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Encyclique '<i>Qui Pluribus</i>' du pape Pie IX - II

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LETTRE ENCYCLIQUE DE N. T. S. P. PIE IX
(09 novembre 1846)

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A tous Nos Vénérables Frères les Patriarches, les Primats, les Archevêques et Evêques
en grâce et communion avec le Siège Apostolique,



PIE IX, PAPE


Vénérables Frères,
Salut et Bénédiction Apostolique.


Pape Pie IX (1792-1878)      On voit donc manifestement dans quelle erreur profonde se roulent ces esprits qui, abusant de la raison et regardant les oracles divins comme des produits de l'homme, osent les soumettre à l'arbitrage de leur interprétation particulière et téméraire. Puisque Dieu Lui-même a établi une autorité vivante, laquelle devait fixer et enseigner le véritable et légitime sens de sa révélation céleste, et mettrait fin, par son jugement infaillible, à toutes les controverses soit en matière de foi, soit en matière de mœurs, et tout cela afin que les fidèles ne fussent pas entraînés à tout vent dans les fausses doctrines, ni enveloppés dans les immenses filets de la malice et des aberrations humaines. Cette autorité vivante et infaillible n'est en vigueur que dans cette seule Eglise que Jésus-Christ a établie sur Pierre, le chef, le prince et le pasteur de toute l'Eglise, auquel il a promis que sa foi ne serait jamais en défaillance ; l'Eglise constituée de manière qu'elle a toujours à sa tête et dans sa chaire immuable ses Pontifes légitimes, lesquels remontent, par une succession non interrompue, jusqu'à l'apôtre Pierre, et jouissent comme lui du même héritage de doctrine, de dignité, d'honneur et de puissance sans rivale. Et comme là où est Pierre, là est l'Eglise ; comme Pierre parle par la bouche du Pontife romain, qu'il est toujours vivant dans ses successeurs, qu'il exerce le même jugement, et transmet la vérité de la foi à ceux qui la demandent, il s'ensuit que les divins enseignements doivent être acceptés dans le même sens qu'y attache et y a toujours attaché cette Chaire romaine, Siège du bienheureux Pierre, la mère et la maîtresse de toutes les églises, qui a toujours conservé inviolable et entière la foi donnée par le Seigneur Jésus-Christ; qui l'a toujours enseignée aux fidèles, leur montrant à tous le chemin du salut et l'incorruptible doctrine de la Vérité.

      Cette Eglise est donc l'église principale où l'unité sacerdotale a pris son origine, elle est la métropole de la piété, et dans laquelle reste toujours entière et parfaite la solidité de la religion chrétienne ; toujours on y a vu florissant le Principat de la Chaire apostolique vers laquelle toute l'Eglise, c'est-à-dire tous les fidèles répandus sur la terre doivent nécessairement accourir, à raison de sa principauté suréminente, église sans laquelle quiconque ne recueille pas, disperse.

      Nous donc qui avons été placé, par un impénétrable jugement de Dieu, sur cette Chaire de Vérité, nous venons exciter très vivement dans le Seigneur votre piété si remarquable, Vénérables Frères, afin que Vous renouveliez tous vos efforts, Votre sollicitude et Vos soins, avertissant et exhortant continuellement tous les fidèles confiés à Votre vigilance, que chacun d'eux, fermement attaché à ces principes, ne se laisse jamais tromper ni attirer par l'erreur de ces hommes abominables dans leurs recherches, qui ne s'appliquent, en cette étude et dans la poursuite du progrès humain, qu'à la destruction de la foi, qui ne veulent, dans leurs efforts impies, que soumettre cette foi à la raison de l'homme, et ne reculent pas devant l'audace de faire injure à Dieu Lui-même, après qu'Il a daigné, dans Sa clémence et par Sa divine religion, pourvoir au bien et au salut des hommes.

      Mais Vous connaissez encore aussi bien, Vénérables Frères, les autres monstruosités de fraudes et d'erreurs par lesquelles les enfants de ce siècle s'efforcent chaque jour de combattre avec acharnement la religion catholique et la divine autorité de l'Eglise, ses lois non moins vénérables ; comment ils voudraient fouler également aux pieds les droits de la puissance sacrée et de l'autorité civile. C'est à ce but que tendent ces criminels complots, contre cette Eglise romaine, siège du bienheureux Pierre, et dans laquelle Jésus-Christ a placé l'indestructible fondement de toute son Eglise. Là tendent toutes ces sociétés secrètes sorties du fond des ténèbres pour ne faire régner partout, dans l'ordre sacré et profane, que les ravages et la mort ; sociétés clandestines si souvent foudroyées par l'anathème des Pontifes romains nos prédécesseurs dans leurs Lettres apostoliques, lesquelles Nous voulons en ce moment même confirmer et très exactement recommander à l'observation par la plénitude de Notre puissance apostolique.

      C'est encore le but que se proposent ces perfides sociétés bibliques, lesquelles, renouvelant les artifices odieux des anciens hérétiques, ne cessent de produire contre les règles si sages de l'Eglise, et de répandre parmi les fidèles les moins instruits les livres des saintes écritures traduits en toute espèce de langues vulgaires, et souvent expliquées dans un sens pervers, consacrant à la distribution de ces milliers d'exemplaires des sommes incalculables, les répandant partout gratuitement, afin qu'après avoir rejeté la tradition, la doctrine des Pères et l'autorité de l'Eglise catholique, chacun interprète les oracles divins selon son jugement propre et particulier, et tombe ainsi dans l'abîme des plus effroyables erreurs. Animé d'une juste émulation du zèle et des saints exemples de ses prédécesseurs, Grégoire XVI, de sainte mémoire, et dont Nous avons été constitué le successeur, malgré l'infériorité de Notre mérite, a condamné par ses Lettres apostoliques les mêmes sociétés secrètes que Nous entendons aussi déclarer condamnées et flétries par Nous.

      C'est encore au même but que tend cet horrible système de l'indifférence en matière de religion, système qui répugne le plus à la seule lumière naturelle de la raison. C'est par ce système, en effet, que ces subtils artisans de mensonge, cherchent à enlever toute distinction entre le vice et la vertu, entre la vérité et l'erreur, entre l'honneur et la turpitude, et prétendent que les hommes de tout culte et de toute religion peuvent arriver au salut éternel : comme si jamais il pouvait y avoir accord entre la justice et l'iniquité, entre la lumière et les ténèbres, entre Jésus-Christ et Bélial.

      C'est à ce même but encore que tend cette honteuse conjuration qui s'est formée nouvellement contre le célibat sacré des membres du clergé, conspiration qui compte, ô douleur !, parmi ses fauteurs quelques membres de l'ordre ecclésiastique, lesquels, oubliant misérablement leur propre dignité, se laissent vaincre et séduire par les honteuses illusions et les funestes attraits de la volupté. C'est là que tend ce mode pervers d'enseignement, spécialement celui qui traite des sciences philosophiques, et par lequel, d'une manière si déplorable, on trompe et l'on corrompt une imprévoyante jeunesse, lui versant le fiel du dragon dans la coupe de Babylone ; à ce même but tend cette exécrable doctrine destructrice même du droit naturel et qu'on appelle le communisme, laquelle, une fois admise, ferait bientôt disparaître entièrement les droits, les intérêts, les propriétés et jusqu'à la société humaine ; là tendent aussi les embûches profondément ténébreuses de ceux qui cachent la rapacité du loup sous la peau de la brebis, s'insinuent adroitement dans les esprits, les séduisent par les dehors d'une piété plus élevée, d'une vertu plus sévère ; les liens qu'ils imposent sont à peine sensibles, et c'est dans l'ombre qu'ils donnent la mort ; ils détournent les hommes de toute pratique du culte ; quand ils ont égorgé les brebis du Seigneur, ils en déchirent les membres.

      C'est là enfin, pour ne point énumérer ici tous les maux qui Vous sont si bien connus, c'est à ce but funeste que tend cette contagion exécrable de petits livres et de volumes qui pleuvent de toutes parts, enseignant la pratique du mal ; composés avec art, pleins d'artifice et de tromperie, répandus à grands frais dans tous les lieux de la terre, pour la perte du peuple chrétien, ils jettent partout les semences des funestes doctrines, font pénétrer la corruption, surtout dans les âmes des ignorants, et causent à la religion les pertes les plus funestes. Par suite de cet effroyable débordement d'erreurs partout répandues, et aussi par cette licence effrénée de tout penser, de tout dire, et de tout imprimer, les mœurs publiques sont descendues à un effroyable degré de malice ; la très sainte religion de Jésus Christ est méprisée ; l'auguste majesté du culte divin dédaignée ; l'autorité du saint Siège apostolique renversée ; le pouvoir de l'église sans cesse attaqué et réduit aux proportions d'une humiliante servitude ; les droits de évêques foulés aux pieds, la sainteté du mariage violée, l'administration de l'une et de l'autre puissance universellement ébranlée ; tels sont entre autres, Vénérables Frères, les maux qui dévorent la société civile et religieuse, et que Nous sommes obligé de déplorer aujourd'hui en mêlant Nos larmes avec les Vôtres.

      Au milieu donc de ces grandes vicissitudes de la religion, des événements et des temps, vivement préoccupé du salut de tout le troupeau divinement confié à Nos soins, dans l'accomplissement de la charge de Notre ministère apostolique, soyez assurés que Nous n'omettrons ni tentatives, ni efforts pour assurer le bien spirituel de la famille entière des chrétiens. Nous venons cependant exciter aussi dans le Seigneur toute l'ardeur de Votre piété, déjà si remarquable, toute Votre vertu et toute Votre prudence.

      Comme Nous, appuyés sur le secours d'en haut, défendez avec Nous et valeureusement, Vénérables Frères, la cause de l'église, fermes au poste qui Vous est confié, et soutenant la dignité qui Vous distingue. Vous comprenez que la combat sera rude, car Vous n'ignorez point le nombre et la profondeur des blessures qui accablent l'épouse Immaculée de Jésus-Christ, et quelles dévastations terribles ses ennemis acharnés lui font éprouver. (suite)




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