CHAPITRE IV CÉRÉMONIES, PRÉLIMINAIRES
Le tablier
Dans les tenues, tout Maçon doit porter l'insigne appelé tablier ; il faut qu'il l'ait mis pour que, maçonniquement parlant, il soit « convenablement vêtu ». Il peut porter un décor additionnel, tel que cordons ou bijoux représentant ses fonctions particulières ou bien le degré ou il est parvenu, mais s'il ne porte au moins le tablier, il ne peut être admis dans la Loge ; il n'y a d'exception que pour un candidat à l'initiation qui, n'étant pas encore Fr:., n'a pas le droit de porter cet insigne distinctif. Dans certains degrés supérieurs, le tablier ne se porte pas, mais il est remplacé par d'autres insignes. C'est seulement parce qu'il n'est plus nécessaire. Il y a des Loges où l'on met et où l'on ôte les tabliers dans le temple, mais ceci ne devrait jamais être toléré.
La nécessité pour les
Maçons d'être convenablement vêtus rappelle d'une manière
intéressante les Mystères anciens ; elle explique aussi pourquoi la partie essentielle du costume maçonnique, règlementaire pour tous, sauf les exceptions mentionnées, est le tablier. Notre tablier moderne n'a plus tout à fait la même forme qu'autrefois en Egypte ; il a sans doute été modifié quand on jugea nécessaire la
fusion des
Francs-Maçons spéculatifs et opératifs, à l'époque des persécutions ordonnées par l'
Eglise. L'ancien tablier égyptien
(24) était triangulaire, le sommet touchant la ceinture, et son ornementation différait à plusieurs égards de celle qui est employée actuellement. Mais le changement le plus important est dans l'idée présente, que le tablier lui-même est tout, et que la bande qui entoure le
corps existe uniquement pour attacher le tablier et pour le maintenir en place. Jadis, la ceinture du tablier en était la partie la plus importante ; c'était beaucoup plus qu'un
symbole. La ceinture était un cercle fortement magnétisé, destiné à contenir un disque de matière éthérique, séparant de la partie inférieure la partie supérieure du
corps afin que les énergies formidables que le cérémonial maçonnique avait pour objet de mettre en mouvement ne pussent gagner la région inférieure du
corps.
Dans
The Meaning of Masonry,
le Fr
:. Wilmshurst s'exprime ainsi :
La Maçonnerie est un système sacramental présentant, comme tous les sacrements, un coté extérieur et visible, c'est-à-dire sa doctrine et ses symboles que nous pouvons voir et entendre, et un coté profond, intellectuel et spirituel, caché dans le cérémonial, la doctrine et les symboles ; seul en profite le Maçon qui, ayant appris à employer son imagination spirituelle, est capable d'apprécier la réalité qui règne derrière le voile du symbole extérieur (25).
Il nous rappelle que, pour l'App
:., la bavette du
tablier est relevée, ce qui en fait une figure à cinq pointes, symbolisant
l'homme quintuple. Le
triangle formé par le pan relevé, nous explique
l'auteur, se trouve alors au-dessus du
carré ; il symbolise ainsi le fait
qu'à ce degré d'évolution l'
âme plane au-dessus du
corps inférieur, sans que l'on puisse vraiment dire encore qu'elle en fait usage. Plus tard, la bavette est rabattue, montrant que l'
âme se trouve dans le
corps et en a fait son instrument. La peau d'
agneau, dit-il ensuite, est avant tout un
symbole de pureté, mais elle représente aussi l'absence de coloration de l'
âme non développée, ou de ce que l'on nomme en
Théosophie le
corps causal. Dans ce dernier, comme le savent quelques-uns d'entre nous, son développement et l'éveil de vibrations nouvelles se traduisent par des
couleurs abondantes et magnifiques. Le lecteur trouvera cette question traitée, avec des planches en
couleur, dans
L'Homme visible et invisible.
Comme l'explique encore le Fr
:. Wilmshurst, le bleu
pâle des rosettes sur le tablier du Comp
:., de même que la doublure et la bordure et les glands d'
argent ornant le tablier du M
:. Maç
:., montrent qu'à ce stade le bleu du
ciel commence à paraître dans la
blancheur que l'innocence, malgré toute sa beauté, cède le pas à la connaissance, du moins dans une certaine mesure, et que l'obtention des degrés supérieurs est marquée par plus de
couleur et plus de beauté. L'auteur mentionne spécialement qu'il y a deux lignes d'
influence ou d'énergie spirituelle venant d'en haut, dont chacune se termine par sept lignes d'
argent une sorte de houppe indiquant les sept
couleurs du prisme. Ces lignes symbolisent en réalité les sept grandes
divisions ou variétés des tempéraments dans la vie. Dans la Maçonnerie américaine, dit l'
Encyclopædia de Mackey, le tablier est le même pour les trois degrés de la Maçonnerie Bleue ; il est fait de peau d'
agneau et porte une étroite bordure de ruban bleu. La Maçonnerie Mixte se conforme à l'usage établi dans la Grande Loge d'Angleterre, sauf deux différences : au lieu de la bordure et des rosettes bleu-ciel, elle prescrit une étroite bordure rouge ; le même tissu est employé pour les rosettes. Les glands sont dorés et non argentés et leurs sept lignes symbolisent les sept rayons de la vie et les sept états de la matière. On voit par nos
illustrations en quoi diffèrent les tabliers des Maîtres dans l'Egypte ancienne et ceux du temps présent (figure 15).
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(24) Voir figure 15.
(25) The Meaning of Masonry, p. 21.