Amaury Ier, roi de Jérusalem, succéda à son
frère Baudouin III, et fut
couronné dans l'
église du St-Sépulcre, le 18
février de l'année 1165, à l'âge de 27 ans. Doué d'un génie actif
et entreprenant, il avait des
vues grandes et souvent gigantesques, pour le chef d'un petit Etat. Vain et fier, il tenait pour le moins autant à l'
argent qu'à la gloire, et croyait qu'en politique, tous les moyens sont bons pour arriver à
son but.
Dès les premiers
jours de son règne, il eut une
guerre à soutenir contre le calife d'Egypte, qui s'était engagé à payer un tribut aux rois de Jérusalem, et qui, pour s'en délivrer,
envoya une armée contre la
Palestine. Les hostilités étaient déjà commencées, lorsque des troubles s'élevèrent en Egypte, et forcèrent le calife à rappler ses troupes, à demander la paix, et même à solliciter l'alliance d'Amaury contre Nour-Eddyn, sultan d'
Alep, qui avait envoyé un de ses lieutenants sur les bords du Nil, pour appuyer le parti des mécontents, et profiter des dissensions, afin d'agrandir ses
Etats. Amaury, s'étant rendu aux désirs du calife, qui lui accorda des subsides considérables, entra avec une armée en Egypte, où il battit plusieurs fois les troupes du sultan : il revint ensuite dans son royaume, chargé de présents, et comblé de richesses et de gloire ; mais comme, dans cette expédition, il avait vu la prospérité de l'Egypte, la fertilité de son sol, sa nombreuse population, et la faiblesse de son gouvernement, il forma le projet d'en faire la conquête, et n'eut pas de peine à y faire entrer le grand maître des chevaliers de St-Jean, à qui
il promit de céder la ville de Bilbéis, lorsqu'elle serait tombée au pouvoir des chrétiens. Il trouva aussi le moyen d'associer à son entreprise l'empereur de Constantinople, dont il avait épousé la nièce, après avoir répudié Agnès de
Courtenay. Il s'occupa pendant plusieurs mois des préparatifs de cette guerre, et rompit tout à coup la paix, en assiégeant Bilbéis, qui ne tarda pas à se rendre, et fut remise à l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem. Amaury marcha ensuite vers le
Caire, où l'avait déjà devancé la terreur de ses armes. Le calife et son vizir invoquèrent en vain la foi des traités ; ils proposèrent d'acheter la retraite des chrétiens par des sommes considérables. Amaury, toujours disposé à vendre la paix et la guerre, consentit alors à écouter les prières du calife,
et les hostilités firent place aux négociations. Pendant ce temps, le calife implora le secours du sultan d'
Alep, qui envoya une puissante armée en Egypte, pour combattre les chrétiens. Au moment où Amaury se croyait déjà possesseur des trésors du
Caire, il fut obligé d'abandonner ses conquêtes, et revint dans son royaume, avec la honte qui
suit toujours l'injustice, quand elle n'est pas couronnée par le succès. Cette guerre fut d'autant plus malheureuse pour les chrétiens, que Nour-Eddyn, qui avait, comme Amaury, le projet de s'emparer de l'Egypte, ne laissa pas échapper cette occasion. Ce royaume, troublé au dedans et menacé au dehors, fut réuni aux vastes Etats du sultan d'
Alep, et le petit
royaume de Jérusalem se trouva environné et menacé de toutes parts par une puissance formidable ; pour comble de malheurs, il s'était élevé, au sein des troubles et des guerres qui désolèrent l'Egypte, un jeune héros, dont le nom devait être un
jour redoutable aux chrétiens de la
Palestine ; ce héros était Saladin, qui fut d'abord vizir, ou gouverneur de l'Egypte, et qui, après la mort de Nour-Eddyn, recueillit l'immense héritage du sultan d'
Alep. Le premier usage qu'il fit de sa puissance fut d'attaquer le
royaume de Jérusalem. Amaury, qui redoutait un si dangereux
ennemi, implora les armes des chrétiens d'Occident, et se rendit lui-même à Constantinople pour solliciter le secours des Grecs ; mais il n'obint que des promesses, et il ne lui resta plus alors que son courage et ses propres
forces, pour arrêter les progrès d'un
ennemi dont il avait préparé la puissance.
Son royaume était agité par les
factions des
templiers et des hospitaliers, et les colonies chrétiennes en Asie marchaient rapidement à leur décadence.
Amaury mourut en 1173, avant de voir éclater les catastrophes dont Jérusalem était menacé, et laissa ce triste héritage à son fils
Baudouin IV.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 1 - Page 564)