Biographie universelle ancienne et moderne Childéric III, fils de Chilpéric II, fut le dernier roi de France de la première race. Il est appelé avec raison Childéric II par les
historiens qui n'ont voulu compter les monarques français que depuis leur établissement dans les Gaules, établissement qui ne remonte pas au delà de Clovis.
L'
histoire ne dit pas l'âge qu'il avait lorsqu'il commença à régner en 742. Des intérêts qui n'étaient pas les siens le firent roi ; car Pépin et Carloman, fils de
Charles-Martel, ne proclamèrent un prince du sang royal que pour retenir les seigneurs dans l'obéissance. Lorsque les partis se craignent
également, ils ne renoncent point à leurs projets, ils se contentent de les ajourner, et l'élévation de
Childéric III ne fut que l'ajournement de l'usurpation méditée et suivie depuis un siècle par la famille des Pépin.
Pépin le Bref, après avoir apaisé le clergé, qui avait été dépouillé par
Charles-Martel,
son père, et mis la plupart des
évêques de son côté,
consulta le pape pour savoir s'il fallait laisser sur le trône des princes qui n'en avaient que le nom, ou s'il n'était pas plus favorable à l'ordre que celui qui exerçait le pouvoir prit le titre de roi. La situation du pape à cette époque était cruelle ; il ne pouvait attendre de secours que des Français ; en s'adressant à lui, Pépin était donc assuré d'obtenir une réponse telle qu'il la désirait. Il renversa le fantôme de roi qu'il avait créé, le fit raser et conduire à St-Omer dans le
couvent de Sithiu, depuis appelé
abbaye de St-Bertin.
Childéric III y fut reçu moine en 750 ou 752, et mourut quelques années après. Il laissa un fils, qui fut envoyé au
monastère de
Fontenelle (St-Vaudrille), et élevé dans l'obscurité. En lui finit la première race des rois de France, dont la succession a duré 270 ans, et qui, par le partage du royaume, compte près de quarante monarques, quoique le nombre de ceux qui ont régné dans
Paris ne s'élève qu'à 21.
Childéric III a été surnommé
l'Insensé, soit qu'il le fût en effet, soit qu'on fît accroire au peuple qu'il l'était ; car les accusations portées contre les princes détrônés peuvent toujours être révoquées en doute. Les derniers rois de la première race ont été accusés de fainéantise et d'incapacité par tous les
historiens ; mais si l'on réfléchit que depuis
Clotaire II, c'est-à-dire pendant plus d'un siècle, il n'y eut que des minorités, et que l'éducation de ces malheureux orphelins couronnés était confiée aux hommes qui voulaient s'emparer de leur trône, on sera plus disposé à plaindre qu'à condamner des princes qui sans doute n'ont rien fait que parce qu'ils étaient réduits à l'impossibilité d'agir. (Voyez
Carloman et
Pépin le Bref.)
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 8 - Page 147)