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Histoire pittoresque de la Franc-Maçonnerie

et des sociétés secrètes anciennes et modernes
François-Timoléon Bègue-Clavel
© France-Spiritualités™






PREMIÈRE PARTIE
Introduction


Signes extérieurs de la franc-maçonnerieEsprit de prosélytisme des maçons
Proposition d'un profane – Le cabinet des réflexions – Description de la loge

Signes extérieurs de la franc-maçonnerie. – Esprit de prosélytisme des maçons. – Proposition d'un profane. – Le cabinet des réflexions. – Description de la loge. – Places, insignes et fonctions des officiers. – Ouverture des travaux d'apprenti. – Les visiteurs. – Les honneurs maçonniques. – Réception du profane. – Discours de l'orateur : dogmes, morale, règles générales de la franc-maçonnerie, rites, organisation des Grandes-Loges et des Grands-Orients, etc. – Clôture des travaux d'apprenti. – Banquets. – Loges d'adoption. – Mme de Xaintrailles reçue franc-maçon. – Pose de la première pierre et inauguration d'un nouveau temple. – Installation d'une loge et de ses officiers. – Adoption d'un louveteau. – Cérémonie funèbre. – Réception de compagnon. – Réception de maître. – Interprétation des symboles maçonniques. – Les hauts grades. – Carré mystique. – Appendice : statistique universelle de la franc-maçonnerie. – Calendrier. – Alphabet. – Abréviations. – Protocoles. – Explication des gravures.


      L'attention des passants est particulièrement attirée à Paris par certains signes hiéroglyphiques et mystérieux qui décorent les enseignes d'un assez grand nombre de marchands. Ici, ce sont trois points disposés en triangle ; là, une équerre et un compas entrelacés ; plus loin, une étoile rayonnante ayant au centre la lettre G ; ailleurs, des branches d'acacia. Quelquefois ces divers signes sont réunis et groupés. Au Palais-Royal, rue aux Fers, rue Saint-Denis, on voit aussi figurer à l'étalage de plusieurs boutiques des objets du même genre : de petits tabliers de peau, de larges rubans bleus, rouges, noirs, blancs, orange, chargés des emblèmes dont nous venons de parler, ou de croix, de pélicans, d'aigles, de roses, etc. Ces symboles et ces insignes appartiennent à la franc-maçonnerie, association secrète que le gouvernement tolère à Paris et dans les autres villes de la France, et qui a des établissements sur tous les points du globe.

      Peut-être n'y a-t-il pas un habitant de cette capitale, pas un étranger, qui n'ait été vivement sollicité de se faire agréger à la société maçonnique. « C'est, dit-on à ceux que l'on veut enrôler, une institution philanthropique, progressive, dont les membres vivent en frères sous le niveau d'une douce égalité. Là sont ignorées les frivoles distinctions de la naissance et de la fortune, et ces autres distinctions, plus absurdes encore, des opinions et des croyances. L'unique supériorité qu'on y reconnaisse est celle du talent ; encore faut-il que le talent soit modeste, et n'aspire pas à la domination. Une fois admis, on trouve mille moyens et mille occasions d'être utile à ses semblables, et, dans l'adversité, on reçoit des consolations et des secours. Le franc-maçon est citoyen de l'univers : il n'existe aucun lieu où il ne rencontre des frères empressés à le bien accueillir, sans qu'il ait besoin de leur être recommandé autrement que par son titre, de se faire connaître d'eux autrement que par les signes et les mots mystérieux adoptés par la grande famille des initiés. » Pour déterminer les curieux, on ajoute que la société conserve religieusement un secret qui n'est et ne peut être le partage que des seuls francs-maçons. Pour décider les hommes de plaisir, on fait valoir les fréquents banquets où la bonne chère et les vins généreux excitent à la joie et resserrent les liens d'une fraternelle intimité. Quant aux artisans et aux marchands, on leur dit que la franc-maçonnerie leur sera fructueuse, en étendant le cercle de leurs relations et de leurs pratiques. Ainsi, l'on a des arguments pour tous les penchants, pour toutes les vocations, pour toutes les intelligences, pour toutes les classes ; mais peut-être compte-t-on un peu trop sur l'influence des préceptes et de l'exemple maçonniques, pour rectifier les fausses idées et pour épurer les sentiments égoïstes qui portent quelques personnes à se faire recevoir.

      Dès que le sujet qu'on s'efforce d'attirer a cédé aux instances ou à l'éloquence de l'apôtre maçon, il est averti qu'il aura à payer un droit de réception et plus tard une cotisation annuelle, destinés à subvenir aux frais d'assemblées et aux autres dépenses de la loge à laquelle il sera présenté ; car les membres de la société sont distribués, même dans une seule ville, en petites communautés séparées, ou loges, distinguées entre elles par des titres spéciaux, tels que les Neufs-sœurs, la Trinité, les Trinosophes, la Clémente amitié, etc. Dans la plupart des villes, chaque loge a un local ou un temple particulier. A Paris, à Londres, un même local sert à plusieurs loges (4).

      Le profane, qui doit être majeur, de condition libre, de mœurs honnêtes, de bonne réputation et sain de corps et d'esprit, est proposé à l'initiation dans la plus prochaine tenue de la loge. Son nom, ses prénoms, son âge, sa profession, et toutes les autres désignations propres à le faire reconnaître, sont inscrits sur un bulletin, et jetés, à la fin des travaux, dans un sac, ou dans une boîte, appelé sac des propositions, qui est présenté à chacun des assistants, dans l'ordre de ses fonctions ou de son grade. Le bulletin est lu par le vénérable, ou président, à l'assemblée, qui est appelée à voter au scrutin de boules sur la prise en considération de la demande. Si toutes les boules contenues dans la capse sont blanches, il est donné suite à la proposition. S'il s'y trouve trois boules noires, le postulant est repoussé définitivement et sans appel. Une ou deux boules noires font ajourner la délibération à un mois. Dans l'intervalle, les frères qui ont voté contre la prise en considération sont tenus de se transporter chez le vénérable, pour lui faire connaître les motifs qui les ont dirigés dans leur vote. Si ces motifs paraissent suffisants au vénérable, il le fait savoir à la loge dans la séance qui suit, et la proposition est abandonnée. Dans le cas contraire, il engage les frères à se désister de leur opposition. S'il n'y peut réussir, il rend la loge juge des raisons alléguées contre l'admission du profane ; et, lorsque la majorité partage son avis, il est passé outre à la prise en considération.

      La règle veut qu'après ce premier scrutin, le vénérable donne secrètement à trois frères la mission de recueillir des renseignements sur la moralité du profane. Mais trop souvent ce devoir est enfreint : le vénérable néglige de nommer les commissaires, ou bien ceux-ci ne remplissent point leur mandat ; et la loge ferme les yeux sur ces irrégularités. De là vient qu'on admet dans les temples maçonniques beaucoup de gens qu'on eût mieux fait de laisser dehors.

      A la tenue suivante, les commissaires jettent leurs rapports écrits dans le sac des propositions, et le vénérable en donne lecture à l'assemblée. Si les renseignements obtenus sont défavorables, le profane est repoussé, sans qu'il soit nécessaire de consulter la loge ; dans le cas contraire, le scrutin circule de nouveau, et, quand les votes sont unanimes, la réception du profane est fixée à un mois de là.

      Le profane n'est jamais amené au local de la loge par le frère présentateur. Un frère qu'il ne connaît pas est chargé de ce soin. A son arrivée, il est placé dans une chambre tapissée de noir, où sont dessinés des emblèmes funéraires. On lit sur les murs des inscriptions dans le genre de celles-ci : – « Si une vaine curiosité t'a conduit ici, va-t-en. – Si tu crains d'être éclairé sur tes défauts, tu n'as que faire ici. – Si tu es capable de dissimulation, tremble ; on te pénètrera. – Si tu tiens aux distinctions humaines, sors ; on n'en connaît point ici. – Si ton âme a senti l'effroi, ne va pas plus loin. – On pourra exiger de toi les plus grands sacrifices, même celui de ta vie. Y es-tu résigné ? »

      Cette chambre est ce qu'on appelle le cabinet des réflexions. Le candidat doit y rédiger son testament et répondre par écrit ces trois questions : – « Quels sont les devoirs de l'homme envers Dieu ? – Envers ses semblables ? – Envers lui-même ? »

      Pendant que le profane, laissé seul, médite dans le silence sur ces divers sujets, les frères, réunis dans la loge, procèdent à l'ouverture des travaux.

      Ce qu'on nomme la loge est une grande salle ayant la forme d'un parallélogramme, ou carré long. Les quatre côtés portent les noms des points cardinaux. La partie la plus reculée, où siège le vénérable, s'appelle l'orient, et fait face à la porte d'entrée. Elle se compose d'une estrade élevée de trois marches au-dessus du sol de la pièce, et bordée d'une balustrade. L'autel, ou bureau, placé devant le trône du vénérable, porte sur une seconde estrade haute de quatre marches ; ce qui fait sept marches pour arriver du parvis à l'autel. Un dais de couleur bleu-ciel parsemé d'étoiles d'argent surmonte le trône. Au fond du dais, dans la partie supérieure, est un delta rayonnant, ou gloire, au centre duquel on lit en caractères hébraïques le nom de Jéhovah. A la gauche du dais, est le disque du soleil ; à la droite, le croissant de la lune. Ce sont les seules images qui soient admises dans la loge.

      A l'occident, des deux côtés de la porte d'entrée, s'élèvent deux colonnes de bronze dont les chapiteaux sont ornés de pommes de grenades entr'ouvertes. Sur la colonne de gauche, est tracée la lettre B ; sur l'autre, on lit la lettre J. Près de celle-ci, se place le premier surveillant ;.et, près de la première, le second surveillant. Ces deux officiers ont devant eux un autel triangulaire chargé d'emblèmes maçonniques. Ils sont les aides et les suppléants du vénérable, et, ainsi que lui, ils tiennent à la main un maillet, comme signe de leur autorité.

      Le temple est orné dans son pourtour de dix autres colonnes ; ce qui en porte le nombre total à douze. Dans la frise, ou architrave, qui repose sur les colonnes, règne un cordon qui forme douze nœuds en lacs d'amour. Les deux extrémités se terminent par une houpe, nommée houpe dentelée, et viennent aboutir aux colonnes J et B. Le plafond décrit une courbe ; il est peint en bleu-ciel, et parsemé d'étoiles. De l'orient, partent trois rayons, qui figurent le lever du soleil.

      La Bible, un compas, une équerre, une épée à lame torse, appelée épée flamboyante, sont plaçés sur l'autel du vénérable, et trois grands flambeaux surmontés de longs cierges sont distribués dans la loge ; l'un à l'est, au bas des marches de l'orient ; le deuxième à l'ouest, près du premier surveillant, et le dernier au sud.

      Des deux côtés de la loge, règnent plusieurs rangs de banquettes, où prennent place les frères non fonctionnaires. C'est ce qu'on désigne sous les noms de colonne du nord et de colonne du midi.


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(4)  Les principaux locaux de Paris sont situés rue de Grenelle-Saint-Honoré, 45 ; rue Saint-Merry, 41 ; place du Palais de Justice, au Prado, et rue de la Douane, 16. A Londres, il y a trente-sept locaux de loges ; les plus fréquentés sont ceux de Cornhill, de Covent-Garden, de Great-Queen-Street, et de Bishopsgate-Street.




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