Agilulphe était
duc de Turin et roi de Lombardie. Lorsqu'Antharis, troisième roi des Lombards, mourut à
Pavie, le 05 septembre 590, les chefs de la nation invitèrent
Théodelinde, sa veuve, à se choisir un nouvel
époux, qu'ils promirent de reconnaître pour leur roi.
Théodelinde fit choix d'
Agilulphe,
duc de Turin, prince belliqueux, parent du dernier roi, et qui joignait à la figure la plus propre à plaire, des talents et des vertus qui le rendaient digne de commander. La reine, sans lui annoncer son choix, le fit prier de se rendre à la cour. Elle alla au-devant de lui jusqu'à Lomello, et là, s'étant fait apporter une coupe, elle en but la moitié, puis elle l'offrit à
Agilulphe pour qu'il l'achevât. Celui-ci, en lui rendant la coupe, baisa respectueusement la main de sa souveraine : « Ce n'est point là, reprit
Théodelinde en rougissant, le baiser que je dois attendre de celui que je destine à être mon seigneur et mon maître. La nation lombarde m'accorde le droit de lui choisir un roi, et c'est vous qu'elle invite, par ma voix, à régner sur elle et sur moi. »
Le royaume des Lombards était toujours en guerre avec les Grecs, qui possédaient encore l'
exarchat de Ravenne et le
duché de Rome. Ceux-ci réussirent à soulever contre
Agilulphe plusieurs seigneurs lombards, et entre autres le
duc de
Pérouse. Le roi, après avoir puni ce dernier, vint mettre le siège devant Rome ; l'effroi du pape, Grégoire le Grand, et de son troupeau, fut extrême, d'autant plus qu'
Agilulphe et son armée professaient l'
arianisme ; mais
Théodelinde, attachée à la
religion catholique, interposa ses bons offices en faveur des Romains. Grégoire travailla ensuite avec
chaleur à négocier une paix entre
Agilulphe et l'empereur Maurice, et cette paix fut enfin conclue en 599 ; il est vrai que Callinicus,
exarque de
Ravenne, qui l'avait signée, ne l'observa pas longtemps. Les villes de Crémone et de Mantoue dépendaient encore de l'Empire ; de là, l'
exarque envoya, en 601, une petite armée qui surprit Parme, et enleva dans cette ville Godescalchi, gendre du roi, avec sa femme et sa famille.
Agilulphe, pour venger cette injure faite au sein de la paix, mit le siège devant
Padoue, l'enleva aux Grecs après de longs combats, la livra aux
flammes, et en rasa les murailles. Deux ans plus tard, il s'empara de Crémone et de Mantoue, et détruisit entièrement la première de ces deux villes ; mais il observa la capitulation qu'il avait accordée à la seconde. Après ces conquêtes, il consentit à une trêve avec le nouvel
exarque de
Ravenne, successeur de Callinicus, à condition que la
liberté serait rendue à son gendre et à sa fille. Ce fut environ vers ce temps-là qu'
Agilulphe abjura l'
arianisme pour embrasser la foi
catholique. Peu de temps après, il assembla les chefs de sa nation à Milan, et associa au trône, en leur présence, son fils Adelvald, quoiqu'il fût encore en bas âge ; il le fit couronner en plein cirque, de la manière la plus solennelle. La paix fut alors renouvelée avec le roi des
Francs, dont les ambassadeurs avaient assisté à l'inauguration du jeune prince, et une ligue perpétuelle fut conclue entre les deux nations. Pendant la paix,
Agilulphe embellit et fortifia Ferrare, qui jusqu'alors n'avait été qu'un simple village, très heureusement situé sur le Pô. Le roi l'entoura de murs, l'orna de plusieurs édifices, et en fit une des villes les plus considérables de l'Italie. Après avoir régné 25 ans,
Agilulphe mourut en 615 ou 616.
Adelvald, son fils, lui succéda. Pendant les dernières années de sa vie,
Agilulphe avait maintenu le royaume des Lombards dans une profonde paix. Sa puissance s'étendit sur toute l'Italie, à l'exception de
Ravenne et de Rome. La
couronne d'or d'
Agilulphe avait la forme d'un cercle, orné de figures de saints ; on la voyait dans le cabinet des médailles de la bibliothèque impériale ; elle a été volée en 1804, et fondue par les voleurs.
(Biographie universelle ancienne et moderne - Tome 1 - Pages 225-226)