Biographie universelle ancienne et moderne Félix,
évêque d'Urgel en Catalogne, avait été maître d'Elipand,
évêque de Tolède ; celui-ci lui ayant écrit pour savoir de lui comment il reconnaissait Jésus-Christ pour fils de
Dieu, Félix répondit que Jésus-Christ, selon la nature
humaine, n'est que fils adoptif et nuncupatif. Il propagea cette doctrine dans les provinces voisines, et le pape Adrien adressa une circulaire à tous les
évêques d'Espagne pour les préserver de cette erreur.
Charlemagne avait étendu ses conquêtes jusqu'en Espagne, et
Félix d'Urgel se trouvait dans son obéissance ; ce monarque fit donc assembler à
Narbonne, en 791, un
concile où se trouvèrent les
évêques des provinces d'
Arles, d'
Aix, d'
Embrun, de
Vienne, de
Bourges, d'
Auch et de
Bordeaux. L'erreur de Félix y fut condamnée ; il souscrivit lui-même aux actes du
concile. Félix avait fait partager ses erreurs à Elipand ; ils furent condamnés l'un et l'autre, la même année 791, dans le
concile de Frioul, tenu par saint
Paulin,
patriarche d'
Aquilée. L'année suivante, Félix fut cité au
concile que
Charlemagne avait convoqué à Ratisbonne ; il y fut entendu, condamné, puis envoyé à Rome vers le pape Adrien, devant lequel il abjura son hérésie. Mais étant de retour dans son
diocèse, il fit voir que son abjuration n'avait pas été sincère ; son erreur fut encore condamnée au
concile de Francfort en 794. Le célèbre
Alcuin s'occupa de réfuter l'opinion
impie de l'
évêque d'Urgel, et se montra dans cette circonstance non moins habile
théologien qu'il était littérateur savant et profond ; il écrività Félix plusieurs lettres remplies de
charité et fortes de raisonnement. Félix, au lieu de se rendre, fit un ouvrage où il enseignait son hérésie, et donnait même dans le pur
nestorianisme. Il se rétracta encore dans un
concile tenu à Aix-la-Chapelle en 797 ; mais il restait toujours attaché à son erreur. Il fut donc de nouveau condamné à Rome, deux ans après, dans un
concile tenu par le pape
Léon III, et enfin déposé la même année 799, à cause de ses fréquentes rechutes, par l'assemblée des
évêques et des seigneurs qui eut lieu à Aix-la-Chapelle, et dans laquelle il se trouvait présent. Il fut relégué à
Lyon, où il passa le reste de ses
jours. Il écrivit dans son exil une lettre à son
église d'Urgel ; il y parle de son repentir, et exhorte son ancien troupeau à demeurer fidèle à la doctrine de l'
Eglise. Cependant le P. Madrisius,
oratorien d'Udine, auquel nous devons une bonne édition des uvres de saint
Paulin d'
Aquilée, soutient que
Félix d'Urgel a persévéré dans l'erreur jusqu'à sa mort.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 13 - Page 501)