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Les précurseurs de la Franc-Maçonnerie

au XVIème et au XVIIème siècle
Claudio Jannet
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XI – La propagande socinienne et les déistes anglais

Les Sociniens firent en Angleterre de nombreux prosélytes et l'on ne peut méconnaître leur influence sur le mouvement qui se produisit dans l'intérieur du protestantisme à l'époque de la grande rébellion. L'organisation et les procédés secrets des Indépendants présentent de notables analogies avec ceux que la franc-maçonnerie eut plus tard. C'est sans doute ce qui a accrédité l'opinion fort répandue au XVIIIème siècle que la franc-maçonnerie remontait à Cromwell.

      Quoiqu'il en soit, il est certain qu'après la Restauration, comme au temps de la République, le Socinianisme conserva en Angleterre de nombreux adhérents cachés, en attendant de se manifester dans l'école des Déistes et dans les loges. M. Sayous, dans son excellent ouvrage sur Les Déistes anglais (Paris, Fischbacher, 1883, in-8°), les rattache à la propagande d'un écrivain socinien d'origine italienne, Acontius, qui propagea le déisme dans des écrits publiés vers 1611. Ces écrits avaient encore les dehors de dissertations théologiques : mais au fond ils énonçaient les mêmes idées que celles qui à la fin du XVIIème siècle éclatèrent dans les pamphlets de Blount.

      Nous ne pouvons pas conclure ce qui a trait aux Sociniens sans rappeler ce qu'en a dit Bossuet, car ce grand homme restera toujours la plus grave autorité pour l'histoire du protestantisme. Or il a attaché la plus grande importance à la propagande socinienne dans les églises protestantes de France et d'Angleterre. Dès le temps de Calvin, cette opinion, dit-il, s'infiltrait dans toutes les églises réformées de France (56), et, malgré les efforts faits pour la détruire, elle s'y enracinait. En Angleterre, elle se répandait dès les règnes des deux premiers Stuarts, et devenait une puissance au temps de la domination de Cromwell. Encore un peu et au temps de Jurieu, les Sociniens n'étaient plus considérés comme hérétiques (57). Leur doctrine se répandait comme plus tard s'est répandue la maçonnerie. Les sociniens ne se séparaient pas des Eglises protestantes ; ils vivaient au milieu d'elles, sous le couvert de pratiques extérieures et avec la faveur secrète de leurs chefs. Bossuet est d'une incomparable vigueur quand il flagelle l'hypocrisie du ministre Simon recommandant en réalité le Sociniaaisme en faisant semblant de le combattre (58). Simon faisait surtout étalage du parti considérable que les Sociniens s'étaient fait. Les Sociniens niaient non seulement la divinité de Jésus-Christ, mais encore les peines éternelles de l'enfer. C'était le radicalisme en matière religieuse. Les Indépendants en fesaient une application à l'ordre de la société civile en soutenant que le prétendu règne du Christ devait égaler tous les hommes sur la terre (59). En envoyant à l'évêque de Fréjus (depuis cardinal Fleury) son instruction pastorale contre Richard Simon, Bossuet lui écrivait que l'esprit d'incrédulité gagnait tous les jours et était devenu un torrent (60).


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(56)  VIème Avertissement aux protestants, chap. V à X.

(57)  Ibid.

(58)  Défense de la Tradition et des saints Pères, livre III, chap. III et suiv.

(59)  Oraison funèbre d'Henriette d'Angleterre.

(60)  Histoire de Bossuet, par le cardinal de Beausset, livre XIII, in fine.




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