Autharis, roi des Lombards. Après la mort de
Cléphis, cette nation ne voulut point lui donner de successeur. Les trente
ducs qui gouvernaient les trente principales villes d'Italie crurent pouvoir se dispenser de partager leur autorité avec un supérieur. Les Lombards demeurèrent dix ans sans chef, et néanmoins les Grecs ne surent point profiter de cet état d'
anarchie pour recouvrer les provinces qu'ils avaient perdues ; mais Childebert, roi des
Francs, ayant été engagé, en 584, par l'empereur Maurice, à envahir la Lombardie, les
ducs se réunirent pour décerner la
couronne à
Autharis, fils de
Cléphis, leur dernier roi.
Ce monarque fit quelques conquêtes sur l'
exarque de
Ravenne, qu'il contraignit à demander une trêve : il repoussa, en 588, une seconde
invasion des
Francs, sur lesquels il remporta une grande victoire. L'année suivante, il épousa
Théodelinde, fille de Garibald,
duc de Bavière. Il avait voulu connaître cette princesse par ses propres yeux, avant de la recevoir pour femme, et il s'était mis à la suite des ambassadeurs qu'il envoyait à son père pour en faire la demande. Il ne se fit point connaître avant d'avoir repassé les frontières de la Bavière. La princesse seule put démêler un amant dans les regards du jeune roi, le plus bel homme de sa nation, et plus encore dans la manière passionnée dont il avait saisi sa main, en recevant d'elle une coupe hospitalière. De retour en Italie,
Autharis continua la guerre contre les Grecs, et l'on assure que, pénétrant jusqu'à Reggio de
Calabre, il poussa son
cheval dans les flots, pour atteindre de sa lance une colonne plantée en vant du rivage, à cette extrémité du continent. « Ce n'est qu'ici, dit-il, que je reconnais la limite du royaume des Lombards. » Les
Francs, cependant, envahirent une troisième fois l'Italie en 590, avec des
forces tellement supérieures, qu'
Autharis ne put tenir la campagne, et qu'il se réduisit à défendre les places fortes ; mais au bout de trois mois, le mauvais
air et la famine forcèrent les
Francs à repasser les
montagnes, après avoir perdu plus de la moitié de leur armée.
Autharis mourut à
Pavie, le 03 septembre de la même
année, chéri des Lombards, mais détesté des papes qui ne lui pardonnaient pas de professer l'
arianisme, ainsi que toute sa nation.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 2 - Page 480)