Biographie universelle ancienne et moderne Tant de
fables ont été débitées sur ce fameux personnage, qu'on a élevé des doutes sur la réalité de son existence. Cicéron admet trois Esculape. Daniel Leclerc prétend qu'il n'y en a eu qu'un seul, qui était
Phénicien, et que les Grecs, amateurs
de la
mythologie égyptienne, ont honoré sous le nom d'
Ασληπιοζ. Ce dictionnaire ne consacrant aucun article aux personnages
fabuleux, nous ne pouvons admettre tout le merveilleux dont on s'est plu à décorer la naissance, la vie et la mort de ce médecin, dont les anciens ont fait un
dieu. Nous ne croirons donc point, avec Pausanias, qu'Esculape soit fils d'
Apollon et de la nymphe
Coronis, ni avec Pindare, que le centaure
Chiron ait été son précepteur, à moins d'attribuer à ces personnages une existence autre que celle que leur donne la
fable. On sait du reste que dans l'ancienne Grèce les généalogies des hommes qui s'étaient distingués par des talents éminents ou des actions héroïques étaient confondues avec celles des
dieux.
Ce qu'il y a de certain, c'est que plusieurs contrées se disputèrent l'honneur d'avoir donné le
jour à Esculape ; que ce médecin consacra sa vie entière au soulagement des malades ; que son habileté dans l'art de guérir lui mérita des autels ; que les Grecs, dans leurs récits hyperboliques, lui attribuaient des cures trop merveilleuses, et jusqu'au pouvoir de ressusciter les morts ; qu'il eut deux fils, Machaon et Podalire, dont
Homère a également célébré la valeur dans les combats et les talents en chirurgie pendant le siège de
Troie, et qui transmirent directement leurs connaissances à leurs descendants, nommés Asclépiades, parmi lesquels brilla surtout le grand Hippocrate.
Si l'on en croit
Suidas, Esculape mourut d'une inflammation du poumon. Goulin présume qu'il naquit vers l'an 1321, et qu'il mourut vers l'an 1243 avant J.-C. Après la mort d'Esculape, la Grèce lui érigea partout des statues, et lui décerna des honneurs divins. Pour mettre les temples d'Esculape en rapport avec leur véritable destination, les
prêtres habiles qui les desservaient avaient soin de les bâtir dans des lieux élevés, salubres, hors des villes, et de les rendre spacieux et commodes. On n'y admettait les malades qu'après les avoir agréablement préparés et distraits par toutes sortes de
jeux et de cérémonies sanitaires. Les
histoires des maladies, et surtout celles des guérisons éclatantes, étaient gravées sur des tables votives de métal, de marbre ou de pierre, que l'on suspendait aux murs et aux colonnes des temples, pour qu'on pût les consulter dans les cas analogues. Il paraît même qu'Hippocrate puisa une partie de sa doctrine sur le régime dans une série d'anciennes inscriptions exposées auprès du temple que les habitants de
Cos avaient élevé en l'honneur d'Esculape. Les Romains, considérant aussi ce médecin comme l'inventeur et le protecteur de l'art de guérir, lui bâtirent un semblable monument dans l'île du Tibre.
Plutarque l'appelle le prince des médecins. Suivant Celse, Esculape dut les autels
qu'on lui érigea aux efforts qu'il fit pour tirer la médecine du
chaos ; et selon Galien, il apprit le premier aux hommes à raisonner sur leur santé. Il paraît s'être plus occupé du traitement des maladies externes que de celui des internes. Ou doit regarder comme supposés les livres qu'on nous a donnés sous le nom d'Esculape.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 13 - Page 35)
Dictionnaire M. Bescherelle
Mythologie
Dieu de la médecine, fils d'
Apollon et de
Coronis.
Apollon le donna à
élever au centaure
Chiron, qui lui donna la connaissance parfaite des simples.
Jupiter le foudroya sur la demande de
Pluton, pour avoir ressuscité Hippolyte. On l'adorait sous la forme d'un
serpent, particulièrement à
Epidaure.
Esculape : Iconologie
On représente Esculape avec une
couleuvre à sa main ou autour de son bras ; un
coq est auprès de lui.
Art d'Esculape :
La médecine.
Esculape : Familier
On dit :
Un Esculape, pour dire Un médecin.
L'Esculape du village. Notre Esculape.
Esculape : Astronomie
Constellation du Serpentaire, ou d'Ophiuchus.
Esculape : Erpétologie
Espèce de
couleuvre.
M. Bescherelle, aîné, Dictionnaire national ou Dictionnaire universel de la langue française - Volume I (A-F) (1856), p. 1171.
Dom Antoine-Joseph Pernéty Esculape, fils d'
Apollon et de la Nymphe
Coronis, fille du roi Phlegyas, fut tiré par
Mercure du ventre de sa mère après qu'elle eut été tuée par
Diane, et consumée sur le bûcher où elle avait été mise. Il fut nourri par Trigone, et élevé par le
Centaure Chiron, qui lui apprit la médecine dans une perfection si grande, qui par son moyen la
Fable dit qu'il ressuscita Hyppolite dévoré par ses propres
chevaux.
Esculape, selon quelques-uns, eut pour femme
Epione, et pour
enfants Machon et Podalire,
Jason et
Hygiée. On le représentait un bâton à la main, avec des
serpents qui l'environnaient, et il fut toujours honoré par les Païens comme le
Dieu de la Médecine. C'est pourquoi les Alchymistes prétendent que toute son
histoire fabuleuse n'est qu'une
allégorie des opérations et de la matière de la Médecine universelle. Sa naissance seule suffirait pour le prouver ; car il est dit qu'il fut tiré des cendres de sa mère par
Mercure, et que le père de
Coronis s'appelait Phlegye, du grec
Phlegein, en français
Brûler.
D'ailleurs la
Fable dit que Jupiter eut affaire avec
Latone, d'où naquirent
Diane et
Apollon, et d'
Apollon Esculape ; parce que la
blancheur précède toujours le rouge, après lequel vient
Coronis ou le noir, d'où sort ensuite
Esculape ou cette médecine dorée et universelle dont les effets sont si surprenants tant sur les
corps humains que sur les métaux. Voyez une explication plus étendue de cette fiction dans le 3ème livre, chap. 12, § 2 des
Fables
Egyptiennes et Grecques dévoilées.
Dom Antoine-Joseph Pernety, Dictionnaire mytho-hermétique, Edition de 1758 - Français modernisé par France-Spiritualités.
Pierre Commelin

Esculape, fils d'
Apollon et de
Coronis, fille unique de Phlégyas, roi de
Béotie, naquit sur le mont Titthion, du côté d'
Epidaure, dans le
Péloponèse. Comme le mot "
coronis" en grec veut dire "
corneille", on publia qu'Esculape était né d'un uf de cet
oiseau, sous la figure d'un
serpent. On ajoute que Phlégyas, irrité contre
Apollon qui avait rendu sa fille mère d'Esculape, mit le
feu au temple de
Delphes et qu'il en est éternellement puni dans la Tartare où un gros rocher, suspendu au-dessus de sa tête, menace à chaque instant de l'écraser dans sa chute.
Selon d'autres,
Coronis fut tuée par
Diane, ou par
Apollon dans un accès de jalousie, et son
corps était déjà placé sur le bûcher funèbre, quand
Mercure ou
Apollon lui-même vint mettre Esculape au
jour. L'
enfant, confié d'abord à une nourrice nommée Trygone, passa bientôt à l'école du centaure
Chiron où il fit des progrès rapides dans la connaissance des simples et dans la
composition des remèdes ; il pratiqua avec tant d'habileté et de succès l'art de guérir les blessures et les maladies qu'il fut considéré comme le
dieu de la chirurgie et de la médecine.
Il accompagna
Hercule et
Jason dans l'expédition de la
Colchide, et rendit de grands services aux
Argonautes. Peu content de guérir les malades, il ressuscita même les morts. On a vu, dans la
fable d'
Apollon, comment fut punie cette témérité. Esculape semblant usurper ainsi les droits de la divinité suprême, maîtresse de la vie des hommes, Jupiter l'extermina d'un coup de foudre. Mais, après sa mort, on ne laissa pas de lui rendre les honneurs divins.
Certain auteur prétend qu'il formait dans
le
ciel la constellation qu'on appelait "
le Serpentaire".
Suivant Pausanias, ses descendants régnèrent dans une
partie de la Messénie, et ce fut de là que Machaon et
Podalire, ses deux fils, partirent pour la
guerre de Troie.
Son culte fut établi d'abord à
Epidaure,
lieu de sa naissance ; de là, il se répandit bientôt
dans toute la Grèce. On l'honorait à
Epidaure sous la
forme d'un
serpent.
Une statue d'or et d'ivoire, ouvrage de Trasymède de Paros, le représentait sous la figure d'un homme assis sur un trône, ayant un bâton d'une main, et appuyant l'autre sur la tête d'un
serpent, avec un
chien couché près de lui.
Le
coq, le
serpent, la tortue,
symboles de la vigilance
et de la prudence nécessaires aux médecins, lui étaient
spécialement consacrés. On nourrissait des
couleuvres
privées dans le temple d'
Epidaure, et l'on prétendait
même que c'était sous cette figure qu'il se laissait voir
; du moins, les Romains crurent qu'il était venu chez eux sous
cette forme, lorsqu'ils envoyèrent une ambassade à
Epidaure pour implorer la protection du
dieu contre la peste qui désolait leur ville.
Athènes et Rome célébraient solennellement les fêtes appelées "
Epidauries" ou "
Esculapies" en l'honneur de ce
dieu. Dans ses statues, Esculape est le plus souvent représenté sous les traits d'un homme grave, avec de la barbe, et portant une
couronne de laurier ; il tient d'une main une
patère, de l'autre un bâton entortillé d'un
serpent.
Tout n'est que prodige dans cette
fable. Si, par exemple,
Apollon perça de ses
flèches la mère d'Esculape, c'est que le
corbeau avait faussement incriminé
Coronis d'avoir d'autres
amours. Bientôt, le
dieu se reprocha d'avoir prêté l'oreille à cette calomnie, et se vengea du
corbeau en changeant en noir son plumage blanc jusqu'alors.
Pierre Commelin, Mythologie grecque et romaine, pp. 209-212.