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Le côté occulte de la Franc-Maçonnerie

Charles Webster Leabeater
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CHAPITRE II – LA LOGE
Les colonnes du porche

Le rituel anglais de la Maçonnerie Bleue dit, à propos du temple du roi Salomon : « Dans cet édifice magnifique rien de plus saillant, rien qui attirât plus l'attention que les deux grandes colonnes érigées au porche ou entrée. » Comme le rituel l'explique ensuite, ces deux colonnes furent placées à l'entrée du temple afin de rappeler aux enfants d'Israël, quand ils se rendaient à l'office divin ou qu'ils en revenaient, la colonne de flamme qui éclairait les Israélites échappés à la servitude égyptienne, et la colonne de nuage qui enveloppa de ténèbres Pharaon et son armée poursuivant les fuyards.

      Leur vraie signification remonte cependant beaucoup plus loin. On assure que ces deux colonnes représentaient tout d'abord les étoiles polaires du nord et du sud. Elles se nommèrent d'abord les colonnes d'Horus et de Set, mais leurs noms devinrent plus tard Tat ou Ta-at, et Tattou ; le premier nom signifiait « en force » et le second « établir », leur réunion était regardée comme l'emblème de la stabilité. Tattou est l'entrée de la région où l'âme mortelle s'unit à l'esprit immortel et où, comme nous l'avons expliqué déjà dans le chapitre I, elle s'établit des lors pour toujours. Il est étrange que tant d'auteurs parlent des étoiles polaires du nord et du sud, car en fait il n'existe point au pôle sud d'étoile importante. Le pôle sud est situé dans une région céleste où les astres sont exceptionnellement rares, et le plus rapproché parmi ceux d'une certaine grandeur se trouve au pied de la Croix du Sud, c'est-à-dire à vingt-sept degrés du pôle.

      Au sommet des deux colonnes, dans le symbolisme le plus ancien, il y avait d'abord quatre lignes ou barres horizontales, emblèmes du ciel et de la terre. (Voyez figure 5.)

Figures 5, 6, 7 et 8


      La figure 6 fera comprendre comment les quatre quartiers ou carré, ou plutôt les deux carrés, ont été formés.

      Le premier symbole offre les deux yeux du nord et du sud, réunis par une ligne droite. Le second offre la ligne de Shou, là où il se divise au moment de l'équinoxe et forme ainsi les deux triangles de Set et Horus. La troisième figure complète le carré des quatre quartiers. On dit que Tattou est ainsi le lieu désormais invariable, un ciel avec ses quatre quartiers, comme Tat représente la terre avec ses quatre quartiers.

      Dans les hiéroglyphes la forme est devenue la figure 7, tandis que dans le Papyrus d'Ani elle est donnée comme dans la figure 8. Le Dr Mackey a spécialement étudié ces deux colonnes dans leur forme Juive plus récente. Elles représentent, à son avis, un mémorial des promesses de Dieu réitérées de soutenir Son peuple israélite, car Jachin est dérivé de Jah (« Jéhovah ») et de achin (« établir ») et signifie « Dieu établira Sa demeure en Israël » ; d'autre part Boaz est composé de b (« dans ») et oaz (« puissance »), le tout signifiant « il sera établi en force ». Selon Mackey, les colonnes devraient être à l'intérieur du porche (en réalité elles ne l'étaient pas), à son entrée même, encadrant la porte. On verra avec quelle précision les sens donnés ici s'accordent avec les noms égyptiens donnés à ces mêmes colonnes.

      Dans les Ecritures chrétiennes se trouvent diverses descriptions de ces colonnes. Nous renvoyons le lecteur à 1 Rois, VII, 15 ; 2 Rois, XXV, 17 ; 2 Chron., III, 15 et IV, 12 ; Jérémie, LII, 21, et Ezéchiel, XL, 49. Il se trouve aussi une description dans l'histoire des Juifs de Josèphe ; une autre encore dans le Lexicon of Freemasonry de Mackey. Les auteurs sont loin de s'accorder et les détails donnés sont si confus que les écrivains maçonniques ne s'entendent que pour les caractères principaux. Il nous a donc semblé préférable d'entreprendre une investigation par clairvoyance ; les planches IV et V en montrent le résultat. La première est ce que l'on appelle un dessin à l'échelle ; elle montre les proportions de la colonne exactement comme elle était, mais comme aucun être humain n'eût été capable de la voir, vu sa grandeur. La seconde est un dessin agrandi, du même genre, représentant le chapiteau et montrant le caractère assez compliqué de son ornementation. Il y a encore un petit plan (figure 9) du temple, montrant les positions relatives des colonnes et du porche. On verra que les colonnes se trouvaient non pas à l'intérieur du porche mais immédiatement à sa sortie.

      Ce plan a été fait à l'échelle, en se basant sur les mesures bibliques, mais il faut noter que les seules portes indiquées sont celles du porche. On n'y voit pas non plus les curieuses petites chapelles latérales ajoutées par le roi Salomon. Enfin, aucune mention des cours qui entouraient le temple.

      Les colonnes, nous dit la Bible, étaient d'airain, mais leur aspect se rapprochait beaucoup plus de ce que nous appelons aujourd'hui bronze. Toutes les descriptions, moins une, donnent comme hauteur de la colonne dix-huit coudées, et le chapiteau qui s'arrondit à son sommet avait, disent-elles, cinq coudées de hauteur, mais, comme il dépassait le sommet d'une demi-coudée, la hauteur totale était de vingt-deux coudées et demie.

Figure 9


      La coudée, suivant les calculs habituels, étant de dix-huit pouces, ceci donne pour la colonne et son chapiteau une hauteur totale de trente-trois pieds neuf pouces. La circonférence donnée est de douze coudées ou dix-huit pieds ; le diamètre devait donc être d'un peu moins de six pieds. Les colonnes étaient creuses ; le métal dont elles étaient faites avait, croit-on généralement, trois pouces d'épaisseur quelques-uns disent quatre. Derrière chaque colonne, de façon à être invisibles par devant, se trouvaient trois petites portes, les unes au-dessus des autres ; on peut donc se représenter cette partie comme divisée en armoires où les archives, les livres de la Loi et autres documents.

      Les chapiteaux coiffant le sommet des colonnes sont la partie la plus intéressante de ces remarquables reliefs. C'est en examinant la planche que l'on se rendra le mieux compte de leur décoration. L'ensemble du chapiteau s'élargit vers le haut un peu en forme d'urne ; sur lui repose un disque et rond. La courbe ascendante de l'urne traverse le disque et forme au-dessus de lui une saillie qui est le segment d'une sphère, sans que, naturellement ce détail fût visible pour une personne placée au pied de la colonne et levant les yeux vers le sommet. Il serait plus exact de dire que la forme en question est moins une sphère qu'un sphéroïde aplati. Dans la colonne primitive, en pierre, qui occupait une place semblable dans le temple égyptien et dont le symbolisme fut copié par l'artisan tyrien, cette forme assez inusitée était sans doute intentionnelle et destinée à donner une idée de la forme réelle de la terre, parfaitement connue des anciens Egyptiens.

      Comme nous le verrons dans un autre chapitre, ils étaient parfaitement au courant des mesures exactes du globe, mais dans l'indication qui en est donnée par le sphéroïde de la colonne la dépression polaire est naturellement très exagérée ; autrement la différence eût à peine été visible. On sait que les colonnes étaient destinées à représenter respectivement les sphères terrestre et céleste et, dans certaines reproductions tentées à notre époque, elles sont couronnées de ces deux globes. Mais les originaux n'en avaient pas, les chapiteaux arrondis les représentant d'une manière suffisante.

Planche V - Détail du chapiteau


      Comme le montre la planche V, la surface du chapiteau était, au-dessous du disque, couverte d'entrelacs dont les extrémités inférieures s'unissent pour former une sorte de frange d'où pendent une série de petites boules. Le récit biblique dit avec raison que ces boules devaient représenter des grenades et qu'il y avait deux cents de ces grenades sur chaque colonne.

      Superimposé aux entrelacs se remarque un assez curieux décor de chaînes, suspendues en festons ; il y a sept rangs de festons placés les uns au-dessus des autres. Chaque anse de chaîne comprend sept maillons ; le maillon central de la chaîne est toujours de beaucoup le plus grand et le plus lourd, et les maillons diminuent de grosseur et de poids à mesure qu'ils s'élèvent vers les extrémités de l'anse. Une ligne de lis court au bord du disque, et de cette ligne quatre chaînes de la même fleur sont suspendues et descendent tout droit, à la surface du chapiteau, des côtés nord, est, sud et ouest. Cependant ces chaînes fleuries ne sont point suspendues en l'air ; elles adhèrent à la courbure du chapiteau. Entre elles se voient deux palmes croisées, passées dans le maillon central de la chaîne intermédiaire, dans chacun des intervalles.

      Complètement indépendant de ce décor se trouve ajouté un bandeau de fleurs admirablement exécuté, afin de cacher le raccord du chapiteau et de la colonne. Il présente une triple rangée de lis. La rangée centrale qui recouvre exactement le rebord du chapiteau se compose de fleurs épanouies faisant face au dehors et alternant avec des feuilles ; il y a de plus une rangée supérieure de boutons complètement fermés, qui se dressent entre les fleurs du rang central et dont l'effet rappelle un peu les pointes d'une couronne. Du rang central pendent avec grâce les lis du troisième rang ; leurs tiges sont courbes ; ils font face de divers côtés.

      Tout cela, nous dit-on, est l'œuvre de H:. A:., fils d'une veuve de Nephtali, appelé dans le récit biblique « fort expert, intelligent et savant pour faire toutes sortes d'ouvrages d'airain », qui fut envoyé à Jérusalem par H:. R:. de T:. avec la mission spéciale d'exécuter ce travail, comme d'autres du même genre, pour le roi Salomon. Cet homme était certainement un véritable artiste, car il se donna une peine incroyable pour exécuter l'œuvre exactement comme il l'avait conçue. Autant que les investigateurs ont pu le constater, son travail était entièrement fondé sur la description traditionnelle des piliers en pierre égyptiens, transmise de siècle en siècle depuis Moïse. Il ne semble pas avoir bien clairement saisi le sens de tous ces étranges ornements, bien que Moïse lui-même eût possédé en perfection tout le système symbolique dont ils étaient l'expression.

      Il faut noter que ce décor varié n'était pas un bas-relief, comme on s'y attendrait dans un ouvrage fondu ; au contraire, il se détachait nettement de la surface de la colonne, certaines fleurs s'y rattachant seulement par une tige comparativement mince et fort longue. On jugera de la patience et du soin déployés par l'ouvrier par ce fait qu'il sculpta en bois, et grandeur naturelle, tout le triple bandeau de lis destiné à entourer la circonférence (dix-huit pieds) de la base du chapiteau, et qu'ensuite il prit un moulage de ce modèle en bois. Bien que le thème général d'un triple bandeau de fleurs fût respecté, l'ensemble avait un caractère très naturel, aucune fleur n'étant la répétition exacte de sa voisine ; ce n'était pas la simple multiplication d'un motif, comme dans un papier moderne ; l'idée générale était traduite, avec un amour et un soin extrêmes, en un seul tout grandiose.

      Cet artisan de jadis se livra à mainte expérience avant d'être satisfait et, pour atteindre son but, adopta plusieurs méthodes ingénieuses. Il tenait beaucoup à fondre autant que possible d'un seul jet tout le chapiteau et son décor ; avec l'outillage primitif dont il disposait son labeur fut immense. Ses lis, pourrait-on dire, sont un peu conventionnels, du moins ne correspondent-ils exactement à aucune des variétés qui me sont familières. En somme, ils ressemblaient davantage au lotus qu'à un lis ordinaire ; d'autre part, les feuilles n'avaient rien de commun avec les feuilles du lotus.

      Pour le commun des fidèles présents dans le temple, tous ces ornements assez compliqués étaient de la décoration pure, mais pour l'initié le sens ésotérique abondait. D'abord ces deux colonnes rappelaient l'axiome des occultistes, « Comme en haut, de même en bas », car, malgré leur similitude parfaite dans les moindres détails, il était toujours entendu qu'elles figuraient respectivement les mondes terrestre et céleste. Sur Tat, la colonne de gauche, chaque anse de chaque chaîne symbolisait ce que dans nos études orientales nous appelons une race-branche. Les maillons, à mesure qu'ils se rapprochaient du bas, augmentaient de taille et d'épaisseur afin d'indiquer la descente progressive au sein de la matière, jusqu'au moment où, la quatrième race ayant pris naissance, l'énergie vitale revient vers le centre, en remontant à son point de départ et en se revêtant d'enveloppes moins matérielles.

      Chaque anse de sept maillons représentait donc une sous-race, et les sept anses qui, entourant la colonne, constituaient un feston, correspondent à l'une des grandes races-mères telles que la lémurienne, l'atlante ou l'aryenne. L'ensemble des sept festons suspendus les uns au-dessus des autres signifiait une période mondiale, une occupation de notre propre planète.

      Sous les chaînes se voit un réseau admirablement exécuté ; il servait aux prêtres d'autrefois à élucider une autre face de l'évolution, ce prodigieux mystère. Le Saint-Esprit planant sur les eaux de l'espace a fécondé et vivifié la matière primordiale ; alors commence l'activité du deuxième Aspect du Logos et en courants innombrables Sa vie divine se répand dans le champ préparé pour eux. De mille façons ils s'entrelacent et se combinent, d'où l'inexplicable multiplicité de la vie qui nous entoure. Leur action réciproque produit les nombreux fruits de l'évolution que représentent dans nos colonnes les rangées de grenades suspendues à la frange du réseau. La grenade a été choisie comme symbole parce que chaque fruit contient un nombre immense de grains séparés ; elle rappelle donc la fécondité inouïe de la nature et l'innombrable variété de ses types.

      Sur Tat, les lis représentaient toujours la fleur de l'humanité ; disposés en ligne autour du bord du disque, ils indiquaient la Grande Confrérie Blanche – les joyaux dans la couronne de l'humanité, planant au-dessus de la race humaine et dirigeant son évolution. Les quatre chaînes florales pendantes symbolisaient le Saint Quaternaire dont la résidence est Shamballa – le Roi Spirituel et Ses trois disciples assistants, seuls représentants ici-bas des Seigneurs de la Flamme qui, de Vénus, descendirent jadis sur la terre afin de hâter l'évolution humaine. Les palmes croisées posées dans les intervalles symbolisent les quatre Dévarâjas, les agents principaux par lesquels sont mis à exécution les décrets des Fils du Brouillard de Feu.

      Les trois bandeaux de lis placés de façon à dissimuler le joint entre le chapiteau et la colonne représentaient les initiés des trois grades dans les Mystères égyptiens. Les boutons de la rangée supérieure, pointant vers le haut, symbolisaient les initiés aux Mystères d'Isis, initiés qui par leurs aspirations et leur élan vers la vie supérieure élèvent la moyenne générale de la pensée humaine. Les fleurs du rang intermédiaire, épanouies et faisant face à l'extérieur étaient les initiés de Sérapis, manifestant dans leurs vies la gloire, la dignité et la puissance de l'humanité telle qu'elle devrait être. Le troisième rang, celui des lis retombants, représentait les initiés aux Mystères d'Osiris qui se penchent vers le monde afin d'assister et d'éclairer l'humanité.

      Ces trois grades d'initiés semblent correspondre d'une façon générale aux trois autres divisions ou grades de la vie occulte, que j'ai longuement décrits dans Les Maîtres et le Sentier. D'abord les personnes qui suivent le sentier de probation, qui aspirent à s'engager dans le Sentier proprement dit et s'efforcent de se purifier, de développer leur caractère et de servir l'humanité d'un cœur aimant et altruiste sous la direction des Maîtres. Ensuite viennent celles qui, par l'initiation, sont entrées dans la Grande Confrérie Blanche et ainsi se sont engagées dans le Sentier proprement dit ; leurs vies sont entièrement consacrées au service de l'humanité ; en elles le bouton de la vie humaine est devenu fleur ; enfin leur conscience s'est élevée jusqu'au principe bouddhique et c'est là, comme on l'a défini, que l'homme peut s'exprimer de façon véritablement humaine. Troisièmement les arhats, qui ont reçu la quatrième grande Initiation ; leur réincarnation est facultative ; s'y décident-ils, c'est un acte purement volontaire ; ils effleurent sur ce plan l'existence humaine, mais seulement pour aider.

      Sur Tattou, la colonne de droite, nous reprenons l'histoire de l'évolution au point où nous l'avons quittée dans l'autre. Un maillon représente ici une période mondiale et par conséquent comprend l'ensemble des sept festons qui se trouvent sur Tat. Pour employer une fois encore les termes techniques de la doctrine théosophique, l'anse à sept maillons de Tattou représente ce que nous appelons une Ronde ; le feston complet à sept anses donne l'idée d'une période de Chaîne, et le groupe complet de sept festons égale un système planétaire.

      Considérées ensemble, les deux colonnes correspondent exactement à la table de l'évolution et au schéma que je donne dans la sixième section de L'Occultisme dans 1a Nature (2ème volume) ; les éclaircissements qu'on y trouve étaient presque tous donnés par les prêtres égyptiens à leurs néophytes, et illustrés au moyen de ce système méticuleux de décoration appliqué au chapiteau. Une répétition complète de l'explication contenue dans cet ouvrage ne peut trouver place ici, mais j'y renvoie les étudiants qui veulent approfondir ce sujet si intéressant. Comme l'ouvrage a eu plusieurs éditions, je ne puis malheureusement indiquer exactement telle ou telle page, mais on trouvera facilement le schéma.

      Sur Tattou, la couronne de fleurs entourant le bord du disque semble avoir figuré l'armée des Dhyân Chohans, y compris peut-être les Logoï Planétaires. Les quatre chaînes de lis descendant de cette couronne avaient pour les Egyptiens un sens relatif au Tetraktys, ou peut-être à un reflet ou expression de ce Mystère. Quant au triple bandeau de lis entourant le bord inférieur du chapiteau, il signifiait l'action exercée sur la matière par les trois Aspects du Logos. Ainsi les boutons exprimaient l'action du Saint-Esprit, le Bras du Seigneur étendu et agissant, exerçant continuellement, dans l'esprit de l'homme, une pression de bas en haut et d'arrière en avant ; le rang intermédiaire devait indiquer la puissance du Père resplendissant à jamais comme le soleil dans sa gloire, bien au-dessus des nuages et des brumes terrestres ; enfin, le rang inférieur représentait l'action du deuxième Aspect, Dieu le Fils, s'abaissant jusqu'à l'incarnation et relevant l'humanité par son influence profonde.

      Les palmes croisées indiquent ici les Lipika, les Seigneurs du Karma qui agissent par l'intermédiaire des quatre Rois des éléments, symbolisés sur Tat par des feuilles semblables. Ils ne se rattachent pas au reste du décor parce qu'ils représentent des énergies dont les limites ne se trouvent ni dans notre évolution planétaire, ni même dans notre système solaire ; ils sont les agents d'une Loi qui règne dans l'univers entier et à laquelle obéissent les anges comme les hommes. Le segment supérieur du sphéroïde, dépassant le disque, n'a reçu aucun ornement, pour suggérer qu'au delà de tout ce que l'on pouvait symboliser il y avait davantage, mais non manifesté et donc absolument inexprimable.

      Autre raison pour mettre ces deux colonnes à l'entrée du temple : l'homme qui, venant du monde ordinaire de l'existence quotidienne, voulait pénétrer dans le monde supérieur représenté par la Loge, était obligé de passer entre elles ; de ce point de vue, elles représentaient la victoire emportée dans sa nature inférieure sur ses émotions personnelles et turbulentes, comme sur l'obstination du mental personnel. D'abord la force nécessaire pour soutenir le combat de la vie est donnée par les émotions ou nature astrale ; puis la colonne de notre nature personnelle, la colonne de Set devait être maîtrisée par la puissance du mental ou pilier d'Horus et unie à elle afin d'ajouter à la force la stabilité nécessaire pour avancer et atteindre un but plus élevé. Alors seulement l'homme devient puissant, ayant acquis et la force pour exécuter et la sagesse pour diriger.

      Les colonnes représentent en outre les deux grandes lois du progrès, le karma et le dharma, dont l'une donne à l'homme le milieu ou monde matériel, et l'autre la possibilité de diriger le moi intime ; par l'union et l'action harmonieuse de ces deux lois, un homme peut acquérir la stabilité et la force exigées pour le sentier occulte et ainsi atteindre le cercle dans lequel un M:. Maç:. ne peut plus errer.

      Il est intéressent de noter que les auteurs Kabbalistes ont vu dans ces colonnes comme une représentation de l'involution, la descente de la Vie divine dans les mondes inférieurs, bien qu'ils puissent ne pas avoir connu tous les détails. Sur ce point, le F:. A. E. Waite donne une citation d'un traité ayant pour titre The Gates of Light :

      Celui qui connaît les mystères des deux Colonnes, c'est-à-dire Jachin et Boaz, comprendra comment les Neshamoth, ou les intelligences, descendent, avec les Ruachoth ou Esprits, et les Nephasoth ou Ames, par El-chai et Adonaï par l'influence de ces mêmes deux colonnes.

Et ailleurs :

      Par ces deux Colonnes et par El-chai (le Dieu vivant) les Intelligences, les Esprits et les âmes descendent comme par leurs passages ou canaux (17).

      Elles forment aussi le portail des Mystères, par lequel les âmes montent vers leur source divine ; il faut passer entre elles pour atteindre le sanctuaire, la véritable Divinité de l'homme, cette splendeur divine qui, après avoir été éveillée au plus profond du cœur s'y établit véritablement dans sa puissance et sa stabilité.

      Dans le travail français, les deux grandes colonnes sont placées à l'intérieur de la Loge et des deux côtés de la porte, à l'Ouest ; les premier et deuxième Surv:. sont auprès d'elles, assis devant des tables triangulaires. Cette disposition dérive du système chaldéen.

      Plusieurs auteurs se sont obstinés à donner à ces deux colonnes un sens phallique. Je ne puis dire qu'une chose, c'est que de longues recherches entreprises à l'aide de la vue intérieure ne nous ont pas fait découvrir la moindre trace d'une semblable interprétation.


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(17)  New Encyclopœdia, II, 280.




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