Baudouin IV, successeur et fils d'Amaury, était encore en bas âge lorsqu'il succéda à son père, en 1174. Il était né avec de grandes infirmités ; l'
histoire nous apprend que, pendant tout son règne, il ne fit, pour ainsi dire, que mourir.
Raymond III, comte de Tripoli, fut nommé régent du
royaume de Jérusalem pendant la minorité du jeune Baudouin. Le royaume fut bientôt agité par les prétentions de la noblesse et du clergé ; les Etats des chrétiens en Asie marchaient vers leur décadence, et Saladin, à la tête d'une puissante armée, avait quitté l'Egypte, et s'était avancé dans la
Palestine. Le jeune Baudouin, devenu majeur, alla à sa rencontre, le battit dans le voisinage d'Ascalon, et le força de se retirer sur les bords du Nil. Cette victoire ranima l'espoir des chrétiens ; mais la fortune ne tarda pas à se déclarer pour les infidèles. Saladin, irrité de sa défaite, recommença bientôt la guerre, rencontra l'armée chrétienne sur les bords du
Jourdain, dans un lieu appelé le gué de Jacob, et la tailla en pièces. Dans l'état critique où se trouva de nouveau le
royaume de Jérusalem, on demanda à Saladin une trêve, qu'il n'eût pas accordée si la famine n'eût désolé les provinces du royaume, et qu'il vendit nénamoins à prix d'
argent. Il trouva bientôt un prétexte pour la rompre, passa le
Jourdain à la tête d'une puissante armée, et mit tout à
feu et à sang. Baudouin, dont les infirmités augmentaient tous les
jours, n'était plus en état de marcher à la tête de ses troupes ; il avait perdu la
vue ; une lèpre lui avait ôté l'usage des pieds et des mains ; il laissa le commandement de l'armée chrétienne à
Gui de Lusignan, son beau-frère, qu'il avait nommé régent du royaume.
Gui de Lusignan, dont l'habileté et la bravoure étaient suspectées, ne sut point profiter de l'occasion que lui offrit la fortune, et n'osa pas attaquer les infidèles, qu'il aurait pu vaincre ; des murmures s'élevèrent contre lui parmi les chrétiens ; Baudouin fut obligé de lui retirer le commandement de l'armée et de donner le soin du gouvernement à
Raymond.
Dans cet état de choses, Baudouin fut assez heureux pour obetnir une nouvelle trêve de Saladin. On résolut de profiter de cette trêve pour demander des secours en Occident ; Héraclius,
patriarche, fut envoyé en
Europe pour solliciter une nouvelle
croisade ; mais il revint sans avoir rien obtenu. Le
royaume de Jérusalem était toujours troublé par des
factions et menacé par les Sarrasins ; Baudouin mourut dans cette fâcheuse conjoncture (1186), après avoir désigné pour successeur
Baudouin V, fils de
Sibylle, sa sur, et du
marquis de
Montferrat. Ce dernier, encore en bas âge, mourut sept mois après. Quelques
historiens disent qu'il fut empoisonné par
Raymond ; les autres, qu'il fut sacrifié à l'ambition de sa mère, qui avait épousé en secondes noces
Gui de Lusignan, auquel elle voulait assurer la
couronne de Jérusalem. Un an après la mort de
Baudouin V, cette ville tomba au pouvoir de Saladin.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 39 - Page 413)