CHAPITRE III DÉCORATION DE LA LOGE
L'ameublement
L'ameublement de la Loge est, lui aussi, triple ; il comprend les Livres de la
Connaissance sacrée, l'équerre et le compas sans lesquels aucune tenue n'est régulière. La Loge, est-il dit, est juste, parfaite et régulière : juste, parce que les Livres de la Connaissance sacrée
s'y trouvent ouverts ; parfaite, parce qu'elle contient sept M:. Maç:. ou plus ; régulière, parce qu'elle a reçu un diplôme
ou charte des mains d'un Conseil Suprême, d'une Grande Loge ou autre autorité suprême tenant ses pouvoirs d'une succession maçonnique ininterrompue. Il faut comprendre naturellement que les Livres de la Connaissance Sacrée ne sont pas seulement la Bible des Chrétiens, mais encore les textes sacrés des autres religions, car les membres de la Loge peuvent appartenir et appartiennent souvent à des religions diverses. On a vu réunis à Bombay dans une même tenue, parmi les FF:. présents des Chrétiens, des Hindous, des Bouddhistes, des Parsis, des Juifs, des Sikhs, des Mahométans et des Jaïns. Dans cette Loge, on a coutume de placer sur l'autel les livres sacrés de toutes les personnes qui pourraient assister à la réunion. Le Rév. J. T. Lawrence, auteur bien connu de nombreux manuels maçonniques, nous dit qu'il a lui-même initié des Juifs, des Mahométans, des Hindous et des Parsis, et au moins un Bouddhiste. Nous lui empruntons ces lignes :
Suivant la décision d'une Grande Loge, la Bible peut fort bien ne pas se trouver du tout dans la Loge. Le Volume de la Loi Sacrée, nous a-t-on dit, est celui qui renferme la loi sacrée de l'individu considéré ; en d'autres termes, ce peut être le Coran, le Zendavesta, les Shastras, le Rig-Véda ou tout autre livre (19).
Dans la Grande Loge de toute Maçonnerie Ecossaise aux Indes sont comptés parmi les officiers un porteur du
Coran, un porteur du
Zendavesta, et ainsi de suite
(20). La
Franc-Maçonnerie a toujours fait preuve de libéralisme. La Grande Loge d'Angleterre a refusé de limiter ou de définir la croyance en
Dieu exigée de tout candidat. Dans l'allocution concernant
Dieu et la
Religion dans le Livre des Constitutions de 1815 il est dit : « Quelles que soient la
religion d'un homme ou sa manière d'adorer, il n'est pas exclu de notre Ordre, à la condition qu'il croie au glorieux Architecte du
ciel et de la terre et qu'il s'acquitte des devoirs sacrés de la moralité ». On voit que la Maçonnerie a placé très haut son
idéal, qu'elle fait preuve d'une
tolérance extraordinaire et que, sans aucun doute, elle peut faire en ce monde un bien immense.
Dans la Maçonnerie Mixte, le mot « connaissance » s'applique à tous ces textes sacrés puisque par leur étude
nous cherchons la sagesse. Dans beaucoup d'autres Loges, on emploie le terme « loi » ; cependant, même dans ce cas, le rituel observe que le Livre
de la Loi Sacrée a pour objet d'illuminer nos intelligences. Dans les trois objets qui se trouvent dans la Loge, nous avons ainsi les L
:. de la C
:.
S
:. pour éclairer notre mental, l'
équerre pour mesurer nos actes, et le
compas pour demeurer, dans nos relations avec tous les hommes, et surtout avec nos Fr
:. en Maçonnerie, dans les limites prescrites. Néanmoins ces objets ont tous trois des significations beaucoup plus hautes.
Chez les Egyptiens, le
compas était un
triangle et
l'
équerre un
carré géométrique la figure ordinaire
aux quatre côtés égaux et aux quatre
angles droits. De nos
jours, nous employons l'outil appelé par le Maçon opératif une
équerre, à l'aide de laquelle il examine les deux côtés adjacents de toute pierre plate pour s'assurer qu'ils forment entre eux un
angle droit. En
Franc-Maçonnerie, à la question : « Qu'est-ce qu'une
équerre ? », le candidat répond : « C'est un
angle de quatre-vingt-dix degrés ou le quart d'un cercle. » Il va sans dire que ce n'est pas la définition juste d'un
carré, mais seulement celle d'un de ses
angles.
L'
équerre posée sur le L
:. de la C
:.
S
:. a une origine tout autre et une raison d'être différente de celles de l'instrument porté par le Vén
:. C'était à l'origine un
carré géométrique, mais sa forme complète s'est perdue et n'est plus représentée que par un
angle du
carré. On la croit en général identique à l'outil de charpentier ou de maçon, ainsi désigné, et que porte le Vén
:. comme insigne de ses fonctions, mais en réalité les deux idées n'ont rien de commun.
En Egypte, le
triangle représentait la triade constituée par la volonté spirituelle, l'amour-intuition et l'intelligence supérieure dans l'homme, tandis que le
carré symbolisait le quaternaire inférieur, c'est-à-dire le
corps avec ses parties visibles et éthériques, sa nature émotionnelle et son mental inférieur. Le
triangle figurait donc l'individualité ou
âme, et le
carré la personnalité, leur ensemble constituant l'homme septénaire.
Les trois objets étaient également destinés, pensait-on, a seconder les progrès de l'homme : le L
:. de la G
:. S
:. appelait son attention sur la valeur de la tradition ; le
triangle lui montrait l'importance de l'inspiration ; le carre insistait sur la haute utilité des faits et, accessoirement, donnait à comprendre la valeur du sens commun. La tradition nous vient des ancêtres ; l'inspiration procède du moi supérieur ; les faits doivent être étudiés et employés en prenant pour guide le sens commun.
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(19) Sidelights on Freemasonry, p. 47.
(20) Ibid., p. 50.