Biographie universelle ancienne et moderne Rainfroi, ou
Ragenfroi, était un des principaux seigneurs de France lors des troubles qui amenèrent la fin de la première race.
Pépin le Gros, qui, sous le titre de
maire du palais d'
Austrasie, gouvernait en effet la monarchie, avait, en 711, mis sur le trône de
Neustrie et de
Bourgogne
Dagobert III, âgé de douze ans, fils du dernier roi, et lui avait
donné pour tuteur son propre fils Grimoald ; celui-ci étant mort en 714, laissant un fils nommé Théodoald âgé de six ans, Pépin, qui ne voulait pas que la mairie du palais sortît de sa famille, en revêtit cet
enfant, qui se trouva ainsi tuteur de Dagobert III encore mineur. « C'était, dit
Montesquieu, mettre un fantôme sur un autre fantôme. » Dans le fait, c'était Pépin qui régnait. Il mourut le 16 décembre 714, laissant le sceptre d'
Austrasie à ses fils
Charles-Martel et Childebrand ; mais sa veuve
Plectrude s'empara du gouvernement et l'exerça quelque temps avec Théodoald. Les seigneurs français, indignés d'être gouvernés par une femme et un
enfant, se soulevèrent, attaquèrent Théodoald dans la
forêt de
Guise près de
Compiègne, le mirent en fuite, et conférèrent la mairie du palais de
Neustrie et de
Bourgogne à
Rainfroi. Celui-ci, pour opposer à
Plectrude un rival redoutable, alla délivrer
Charles-Martel qu'elle retenait prisonnier dans
Cologne, et fit alliance avec Radbod,
duc des Frisons. Dagobert III mourut sur ces entrefaites (715), ne laissant qu'un fils au berceau. Les seigneurs, ne voulant pas être gouvernés par un
enfant, appelèrent au trône de
Neustrie Chilpéric Ier, qui avait environ quarante-cinq ans. Quoique ce prince eût passé sa vie dans un
monastère, il montra du talent et de l'activité ; et
Rainfroi, son
maire du palais, le seconda de toute son
influence. Mais ils ne purent résister à
la bravoure de
Charles-Martel qui, sous le titre de
duc d'
Austrasie, était
à son tour le vrai maître de la France. Il mit en fuite l'armée de Chilpéric II en 716. En 717,
Rainfroi se sépare de Chilpéric, se retire à
Angers et fait alliance avec Eudes,
duc d'
Aquitaine, qui, à
l'approche de
Charles-Martel en 719, s'enfuit ainsi que ses troupes, emmène aussi Chilpéric, et le livre à
Charles-Martel l'année suivante.
Rainfroi se sentant trop faible contre un si puissant adversaire, transige avec lui en 724, obtient le comté d'
Angers pour sa vie seulement, et lui laisse son fils en otage.
Il mourut à
Angers en 731. Les chroniques d'
Anjou ne parlent de
Rainfroi que comme d'un tyran. Il s'empara de l'
abbaye de St-Maur-sur-Loire, en chassa les moines, démolit ce beau
monastère, en fit transporter les matériaux à
Angers, et s'en servit pour bâtir, sur les ruines de l'ancien
capitole, un palais qui fut encore celui des comtes d'
Anjou, ses successeurs, dont la série commence à Ingelger, fils de Tertulle,
sénéchal du Gâtinais vers l'an 870.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 35 - Pages 105-106)
Dictionnaire universel d'histoire et de géographie de Bouillet Rainfroi, ou
Ragenfred,
maire du palais de
Neustrie sous Dagobert III et Chilpéric II, chercha avec l'aide d'Eudes,
duc d'
Aquitaine, à secouer le joug d'
Austrasie, mais se fit
battre par
Charles-Martel à Vincy, 717, et à
Soissons, 719. Il se retira à
Angers, où il mourut en 731.
Marie-Nicolas Bouillet, Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 20ème édition (1866), p. 1579.