Baudouin Ier, roi de Jérusalem, était
frère de
Godefroy de Bouillon. Destiné d'abord à l'état ecclésiastique, il lui préféra bientôt le métier des armes, et lorsqu'on prêcha la première
croisade, en 1095, il prit la
croix avec son
frère. Conduit dans cette entreprise moins par la piété que par l'espoir de se faire une principauté en Asie, il chercha toutes les occasions de réaliser ses projets. Lorsque les
croisés traversaient l'Asie Mineure, et se dirigeaient vers Antioche, il fut envoyé avec Tancrède vers la
Cilicie, pour découvrir le pays, et recevoir la soumission des villes qu'il devait rencontrer sur son passage. Il eut de violents démêlés avec Tancrède, pour la possession de Tarse et de Malmistra, et ne craignit point de faire couler le sang des
croisés pour satisfaire son ambition. Peu de temps après, il fut appelé par les habitants et le prince d'Edesse : accompagné de cent cavaliers, il entra dans la ville, où il fut reçu avec enthousiasme par le peuple. Ce prince fut bientôt en butte à une
sédition dans laquelle il perdit la vie, et Baudouin, qu'il avait adopté pour son fils et désigné pour son successeur, est accusé par les
historiens d'avoir trahi en cette occasion son bienfaiteur et son père. Il fut nommé à sa place, et fonda ainsi une principauté qui resta cinquane-quatre ans entre les mains des Latins. Il ne suivit point les autres
croisés à la prise de Jérusalem ; aussi, lorsque dans le 1er livre de la
Jérusalem délivrée, l'Eternel jette un regard sur les princes
croisés, « il voit dans Edesse l'ambitieux Baudouin, qui n'aspire qu'aux grandeurs humaines, dont il est occupé tout entier. »
En l'année 1100, Baudouin abandonna le comté d'Edesse à son cousin Baudouin du
Bourg, et succéda à
Godefroy. Il n'hésita point à prendre le titre de roi que son
frère avait refusé, ce qui fait que les
historiens ont coutume de le désigner comme le premier des rois latins de Jérusalem. Ce prince fit la guerre pendant tout son règne ; souvent vainqueur, quelquefois vaincu, jamais abattu par les revers, il ne laissa de repos ni à ses soldats ni à ses
ennemis. Sous son règne, la ville de Tripoli, après un siège de plusieurs années, se rendit aux chrétiens, et fut le quatrième des établissements ou principautés fondés par les Latins en Orient. Baudouin ajouta, par ses conquêtes, au
royaume de Jérusalem, Ptolémaïs, ou
St-Jean-d'Acre,
Sidon, Bérite, et plusieurs villes de la côte de
Phénicie : il était sur le point d'entreprendre le siège de
Tyr, lorsqu'une dyssenterie le mit au tombeau, en 1118, après un règne de dix-huit ans.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 2 - Page 281)