Blanche de Bourbon, reine de Castille, fille de Pierre,
duc de Bourbon, épousa, en 1353, à l'âge de quinze ans, Pierre, roi de Castille, surnommé le Cruel. Ce
mariage fut la source des plus grands malheurs.
Don Frédéric, grand maître de St-Jacques,
frère naturel du roi, étant allé recevoir la reine à
Narbonne, les soupçons s'attachèrent dès lors à cette princesse. On prétendit qu'éprise d'une passion violente pour don Frédéric, elle avait pour lui manqué à ses devoirs. Pierre, prévenu par ces bruits injurieux, ne se rendit qu'avec répugnance à Valladolid, où son
mariage fut célébré le 03
juin de la même année ; mais, dès le lendemain, ce prince quitta brusquement son
épouse pour se jeter dans les bras de sa rivale, Maria de Padilla. Le ressentiment de la reine l'ayant portée à s'unir en secret à la
faction des
frères du roi qui troublaient la Castille, la haine de Pierre contre son
épouse ne connut plus de bornes : il déclara que son
mariage était nul, qu'il ne l'avait point consommé, jura la perte de Blanche, la fit arrêter et transférer, en 1354, à l'alcazar de Tolède. En traversant la ville, Blanche trouva moyen de s'échapper des mains de ses gardes, et de se réfugier dans la
cathédrale. Là, embrassant les autels, cette jeune reine réclama à grands cris la protection des citoyens contre la fureur d'un
époux qui en voulait à ses
jours. Le grand maître Frédéric accourut pour la défendre, mais ce secours fut inutile à la reine : Tolède fut prise d'assaut, et Blanche tomba au pouvoir de Pierre le Cruel, qui la fit transférer au château de Medina-Sidonia. Elle y périt, dit-on, par ses ordres, en 1361, à peine âgée de 24 ans. Quelques
historiens prétendent qu'elle mourut empoisonnée ; d'autres assurent que le chagrin seul abrégea les
jours de cette princesse, si célèbre par sa beauté, ses infortunes, sa fin tragique et la vengeance qu'en tirèrent les Français commandés par Duguesclin.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 4 - Page 418)