CHAPITRE PREMIER PRÉLIMINAIRE
Histoire de la Franc-Maçonnerie
La doctrine des Mystères en Egypte était très rigoureusement gardée ; au prix de grandes difficultés seulement et dans des conditions spéciales, une personne qui n'était pas née Egyptienne pouvait obtenir l'autorisation de la recevoir ; elle a cependant été accordée à divers étrangers éminents, entre autres à Moïse, dont il est dit dans le récit biblique : « Il acquit toute la sagesse des Egyptiens ». Il transmit ses connaissances à la ligne sacerdotale juive et elles subsistèrent, plus ou moins altérées, jusqu'au temps de David et de Salomon.
(15) Quand Salomon construisit son temple, il l'éleva suivant un plan maçonnique et en fit un centre de
symbolisme et de travail maçonniques ; sans aucun doute, il voulut que son temple démontrât et conservât pour son peuple certains genres de mesures. De même furent incorporés dans les mesures de la grande pyramide toutes sortes de faits astronomiques et géodésiques
(15). Salomon échoua, car la tradition était fort incomplète ou, pourrait-on dire plus exactement, si le cérémonial extérieur et même l'ornementation traditionnelle avaient été assez bien conservés, la signification en était oubliée. Jusque là on appelait l'attention des
initiés aux mystères juifs sur la Maison de Lumière en Egypte, mais le roi Salomon résolut de concentrer leurs pensées et leurs sentiments exclusivement sur l'édifice qu'il avait lui-même construit. C'est pourquoi au lieu de leur parler de la mort et de la résurrection
symboliques d'Osiris en Egypte, il imagina de les remplacer par la forme primitive de notre présente
histoire traditionnelle ; en somme il judaïsa tout le rituel et substitua des mots hébreux au texte égyptien original, mais en respectant du moins le sens primitif.
Souvenons-nous qu'il se bornait ainsi à rattacher ses
rites nationaux à ceux des tribus et des nations voisines. La tradition des Mystères avait suivi plusieurs lignes. Si les Juifs ont apporté à travers le désert du Sinaï beaucoup de la forme égyptienne, les
Tyriens et d'autres encore ont conservé l'
histoire de la descente de Tammouz ou
Adonis plutôt que celle du démembrement d'Osiris. Le F
:. Ward, dans son plus récent ouvrage traitant de cette question, est porté à soutenir la théorie que nous-mêmes, comme
Francs-Maçons, devons assez peu à l'Egypte mais beaucoup à la Syrie. Dans cette esquisse très rapide de l'
histoire maçonnique, il m'est impossible de pousser plus loin la question, mais j'espère en parler plus longuement dans un prochain volume.
C'est principalement par cette ligne traditionnelle juive que la Maçonnerie nous est arrivée en
Europe. Elle semble avoir été apportée à Rome par des soldats faisant partie des armées d'
invasion de Vespasien et de Titus, et c'est ainsi qu'elle s'ajouta aux cérémonies et aux doctrines des
Collèges romains. Plus tard, les
Comacini et diverses autres sociétés secrètes lui firent traverser les temps périlleux du
moyen-âge et, quand avec des temps meilleurs la persécution devint moins cruelle, la Maçonnerie revint à la surface. Certains fragments en furent réunis en 1717 pour former la Grande Loge d'Angleterre et c'est ainsi qu'elle est venue jusqu'à nous.
Il faut bien comprendre pourtant qu'il n'existe pas en Maçonnerie de ligne orthodoxe unique. Une tradition parallèle dont la source est en Chaldée a donné naissance à la Maçonnerie comme elle est travaillée sur le continent
européen. Une autre tradition encore semble avoir été rapportée par les chevaliers
Templiers à leur retour des
croisades.
Un extrême intérêt s'attache à tout ce sujet de l'
histoire maçonnique, mais la Maçonnerie étant en somme une société secrète, il est souvent impossible de déterminer sa filiation par des documents à notre
disposition ; d'où confusions et contradictions nombreuses chez les divers auteurs. Nous avons nous-mêmes donné à cette question beaucoup d'investigations et de recherches ; j'espère en publier très prochainement les résultats sous forme d'un livre traitant de l'
histoire intérieure de la
Franc-Maçonnerie.
Une grande partie de la doctrine ancienne étant tombée en oubli, quelques-uns des véritables secrets se perdirent pour la masse des FF
:., mais les Hiérophantes de la Grande Confrérie Blanche n'ont jamais laissé perdre ces secrets et récompensent toujours les recherches des Franc-Maçons vraiment sérieux. Nous qui appartenons aux sous-races plus modernes, nous pouvons nous montrer tout aussi altruistes que nos devanciers et tout aussi capables d'accomplir pour nos semblables un travail utile. A vrai dire, nous pourrions bien être nous-mêmes ces hommes d'autrefois, revenus dans des
corps nouveaux, sans que la foi et le travail qui nous étaient si familiers jadis aient perdu pour nous leur charme. Essayons de faire revivre, malgré l'extrême différence des conditions actuelles, l'
esprit indomptable qui nous distinguait il y a tant de siècles. Pour cela il faut beaucoup travailler, car chaque officier doit jouer son rôle dans la perfection et l'on n'y arrive pas sans beaucoup de discipline et de pratique. Je suis convaincu cependant que beaucoup répondront à l'appel du Maître et se joindront à ceux qui ouvrent la voie à leurs successeurs.
Que chaque Loge fasse de soi une Loge modèle, absolument à
hauteur de sa tâche afin que tout visiteur, impressionné par le travail accompli et par la
force de l'atmosphère magnétique soit amené à participer à l'immense entreprise. Nos membres doivent pouvoir aussi, quand à leur tour ils visitent d'autres Loges, expliquer notre façon de travailler et montrer comment, au point de
vue occulte, les cérémonies devraient être réglées. Mais avant tout, ils doivent apporter en tout lieu le
magnétisme énergique d'un centre complètement harmonieux et le puissant rayonnement de l'
amour fraternel.
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(15) Voir chap. II,
Colonnes, p. 35.