des bons princes qui avaient reçu l'apothéose, et des âmes saintes, parmi lesquelles on voyait figurer celles d'Ahraham, d'Orphée, de Jésus-Christ, etc. ; Caracalla lui dédia un temple ; Aurélien ne saccagea point Tyanes, par respect pour sa mémoire ; Ammien Marcellin place ce philosophe au rang des hommes éminents qui ont été assistés de quelque démon ou génie surnaturel, tels que Socrate et Numa. Eunape, platonicien crédule et ami des fables, parle d'Apollonius comme d'un être tenant du dieu et de l'homme, et ajoute que Philostrate aurait dû intituler son histoire : la descente d'un Dieu sur terre. Apollonius réunissait le caractère d'un sage et celui d'un imposteur ; mais on ne voit pas trop que l'on puisse ajouter, avec Gibbon, celui d'un fanatique. Il ne reste, des écrits d'Apollonius, que son apologie à Domitien, donnée sans doute, tout au plus en substance, par Philostrate, et quatre épîtres, pour la plupart philosophiques, dont la doctrine tient du système d'Héraclite sur l'unité de la nature. Leur style laconique est une présomption en faveur de leur authenticité. Commelin les publia en 1601, in-8°, et H. Estienne, dans ses Epistolia, etc., en 1577. La vie d'Apollonius a été traduite en français, Berlin, 1774, 4 vol. in-12. L. Dupin avait donné (sous le nom de M. de Clairac) : Histoire d'Apollone de Thyanes, Paris, 1705, in-12 (3).


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(1)  Il rassemblait le peuple dans les lieux publics pour lui enseigner sa doctrine ; il recommandait surtout l'amour du travail, la fraternité et la communauté des biens. Son éloquence, simple et naturelle, empruntait ses effets des circonstances du moment ; elle affectait souvent les formes populaires de l'apologue, et exerçait ainsi une influence puissante sur l'esprit de la foule.

(2)  Quelques altérations qu'ait subies l'histoire d'Apollonius, le caractère et le rôle de ce philosophe n'en éclatent pas moins avec évidence. Dans leur lutte contre le christianisme, les païens l'opposaient à Jésus-Christ, et plaçaient ses miracles au-dessus de ceux du Dieu fait homme. Les premiers Pères eux-mêmes admettaient qu'Apollonius avait opéré des prodiges contraires aux lois de la nature ; seulement ils les attribuaient à la magie et au démon. Plus tard, et à mesure que le triomphe du christianisme devint plus certain, les chrétiens parlèrent avec plus d'impartialité du caractère et des vertus de ce philosophe. « Ce fut, dit saint Jérôme, un sage qui sut profiter partout où il alla, et qui revint de ses longs voyages plus savant et meilleur. » Au Vème siècle, Sidoine Apollinaire, évêque des Gaules, ne se fit pas scrupule d'écrire lui-même la vie de notre pythagoricien, dont il trace ce bel éloge dans une lettre adressée à un ami à la prière duquel il avait entrepris cet ouvrage : « Lisez, écrit-il, la vie d'un homme qui, la religion mise à part, vous ressemble en beaucoup de choses, d'un homme recherché des riches et qui n'a point recherché les richesses, qui aima la science et méprisa l'argent ; d'un homme frugal au milieu des festins, habillé de lin parmi les gens vêtus de pourpre, austère au centre de toutes les voluptés ; enfin, pour tout dire en un mot, d'un homme tel que peut-être l'historien chercherait vainement dans tout le passé une vie de philosophe comparable à la sienne.

(3)  C. L. Blottner (médecin), a publié Der entbloesste Apollonius von Tyana, u.s.w., Apollonius dévoilé d'après les nouvelles doctrines magiques, par un ami de la nature, Leipsick, 1794, in-8°, avec pl.  (Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 2 - Pages 113-116)




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