Athanaric, roi des
Visigoths, n'était encore que
juge et l'un des principaux de la nation, lorsque les Romains cédèrent aux
Goths occidentaux, ou
Visigoths, des habitations dans la Thrace.
Athanaric était extrêmement courageux ; mais son courage, dit Thémistius, le cédait encore à sa pénétration, à son éloquence et à son habileté.
Procope s'étant révolté contre Valens, et ayant pris le titre d'empereur,
Athanaric épousa sa cause, et lui envoya un
corps de 3000 hommes ; mais Procope fut vaincu, et Valens, irrité contre les
Goths, leur déclara la guerre. En vain,
Athanaric représenta qu'il avait considéré Procope comme parent de Constantin, et héritier de sa maison ; en vain il produisit des lettres qu'il avait reçues de ce prince, et allégua qu'il était venu, comme ami et allié de l'empire, au secours d'un empereur romain ; Valens marcha contre lui, et le défit en bataille rangée, vers le Danube, en 369. Les chefs des
Goths se soumirent, et payèrent leur imprudence par la perte de leurs subsides et de leurs pensions ; et l'exception stipulée en faveur d'
Athanaric fut peu honorable à ce
juge des
Visigoths, qui parut avoir ménagé dans cette occasion ses intérêts personnels ; mais ils soutint mieux ensuite sa dignité et celle de sa nation, lorsque les ministres de Valens lui proposèrent une entrevue.
Athanaric refusa de passer le
fleuve, sous prétexte que son père lui avait fait jurer de ne jamais mettre le pied sur les terres des Romains. On choisit, pour le lieu de la conférence, le Danube même. L'empereur et le
juge des
Visigoths, accompagnés d'un nombre égal de soldats, s'avancèrent chacun dans un grand bateau, au milieu du
fleuve. La paix fut conclue à des conditions peu honorables pour les
Goths, qui s'obligèrent à ne plus passer le Danube. Ils restèrent paisibles environ six ans, jusqu'à l'époque où les
Huns, descendus des régions du Nord, les chassèrent de leurs foyers, et les rejetèrent vers les provinces romaines.
Athanaric plaça alors son camp sur les rives du Niester, résolu de se défendre contre les barbares victorieux ; mais les
Huns surprirent son armée, et ce ne fut qu'à
force de courage et d'intelligence qu'il parvint à opérer sa retraite. Il avait déjà formé un nouveau plan de guerre défensive, lorsque ses
compatriotes trompèrent son espoir, et déconcertèrent ses projets. Le
corps entier de la nation s'avança vers les bords du Danube, sous la conduite de deux autres chefs, et implora la protection de l'empereur.
Athanaric, qui avait perdu tout ascendant, se retira, suivi d'une troupe fidèle, dans le pays montagneux de Caucaland, défendu par l'impénétrable
forêt de Transylvanie ; il s'y forma un établissement, et ne prit qu'une part indirecte à la guerre qui éclata bientôt entre sa nation et les Romains. Ceux-ci tremblaient au nom des
Goths, comme les
Goths avaient tremblé au nom des
Huns. La plus grande partie des
Goths avait reconnu pour roi Fritigern, et
Athanaric, retiré dans le pays de Caucaland, contempla de loin leur succès ; mais à la mort de Fritigern, il abandonna sa retraite et traversa le Danube, malgré son prétendu serment de ne jamais entrer sur les terres de l'empire. Une grande partie des sujets de Fritigern, qui sentaient déjà tous les maux de l'
anarchie, reconnurent volontiers pour roi un
juge de leur nation, dont ils respectaient la naissance et dont ils avaient éprouvé souvent l'habileté, mais l'âge avait refroidi l'audace d'
Athanaric, et au lieu de conduire les
Goths aux combats et à la victoire, il écouta la proposition d'un traité avantageux que lui fit Théodose. L'empereur alla au-devant de lui, et
Athanaric fit son entrée à Constantinople, avec Théodose, le 11
janvier 381, et y fut reçu avec magnificence. Le prince
goth contemplant l'éclat de la ville impériale,
voyant la vaste étendue de son port rempli de vaisseaux, les armes et la discipline des troupes, dit ces paroles : « Un empereur romain est un
dieu sur la terre, et le mortel présomptueux qui ose l'attaquer devient homicide de lui-même. »
Le roi des
Goths ne jouit pas longtemps de cette brillante réception. Il mourut le 25
janvier, des excès auxquels il se livra à la table somptueuse de l'empereur. Théodose le fit inhumer à la manière des Romains, et avec tant de pompe, que les
Goths, par reconnaissance pour l'empereur qui avait ainsi honoré la mémoire de leur prince, se chargèrent de garder les bords du Danube, et passèrent sous les drapeaux de Théodose, qui eut soin de les gagner par ses libéralités. Ammien fait l'éloge d'
Athanaric ; mais, selon saint Jérôme, c'était un barbare,
ennemi irréconciliable des chrétiens.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 2 - Page 350)