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Le côté occulte de la Franc-Maçonnerie

Charles Webster Leabeater
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CHAPITRE VIII – LE TROISIÈME DEGRÉ
Hiram Abiff

C'est seulement après, avoir reçu cette merveilleuse effusion d'énergie spirituelle que « le courage et la fidélité du candidat » sont mis plus sévèrement à l'épreuve, ce qu'implique la partie symbolique de ce degré. Un drame extrêmement remarquable s'ouvre devant lui et, sans s'y attendre, il se trouve jouer le rôle de son héros. La mise en scène est habile et saisissante ; l'obscurité relative de la Loge, les versets chantés, les costumes spéciaux adoptés pour les offices et pour le candidat – tout est admirablement étudié pour intensifier l'impression générale que l'on cherche à donner. C'est dans ces conditions que le M:. Maç:. nouvellement promu entend pour la première fois le récit traditionnel qui, en Maçonnerie, a tant d'importance.

      Le nom communément donné à ce récit extraordinaire n'est peut-être pas très approprié, car un peu de réflexion suffit bientôt à nous montrer qu'il ne peut sérieusement être tenu pour historique, dans le sens ordinaire du terme ; mais si nous y voyons une légende et lui donnons un sens moral, nous verrons qu'il est fort instructif. Il n'est pas nécessaire de douter que le personnage central, Hiram Abiff, ait vraiment existé et qu'il ait été envoyé par son homonyme, Hiram, roi de Tyr, afin de travailler pour le roi Salomon à la décoration du temple. Les écritures juives en parlent comme d'un habile ouvrier en métaux, et ceux d'entre nous qui ont fait des recherches sur l'exécution des colonnes confirment pleinement cette assertion, sauf qu'ils n'ont pas trouvé trace de la mort sanglante que lui attribue la légende. Comme je l'ai dit dans un des premiers chapitres, c'est au roi Salomon lui-même que paraît due l'introduction dans la Maçonnerie juive du récit original ; il en est autrement pour l'insertion du nom aujourd'hui donné à son héros. Moïse apporta d'Egypte le mythe de la mort et de la résurrection d'Osiris, et ce mythe un peu modifié persista jusqu'au temps de David. Salomon, pour des raisons patriotiques, transféra à Jérusalem le théâtre du drame, auquel il donna pour centre le temple qu'il avait bâti ; en même temps, il se rendait populaire en accordant son rituel à ceux des peuples voisins, pour la plupart adorateurs de la divinité phénicienne Tammouz, nommé plus tard par les Grecs Adonis.

      Bien qu'il ait remanié la légende et lui ait donné un caractère entièrement juif, ce n'est pas Salomon qui introduisit dans le récit le nom que nous connaissons si bien, car nous voyons Hiram Abiff remplissant les fonctions de ce que nous appellerions aujourd'hui deuxième Surv:. dans une grande cérémonie privée, cérémonie de consécration et de dédicace, dans laquelle fut célébré pour la première fois le nouveau rituel de Salomon. Ce jour-là, Hiram, roi de Tyr, officia comme premier Surv:., bien que, pour une raison demeurée obscure, sa visite fût secrète ; il retourna presque immédiatement chez lui, ayant été remplacé dans les cérémonies publiques par Adoniram. Roboam, fils de Salomon, semble avoir détesté Hiram Abiff qui lui avait plus d'une fois reproché son arrogance et ses écarts de conduite ; aussi, quand après la mort de Salomon il monta sur le trône, il se vengea d'Hiram d'une bizarre et maligne façon en décidant que la victime du 3ème porterait à jamais son nom. On a peine à comprendre quelle satisfaction cette décision donnait à Roboam ; mais il se peut que le roi fût à peu près irresponsable de ses actes ; c'était évidemment un décadent, un dégénéré de la pire espèce. Il est possible que son animosité ait pris encore d'autres formes, car Hiram Abiff jugea bon de retourner dans son propre pays où il mourut, comblé d'ans et d'honneurs.

      Il y a peu d'années un prince javanais imita, dit-on, la méthode suivie par Salomon ; ses raisons ressemblaient beaucoup à celles du monarque juif. Le prince et son peuple étaient, au moins de nom, mahométans ; mais il dit à ses sujets : « Pourquoi vous tourner vers la Mecque en faisant vos dévotions ? J'ai ici un très beau temple ; tournez-vous vers lui et non vers l'Arabie quand vous récitez vos prières ». Ils semblent avoir accepté la proposition et ainsi naquit dans le culte une variation qui dans une centaine d'années pourra fort intriguer les historiens.

      Le F:. Ward, dans son récent ouvrage Who was Hiram Abi?, soutient que toute cette légende est simplement une adaptation du mythe de Tammouz ; qu'Hiram faisait partie d'un groupe de prêtres-rois et qu'il fut tué par les autres, en sacrifice volontaire, lors de sa consécration du temple, afin de porter bonheur à l'édifice. L'auteur étaye sa théorie d'arguments nombreux, et fait preuve d'une érudition et de recherches immenses, ayant réuni une étonnante collection de faits extrêmement intéressants. Je recommande vivement à nos FF:. la lecture de ce livre tout en conservant personnellement l'opinion qu'à l'origine la Maçonnerie vint aux Juifs par l'Egypte, quelle que soit l'influence, certaine d'ailleurs, exercée plus tard sur elle par le culte de Tammouz pratiqué par les nations voisines. Le F:. Ward cite des cas où l'on retrouve dans les circonstances les plus inattendues, des traces du culte d'Adonis :

      Quand le pape est mort, un haut fonctionnaire, tenant un petit marteau d'ivoire, s'approche du cadavre et le frappe légèrement, une fois sur chaque tempe et une fois au milieu du front. A chaque coup il somme le pape de se lever, et ce n'est qu'à la troisième sommation inutile qu'il déclare officiellement Ia triste nouvelle : le pape est mort et il faut élire son successeur (48).

      Le F:. Ward identifie ensuite Hiram Abiff avec Abibaal, père d'Hiram, roi de Tyr, et donne même à entendre qu'Hiram n'était pas du tout un nom personnel, mais un titre des rois de Tyr, comme Pharaon était le titre des rois d'Egypte.

      D'une autre source nous vient une supposition assez fantastique : c'est que Salomon non plus n'aurait pas été un nom personnel mais peut se subdiviser en Sol-om-on ; sol signifiant soleil ; om étant le mot sacré des Hindous (mot substitué, car le véritable mot est un Nom-Force, le Nom du Logos qui, prononcé, ébranlerait le monde et détruirait le parleur) ; enfin on, du grec to on, l'existence absolue. Cette interprétation est peut-être fantaisiste, mais il semble certain que les compatriotes du roi l'appelaient Salômon et prononçaient le mot comme un amphibraque et non, ainsi que nous le faisons, comme un dactyle.

      Dans les degrés supérieurs, le nom d'Hiram Abiff est un peu modifié et même dans la Bible il s'écrit parfois Huram. Il devient encore Khairoum ou Khouroum. Khour, à lui seul, signifie blanc ou noble. Il existe une variante, Kri, qui dans certains cas devient Khris ; d'où la possibilité d'un rapport avec les noms de Krishna et de Christ. Dans certains passages du Livre de Job, celui-ci parle de l'orbe solaire et le mot qu'il emploie est Khris. Hiram, roi de Tyr, assurent les annales, est le premier qui offrit le sacrifice du feu au Khour, devenu plus tard Héraklès. Plutarque nous dit qu'en son temps les Perses appelaient le soleil Kuros, nom qu'il rapproche du mot grec Kurios, signifiant Seigneur, et que nous retrouvons dans le « Kyrie eleison » de l'office catholique. Il y a aussi une relation entre le mot Khour et le nom égyptien d'Horus, qui s'appelait aussi Her-Ra et Haroeris, noms du dieu solaire. Le mot hébreu Aour signifie la lumière, le feu, ou le soleil ; d'où Khouroum, équivalent du grec Hermès.

      Hiram a été le fils d'une veuve ; ceci donne également à réfléchir. Horus, comme enfant d'Isis, était la réincarnation de son propre père Osiris et pourrait ainsi, enfant posthume, être décrit à juste titre comme le fils d'une veuve.

      Bien qu'il fût de la tribu de Naphtali, il était né et il habitait à Tyr ; il peut donc avoir été instruit par la confrérie dionysiaque dont un centre se trouvait dans cette ville.


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(48)  Op. cit., p. 74.




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